Le 18ème siècle s’accompagne d’une croissance économique sans précédent. Les constructions privées témoignent pour la première fois d’un réel souci de confort ; Louis XV engage de grandes opérations dans Paris Place de la Concorde, Panthéon, St Sulpice, Ecole Militaire. A la veille de la Révolution, Paris compte 650 000 habitants.
L’abbaye royale du Val de Grâce fut dévolue, par la Convention le 31 juillet 1793, au service de santé des armées, ce qui la sauva très probablement de la destruction. Elle abrite aujourd’hui l’Ecole d’Application du Service de Santé des Armées, le musée du service de santé et la bibliothèque centrale.
Le Lycée Louis le grand au 18ème siècle
En 1762 a lieu la victoire du Parlement de Paris et de l’Université sur Louis le Grand. A la suite de la banqueroute du père Lavalette, la Compagnie de Jésus, que l’on a rendue responsable des dettes du père, commet en effet l’insigne imprudence de porter l’affaire devant la grande chambre du Parlement de Paris.
Or, en 1757, les ennemis des jésuites avaient déjà exploité au maximum l’attentat de Damiens, qui avait été autrefois garçon de réfectoire au collège de Louis le Grand. La foule excitée par un déchaînement d’accusations, avait assiégé le collège, et les parents, effrayés, avaient retiré en une seule journée 200 pensionnaires.
L’affaire Lavalette permettait de réunir à nouveau tous les anciens griefs, ultramontanisme, internationalisme, régicide, concurrence perfide à l’Université.
Le 3 mai 1762, le Collège de Louis le Grand reçoit donc l’avis officiel d’avoir à congédier sans délai maîtres et élèves. Les jésuites, qui avaient depuis quelque temps cessé d’apparaître comme des novateurs géniaux en matière de pédagogie, sont expulsés, et leurs ennemis s’installent triomphalement dans les murs du vieux Collège. C’est tout d’abord l’administration du Collège de Lisieux qui se voit transférée à Louis-le-Grand. Elle sera remplacée au bout de 2 ans par celle du Collège de Beauvais.
Mais en outre, les lettres patentes du 21 novembre 1763, consacrent Louis le Grand "chef lieu de l’Université". Le recteur s’y installe, et les professeurs émérites de l’Université prennent possession de plusieurs logements.
Tous les boursiers des petits collèges de Paris sont alors rassemblés à Louis le Grand, et le roi Louis XV devient le second fondateur du collège.
L’établissement obtient de mettre sur son sceau les armes royales, d’azur aux trois fleurs de lis d’or. Sur la grande porte sont désormais sculptées les effigies de Louis XIV et de Louis XV, collegii fundatores augusti.
C’est à cette occasion également, par les mêmes lettres patentes du 21 novembre 1763, que se trouve créé au collège de Louis le Grand, le premier "bureau d’administration" de l’histoire des établissements secondaires, avec la charge "de la régie de l’administration du temporel".
Bien qu’il partage avec le Recteur les vastes locaux de la rue Saint-Jacques, le nouveau principal décide d’entreprendre une véritable révolution pédagogique qui va relancer la guerre avec l’Université.
En 1766, il institue le concours de l’agrégation, qui est essayé d’octobre à décembre à Louis le Grand.
Allant plus loin encore, il organise dans les locaux du collège royal une "École normale", préparant à l’agrégation et c’est ainsi qu’avant de s’installer rue d’Ulm, l’École normale supérieure fonctionnera pendant plus de 80 ans à Louis le Grand.
Ulcérée par ce nouvel attentat contre ses franchises séculaires, l’Université se déchaîne en une guerre de 12 années, avant de rendre les armes en 1778. Pendant ce temps, le collège traverse victorieusement toutes les campagnes menées contre lui devant l’opinion. Le nombre de boursiers passe de 465 en 1781, à 494 en 1788, puis 550 en 1789.
À cette époque, les élèves restent au collège pour toute la durée de leurs études. Après le baccalauréat, ils ont la possibilité de choisir entre la préparation de l’agrégation, l’École Polytechnique, les études de médecine, les études de droit et celles de théologie.
C’est ainsi que le jeune Robespierre, entré en qualité de boursiers à l’âge de 11 ans, quittera le collège à 23 ans muni de son diplôme d’avocat et récompensé pour ses brillantes études par un prix exceptionnel de 600 livres. Dans le collège existait également une école spéciale de Langues Orientales, dont les élèves portaient le titre curieux de "Jeunes de langues". On y enseignait le turc, le persan, l’arabe, et la diplomatie eut souvent recours à des orientalistes formés à Louis le Grand. Depuis cette époque, l’Institut des Langues Orientales a pris la relève des "Jeunes de langues". Antoine Galland qui traduisit le premier et fit connaître Les Mille et Une Nuits, avait été élève de cette section, où il revint en qualité de professeur d’arabe en 1709. En 1790, la ferveur patriotique enflamme les boursiers. 150 d’entre eux courent aux frontières de la "patrie en danger", et l’Assemblée législative vote, le 17 septembre 1792, la déclaration suivante : “Les boursiers de Louis le Grand ont bien mérité de la patrie”.
De 1792 à 1794, une partie des locaux du collège nouvellement baptisé "collège Egalité", est occupée par 3000 soldats, puis par une prison politique où les victimes de la terreur attendent le départ pour l’échafaud.
Maximilien Robespierre, lors de ses brillantes études effectuées grâce à une bourse obtenue par l’évêque d’Arras, avait eu l’honneur d’être choisi pour accueillir le roi Louis XVI et la reine, à la porte du collège, et pour leur adresser, un genou en terre, une allocution de bienvenue.
En 1794, on installe dans une partie du collège un atelier général qui occupe 500 ouvriers. Quant à la "salle de l’Université", elle sert de lieu de réunion au Comité révolutionnaire de la section du Panthéon.
Dès le début de la Révolution, tous les collèges de Paris avaient été fermés, à la seule exception du collège Egalité. En 1797, il devient "Institut central des boursiers", et tout ce qui reste des 40 collèges parisiens de l’Ancien Régime y est regroupé.
L’Institut devient en 1798 le "Prytanée Français". Mission lui est donnée de servir d’établissement modèle. 3 ans plus tard, le citoyen Landry rend un hommage vibrant à la tradition maintenue par l’établissement au travers de tous les orages de la Révolution.