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Marutha ou Maruthas de Maïpherkat

dimanche 12 novembre 2017, par lucien jallamion

Marutha ou Maruthas de Maïpherkat (fin du 4ème-après 410)

Évêque, diplomate et écrivain religieux

On a conservé trois Vies qui lui sont consacrées. Mais les informations données sont souvent peu précises et contradictoires, si bien qu’il faut se montrer prudent dans la reconstitution des faits le concernant.

Il était semble-t-il le fils d’un haut fonctionnaire de l’Empire romain et avait reçu une formation de médecin. Il devint évêque de Maïpherkat [1] sous le règne de l’empereur Théodose 1er.

À la mort du roi des Perses Vahram IV, qui persécutait les chrétiens, il participa à une délégation envoyée par Arcadius auprès de son successeur Yazdgard 1er.

Il se serait gagné les bonnes grâces du nouveau roi en utilisant ses compétences médicales pour le guérir de maux de tête, et aurait obtenu de lui la fin des persécutions et la possibilité de réorganiser l’Église. Un synode pu se réunir à Ctésiphon [2], et Isaac dit Isaac de Séleucie fut élu évêque de la capitale.

Peut-être de ce premier voyage en Perse, Marutha rapporta dans sa ville un grand nombre de reliques de martyrs victimes des persécutions des Sassanides [3] au 4ème siècle. C’est à partir de ce temps que Maïpherkat fut appelée en grec Martyropolis.

En 403, Marutha prit part au synode du Chêne [4] à Constantinople, qui aboutit à la déposition de Jean Chrysostome, mais on ignore quel rôle il y joua. Il retourna à Ctésiphon, où de nouvelles difficultés avaient conduit à l’emprisonnement d’Isaac.

Porteur d’une lettre à Yazdgard 1er signée notamment par le patriarche d’Antioche [5] et l’évêque d’Édesse [6], il convainquit le roi de convoquer un concile de l’Église de l’Orient [7] sur le modèle du concile de Nicée [8] réuni par Constantin pour l’Empire romain.

Ce concile se tint à Ctésiphon en 410 avec une quarantaine de participants, et il adopta les canons du concile de Nicée apportés par Marutha. L’Église de l’Orient reçut son organisation définitive. L’évêque de la capitale était appelé “grand métropolite et chef de tous les évêques puis catholicos”. Son pouvoir n’était pas absolu, car il devait réunir le synode des évêques tous les 2 ans. Le noyau du Synodicon orientale [9], était mis en place. À la fin du synode, les évêques prescrivent de prier pour le “Roi des rois” et lui soumettent les résultats de leurs travaux ; Yazdgard 1er les approuve et garantit aux participants que l’État perse les fera appliquer.

Ces bonnes relations entre le roi et l’Église chrétienne sont à nouveau compromises peu après à cause de la destruction d’un pyrée [10] par un prêtre chrétien à Hormizd-Ardachir [11], et du refus de l’évêque Abdas de Suse de le faire reconstruire aux frais de son Église. Mais ce concile de 410, où Marutha joua un rôle déterminant, n’en est pas moins considéré comme la vraie fondation de l’Église de l’Orient.

Marutha mourut à une date inconnue, sans doute quelques années après.

Divers textes conservés en syriaque et en arménien sont attribués à Marutha. Le plus cité est un Catalogue d’hérésies qui a été complété après lui, mais dont on s’accorde à reconnaître que la plus grande partie est de lui. Il y a d’autre part des textes en relation avec le concile de Ctésiphon de 410.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia Maruthas/ Portail de l’Iran/ Écrivain syriaque/ Saint Maruthas - Nominis - Eglise catholique en France

Notes

[1] l’actuelle Silvan

[2] Ctésiphon est une ancienne ville parthe, située face à Séleucie du Tigre, sur la rive gauche du Tigre, à 30 km au sud-est de la ville actuelle de Bagdad, en Irak. La ville s’étendait sur 30 km².

[3] Les Sassanides règnent sur le Grand Iran de 224 jusqu’à l’invasion musulmane des Arabes en 651. Cette période constitue un âge d’or pour la région, tant sur le plan artistique que politique et religieux. Avec l’Empire romano byzantin, cet empire a été l’une des grandes puissances en Asie occidentale pendant plus de quatre cents ans. Fondée par Ardashir (Ardéchir), qui met en déroute Artaban V, le dernier roi parthe (arsacide), elle prend fin lors de la défaite du dernier roi des rois (empereur) Yazdgard III. Ce dernier, après quatorze ans de lutte, ne parvient pas à enrayer la progression du califat arabe, le premier des empires islamiques. Le territoire de l’Empire sassanide englobe alors la totalité de l’Iran actuel, l’Irak, l’Arménie d’aujourd’hui ainsi que le Caucase sud (Transcaucasie), y compris le Daghestan du sud, l’Asie centrale du sud-ouest, l’Afghanistan occidental, des fragments de la Turquie (Anatolie) et de la Syrie d’aujourd’hui, une partie de la côte de la péninsule arabe, la région du golfe persique et des fragments du Pakistan occidental. Les Sassanides appelaient leur empire Eranshahr, « l’Empire iranien », ou Empire des Aryens.

[4] Petit concile organisé par Théophile d’Alexandrie dans la riche villa du préfet Rufin (Ad Quercum), dans la banlieue de Chalcédoine. Des moines origénistes du désert de Nitrie (Égypte), pourchassés par Théophile, avaient, au nombre d’une cinquantaine, été accueillis, en 401, par l’évêque de Constantinople, Jean Chrysostome. Théophile, sommé de venir s’expliquer dans la capitale, arriva avec un grand nombre d’évêques égyptiens. Après s’être assuré l’appui de la cour impériale et celui d’ecclésiastiques hostiles à Chrysostome, il prit les devants et attaqua ce dernier en le citant à comparaître devant un concile. Ce concile, que présida le préfet Paul d’Héraclée, réunit 36 évêques, dont 29 étaient égyptiens. On fit témoigner le diacre Jean, l’évêque Isaac et d’autres ecclésiastiques mécontents, qui reprochèrent à Chrysostome divers crimes sans fondement (violences, vols, sédition politique, manquements à la discipline et à la coutume ecclésiastiques). Comme l’évêque refusait de venir se défendre malgré les convocations successives du concile, on vota sa déposition et on en fit part à l’empereur.

[5] Le titre de « patriarche d’Antioche » est traditionnellement porté par l’évêque d’Antioche (dans l’actuelle Turquie). L’Église d’Antioche est l’une des plus anciennes de la chrétienté, son institution remontant à l’apôtre Pierre.

[6] Şanlıurfa souvent appelée simplement Urfa est une ville du sud-est de la Turquie. Elle fut d’abord nommée Urhai puis Édesse (ou Édessa), puis Urfa et aujourd’hui Şanlıurfa ou Riha en kurde. Le nom antique d’Édesse est Osroé, qui provient peut-être du nom du satrape Osroès qui gouverna la région. Selon la légende, Adam et Ève séjournèrent dans la cité, qui serait la ville natale d’Abraham et qui abriterait la tombe de sa femme Sarah.

[7] L’Église de Perse ou Église de l’Orient, parfois appelée Église d’Assyrie ou Église de Mésopotamie, fut une des premières Églises chrétiennes. Selon la tradition, elle aurait été fondée par l’apôtre Thomas. D’abord dans la juridiction de l’Église d’Antioche, elle proclama son indépendance en 424 en tant que Catholicosat de Séleucie-Ctésiphon. Elle a connu plusieurs schismes au cours de son histoire et aujourd’hui plusieurs Églises, appartenant à des communions différentes, en sont les héritières directes

[8] Le premier concile de Nicée est le nom donné à un concile général des évêques de l’Empire romain qui se tint à Nicée (aujourd’hui, İznik, en Turquie) en Bithynie, sur convocation de Constantin 1er, du 20 mai au 25 juillet 325, sous les épiscopats de Sylvestre de Rome, d’Alexandre d’Alexandrie, d’Eustathe d’Antioche, d’Alexandre de Constantinople et de Macaire de Jérusalem. Le concile avait pour objectif de résoudre les problèmes qui divisaient alors les Églises d’Orient, problèmes disciplinaires et surtout problème dogmatique mis en évidence par la controverse entre Arius et son évêque Alexandre. Il est considéré comme le premier concile œcuménique par les Églises chrétiennes. Il forme, avec le premier concile de Constantinople de 381, les deux seuls conciles considérés comme œcuméniques par l’ensemble des Églises chrétiennes.

[9] c’est-à-dire du droit canonique de l’Église de l’Orient

[10] autel du feu des zoroastriens

[11] Ahvaz est une ville d’Iran située sur les bords de la rivière Karun au milieu de la province du Khuzestan dont elle est la capitale. Elle a une élévation de 20 mètres par rapport au niveau de la mer.