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L’histoire pour le plaisir

Fabia Eudocia

vendredi 30 mars 2018, par lucien jallamion

Fabia Eudocia (morte en 612)

Impératrice byzantine

Première femme de l’empereur Héraclius. Originaire de la province d’Afrique [1], fille d’un propriétaire terrien nommé Rogas et de sa femme Proba, elle fut fiancée à Héraclius alors que celui-ci résidait dans la province auprès de son père, exarque [2] de Carthage à partir de 600 environ. Portant à l’origine le nom latin de Fabia, elle en changea pour le nom grec d’Eudocia ou Eudoxie.

Avant le renversement de l’empereur Phocas par Héraclius en octobre 610, elle résida un temps en Cappadoce [3], province d’origine de son fiancé, auprès de la mère de celui-ci Épiphania. Le 5 octobre 610, jour même de l’exécution de Phocas, leur mariage fut célébré et les deux époux couronnés successivement en la chapelle Saint-Étienne du palais impérial de Constantinople [4], par le patriarche [5] Serge 1er. Fabia Eudocia donna deux enfants à Héraclius.

L’impératrice mourut le 12 ou 13 août 612, dans le palais des Blachernes [6], à Constantinople, dans une crise d’épilepsie, et fut enterrée dans l’église des Saint-Apôtres à Constantinople [7].

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Christian Settipani, Continuité des élites à Byzance durant les siècles obscurs. Les Princes caucasiens et l’Empire du VIe au IXe siècle, 2006

Notes

[1] L’Afrique romaine fait souvent l’objet d’une étude d’ensemble par les historiens et les archéologues, malgré de très fortes disparités régionales et de grandes ruptures chronologiques dans les huit siècles de son histoire. Les deux grandes problématiques historiques concernant ces provinces sont actuellement la question de leur romanisation et celle de leur christianisation. L’« Afrique romaine » désigne ainsi soit les terres d’Afrique dominées par Rome, soit la part romanisée de l’Afrique. L’Afrique romaine s’étend d’est en ouest, de la Petite Syrte aux côtes atlantiques de l’actuel Maroc. Les provinces de Cyrénaïque et d’Égypte ne sont pas incluses dans l’ensemble régional, car ces deux provinces reçoivent un traitement à part dans les sources antiques.

[2] L’exarchat peut prendre deux sens, le premier est politique et administratif qui est propre à l’empire romain d’Orient et l’autre est ecclésiastique propre à l’Église orthodoxe. L’exarchat est une organisation de certains territoires périphériques de l’empire byzantin, mise en place au 6ème siècle pour faire face à la menace d’envahisseurs. L’exarchat est dirigé par un exarque qui concentre les pouvoirs civils et militaires. Cette organisation visait à réagir de façon optimale aux dangers menaçant l’empire dans ses régions périphériques, sans avoir à attendre les ordres venus de Constantinople. Ils bénéficiaient d’un plus grand degré d’indépendance que les autres gouverneurs provinciaux. Seuls deux exarchats furent constitués, à Ravenne contre l’invasion des Lombards, et à Carthage. Les autres provinces de l’empire byzantin reçurent progressivement une organisation semblable, mais sous le nom de « thèmes ». Les exarques civils étaient de véritables vice-rois, à qui l’on confiait le gouvernement de plusieurs provinces tandis que les exarques ecclésiastiques étaient des délégués du patriarche de Constantinople ou du Saint-Synode, chargés de visiter les diocèses, et de surveiller la discipline et les mœurs du clergé. Dans les Églises d’Orient, un exarque est un évêque qui a reçu mission de représenter un patriarche auprès d’un autre patriarche ou dans un lieu qui n’est le territoire d’aucune Église orthodoxe autocéphale. L’exarchat est à la fois la dignité de l’exarque, l’ensemble des paroisses et des fidèles placés sous sa responsabilité ainsi que l’église et les bâtiments qui en constituent le siège. C’est en quelque sorte un évêché sans diocèse et sans structure prévue pour durer. C’est une façon de s’adapter à des circonstances particulières, absence d’une église locale organisée, nécessité d’assurer une vie liturgique à un personnel diplomatique. Un exarchat possède un statut dérogatoire par rapport au principe de la territorialité de l’organisation ecclésiastique. L’évêque mentionné dans les diptyques n’est pas l’évêque du lieu mais le primat représenté par l’exarque. On peut comparer l’exarchat ecclésiastique à extra-territorialité de bâtiments diplomatiques. Les métropolites des "Nouvelles Terres" du Nord et de l’Est de la Grèce ont reçu du patriarche œcuménique de Constantinople des titres d’exarque qui rappellent leur appartenance au Patriarcat œcuménique de Constantinople.

[3] La Cappadoce est une région historique d’Asie Mineure située dans l’actuelle Turquie. Elle se situe à l’est de la Turquie centrale, autour de la ville de Nevşehir. La notion de « Cappadoce » est à la fois historique et géographique. Les contours en sont donc flous et varient considérablement selon les époques et les points de vue.

[4] Le Grand Palais était le plus grand ensemble architectural de Constantinople. Depuis Constantin 1er jusqu’à son apogée au 10ème siècle, il s’est progressivement agrandi au gré des besoins et des goûts des différents empereurs, dont les édifices, cours, pavillons et églises forment un ensemble irrégulier et quelque peu hétéroclite qui a davantage inspiré le Kremlin de Moscou que le château de Versailles.

[5] Le titre de Patriarche de Constantinople est porté par le chef de la première juridiction autocéphale de l’Église orthodoxe qu’est le Patriarcat œcuménique de Constantinople. Le titre de « patriarche » est traditionnellement porté par l’Archevêché orthodoxe de Constantinople (actuelle ville d’Istanbul). Ce diocèse est l’un des plus anciens de la chrétienté. Le Patriarche de Constantinople est primus inter pares (premier parmi les pairs) des chefs des Églises autocéphales formant l’Église orthodoxe, souvent considéré comme étant le leader spirituel des 300 millions de Chrétiens orthodoxes dans le monde.

[6] Les Blachernes sont un quartier au nord de Constantinople, situé entre le monastère de Chora, la porte d’Andrinople et la Corne d’Or et abritant, outre un palais, l’une des 24 portes de la muraille de Théodose II, appelée porte des Blachernes, ainsi que la basilique Sainte-Marie-Mère de Dieu, dite « Sainte-Marie des Blachernes ».

[7] L’église des Saints-Apôtres, ou Myriandrion est une église byzantine de Constantinople, aujourd’hui disparue. Elle fut fondée par Constance II, fils de Constantin 1er, dans les années 350 et bâtie à partir d’un mausolée construit par Constantin. Reconstruite beaucoup plus grande dans la première moitié du 6ème siècle sous Justinien, elle était la deuxième église de Constantinople en taille et en importance après la Basilique Sainte-Sophie, et elle fut la principale nécropole des empereurs et impératrices byzantins. Après la Chute de Constantinople en 1453, elle devint brièvement le siège du patriarche de Constantinople, qui l’abandonna en 1456. En 1461, l’édifice alors en très mauvais état fut abattu par les Ottomans pour édifier la mosquée Fatih