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Antoine de Chabannes

jeudi 14 janvier 2016

Antoine de Chabannes (1408-1488)

Comte de Dammartin

Portrait d'Antoine de Chabannes, d'après un dessin de Michel Odieuvre. Gravure du 18ème siècle d'après son mausolée à Dammartin-en-Goële. (Source : wiki/Antoine de Chabannes/ domaine public)Né à Saint-Exupéry-les-Roches [1]. Fils cadet de Robert de Chabannes, seigneur de Charlus-le-Pailloux et de Hélis de Bort, frère cadet de Jacques 1er de Chabannes de La Palice et de Hugues II de Chabannes, ainsi que de Jean de Chabannes, tué en Italie en 1524, seigneur de Vandenesse [2] dans la Nièvre.

Il est le page du vicomte de Ventadour [3]. Il combat pour la première fois à la bataille de Cravant [4] le 30 juillet 1423. Il est capturé à la bataille de Verneuil [5] le 17 août 1424 ; libéré, il devint le page d’Étienne de Vignolles, puis de Charles 1er de Bourbon. En 1428, lorsque débute le siège d’Orléans il est à nouveau capturé par l’ennemi. Après sa libération il se distingue au siège d’Orléans en 1428, comme compagnon de Jeanne d’Arc. Il est présent sur de nombreux champs de bataille : Jargeau [6], Patay [7], Compiègne [8], Précy-sur-Oise [9].

Antoine de Chabannes quitte bientôt l’armée régulière pour s’enrôler dans une bande de routiers sans foi ni loi connus sous le nom d’Écorcheurs, dont il devient l’un des chefs. Rapines et pillages sont le lot ordinaire de ces hommes redoutés dans les campagnes, qui ravagent la Bourgogne, la Champagne et la Lorraine. Son mariage avec Marguerite de Nanteuil, comtesse de Dammartin [10], l’incite à quitter les routiers en 1439.

Il s’attache alors à Charles VII, qui lui donne la charge de grand maître de France [11]. Il lui rendra, quelques années après, un important service en lui révélant la Praguerie [12].

Il participe au procès de Jacques Cœur, et bénéficie largement du dépeçage de ses biens, se voyant octroyer en fief une bonne partie de la Puisaye [13], et le château de Saint-Fargeau [14].

L’accession au pouvoir de Louis XI, en 1461, provoque les premiers accrocs à la carrière d’Antoine de Chabannes. Le roi est rancunier et d’excellente mémoire. De procès en procès, Antoine voit ses biens confisqués et lui-même proscrit à Rhodes [15] ; pas pour longtemps car, bénéficiant de complicités, il s’évade et rejoint prestement son ancien domaine dont il expulse le vrai propriétaire, Geoffroy, fils de Jacques Cœur.

Il rejoint ensuite les Ligueurs hostiles au monarque, convaincu que la rigueur royale ne va pas s’atténuer de sitôt. Mais c’est mal connaître le tacticien madré qu’est Louis XI, qui conclut avec les Ligueurs le traité de Conflans, le 5 octobre 1465.

Antoine de Chabannes est nommé, en 1467, Grand maître de France et recouvre ses biens. De plus, le roi le nomme l’un de premiers chevaliers de l’ordre de Saint-Michel [16], par ses lettres patentes, le 1er août 1469.

La paix est enfin signée entre les deux hommes : l’un se met à servir avec zèle son ancien ennemi, et l’autre récompense le féal à l’aune des services rendus.

En 1472, il combat lors du siège de Beauvais [17] contre Charles le Téméraire. Il faut la vieillesse du roi et sa méfiance exacerbée pour valoir à Chabannes une nouvelle disgrâce, vite annulée par l’arrivée au pouvoir de Charles VIII. Il est nommé gouverneur de Paris en 1485.

Il meurt le 25 décembre 1488.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de histoire de Antoine de Chabannes et son époque, actes du colloque de Dammartin en-Goêle, 22 et 23 octobre 1988, Bulletin de la Société d’histoire et d’archéologie de la Goêle

Notes

[1] Saint-Exupéry-les-Roches est une commune française située dans le département de la Corrèze. Incluse dans l’aire urbaine d’Ussel, la commune de Saint-Exupéry-les-Roches se situe dans le Massif central, au nord-est du département de la Corrèze.

[2] Vandenesse est une commune française, située dans le département de la Nièvre en région Bourgogne-Franche-Comté.

[3] La vicomté de Ventadour était une ancienne principauté féodale correspondant à un territoire du Bas Limousin (actuelle Corrèze) qui comprenait la région d’Ussel, de Meymac, de Neuvic et d’Egletons. Elle correspond approximativement à l’arrondissement actuel d’Ussel et au pays de la Montagne limousine (plateau de Millevaches). Elle s’étendit parfois jusqu’à Gimel et à la région au nord de Tulle. Parmi les anciennes seigneuries relevant de cette vicomté, les plus importantes étaient au xiie siècle celles d’Ussel, la première en importance, puis celles de Soudeilles et de Mirambel (commune de Saint-Rémy en Corrèze).

[4] La bataille de Cravant, dans l’Yonne, est un épisode de la guerre de Cent Ans, qui eut lieu le 31 juillet 1423. Elle s’est terminée sur une victoire de l’armée anglaise et de ses alliés bourguignons sur l’armée française.

[5] La bataille de Verneuil fut une bataille de la guerre de Cent Ans, qui se déroula le 17 août 1424, à 3 km au nord de Verneuil, à proximité du Château de Charnelles, en Normandie. Elle se solda par une victoire de l’armée anglaise.

[6] La bataille de Jargeau est un combat de la guerre de Cent Ans qui eut lieu dans l’ancienne province de l’Orléanais à Jargeau le 12 juin 1429 entre les armées française et anglaise. Cette bataille s’inscrit dans la campagne de la vallée de la Loire

[7] La bataille de Patay (non loin d’Orléans) est un événement majeur de la guerre de Cent Ans, qui s’est déroulé le 18 juin 1429 entre les armées française et anglaise. Bien que la victoire de Charles VII sur Henri VI d’Angleterre soit souvent mise au crédit de Jeanne d’Arc, l’essentiel du combat eut lieu à l’avant-garde de l’armée française.

[8] La capture de Jeanne d’Arc eut lieu à Margny-lès-Compiègne le 23 mai 1430.

[9] Précy-sur-Oise est une commune française située dans la banlieue de l’aire urbaine de Creil, le département de l’Oise en région Nord-Pas-de-Calais-Picardie.

[10] Le nom Dammartin-en-Goële viendrait de Domnus Martinus, le nom latin de saint Martin de Tours, qui évangélisa la région de la Goële au 4ème siècle. Petite ville de l’arrondissement de Meaux dans le département de Seine-et-Marne, ancien bourg de la région d’Île-de-France, elle paraît remonter aux temps les plus reculés ; Dammartin-en-Goële, dit Velly, était en 1031 une des places les plus considérables de France. Au centre de la plaine céréalière de France, le comté de Dammartin contrôlait les routes de Paris à Soissons et Laon. Il semble que ce comté soit initialement détenu par Constance, l’épouse de Manassès Calvus, le premier comte.

[11] Le grand maître de France est, sous l’Ancien Régime et la Restauration, un grand officier de la couronne et le chef et surintendant général de la Maison du roi. Avant 1413, le titre Grand maître de France n’existait pas, le titre équivalent était celui de Souverain Maître d’hôtel du roi.

[12] conspiration du dauphin, futur Louis XI

[13] La Puisaye ou Puissaie est une région naturelle française située aux confins de l’Orléanais, du Nivernais et de la Bourgogne.

[14] Le château de Saint-Fargeau est un château français situé sur la commune de Saint-Fargeau dans le département de l’Yonne, en région Bourgogne. À l’origine, Saint-Fargeau était un rendez-vous de chasse fortifié construit en 980 par Héribert, évêque d’Auxerre, et fils naturel d’Hugues le Grand et donc frère naturel de Hugues Capet. Son premier seigneur connu, vers 1060, est Ithier, seigneur de Toucy, Saint-Fargeau et pays de Puisaye ; en 1047, Ithier III, son cinquième seigneur, alla en Terre Sainte avec Louis VII

[15] Rhodes est une île grecque, la plus grande du Dodécanèse. Bordée au nord-ouest par la mer Égée et au sud-est par la mer Méditerranée, elle est située entre l’île de Karpathos (Grèce) et les côtes turques, à 17,7 km de ces dernières.

[16] L’ordre de Saint-Michel est un ordre de chevalerie, fondé à Amboise le 1er août 1469 par Louis XI, sous le nom d’« Ordre et aimable compagnie de monsieur saint Michel ». Les membres de l’ordre de Saint-Michel se disaient chevaliers de l’ordre du Roi, alors que les chevaliers de l’ordre du Saint-Esprit s’intitulaient « chevaliers des ordres du Roi ». Son siège était établi à l’abbaye du Mont-Saint-Michel.

[17] Le siège de Beauvais de 1472, est une opération militaire de Charles le Téméraire duc de Bourgogne contre le roi de France Louis XI.