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Bonaparte met un terme à la Révolution le 18 Brumaire An VIII

mardi 12 janvier 2016, par lucien jallamion

Bonaparte met un terme à la Révolution le 18 Brumaire An VIII [1]

Journée du 18 Brumaire An VIII. Démission de deux Directeurs. Gravure de Couché fils d'après Duplessis-Bertaux (musée Carnavalet, photo Edimédia extrait archive personnel la Révolution française/ Ljhist jpg/ Scan)Le gouvernement du Directoire était désemparé par les difficultés économiques et militaires, et menacé par un retour prématuré des royalistes.

1799 fut l’année de tous les périls pour le Directoire placé à la tête de la République. En mars se forma la 2ème coalition européenne contre la France, lancée dans une interminable et aventureuse guerre de conquête, jusqu’en Egypte. En juin, les élections donnèrent la victoire à une nouvelle majorité jacobine, qui en profita pour écarter les anciens Directeurs, c’est le coup d’Etat de prairial an VII.

Face au péril extérieur, les nouveaux dirigeants prennent des mesures exceptionnelles de salut public, réquisitions, levée en masse, emprunt forcé, comme en l’an II. L’opinion s’effraie de ces mesures jacobines.

Lasse de tant d’années d’incertitudes et de combats, elle se détache d’un régime qui provoque un coup d’Etat chaque année. Les bourgeois libéraux eux-mêmes souhaitent le remplacer par un régime fort qui leur garantisse les conquêtes de la Révolution, qui préserve l’ordre et la propriété et puisse terminer la guerre victorieusement.

Le Directeur Sieyès disait à qui voulait l’entendre qu’il « cherchait un sabre » capable de régénérer le régime républicain, au besoin par la force. Le retour d’Égypte de Bonaparte lui offre l’occasion qu’il cherchait.

Accueilli par une acclamation générale, Bonaparte, après avoir traversé la France, rentrait, le 24 vendémiaire, dans son hôtel de la rue de la Victoire. Tous les partis vinrent à lui. Mais, se proclamant "national", son rêve était d’être porté par tous au pouvoir. Après 3 semaines de conversations, le plan était dressé d’une révolution qui substituerait au Directoire un gouvernement plus "resserré" dont le général ferait partie.

Tout fut préparé minutieusement. Sieyès, Talleyrand, Fouché, Ducos et Bonaparte mirent en place un plan en trois points. D’abord, on dénoncera un complot qui doit contraindre les Anciens à donner à Bonaparte le commandement de la division de la ville de Paris. Ensuite, le Directoire devra donner sa démission. Enfin, au nom de la République menacée, on proclamera un conseil de trois citoyens pour sauver la patrie. Au matin du 18 brumaire, tout semble devoir se dérouler selon le plan prévu. Sous le prétexte d’un complot des royalistes, les 2 assemblées des Cinq-Cents et des Anciens sont convaincues de se transporter au château de Saint-Cloud et de confier la garde de Paris à Bonaparte. 2 des 5 Directeurs, Sieyès et Ducos, démissionnent.

Talleyrand obtenait de Barras, surpris par l’évènement, qu’il signât la sienne. Les deux autres, Gohier et Moulin, suspects de sympathies jacobines, sont destitués et arrêtés. Le lendemain, la troupe boucle le château de Saint-Cloud. Réunis dans la salle de l’Orangerie, les élus des Cinq-Cents se refusent néanmoins à modifier la Constitution comme on le leur demande.

Mais on avait compté sans la résistance de l’extrême gauche des Cinq Cents qui, la veille encore, faisait la loi. Celle-ci se trouva enhardie par le flottement qui parut, au premier abord, se produire au sein même des partis favorables. Lorsque Bonaparte, impatient d’obtenir une conclusion, se présentera à l’Orangerie du château où siégeait les Cinq Cents, il y fut accueilli par les clameurs violentes des députés qui, tout aussitôt, se portant contre lui, l’assaillirent violemment. Quelques grenadiers le tirèrent de la salle. Essayant de profiter du désarroi de l’assemblée, la minorité proposa "la mise hors la loi". Il fallait, pour réduire cette minorité audacieuse, recourir à la force. Lucien Bonaparte, président des Cinq Cents, fait valoir à la troupe que son général et les élus sont menacés d’assassinat. Il demande aux soldats de faire évacuer la salle. Murat, Leclerc et Sieyès s’entendent pour faire battre la charge et mettre baïonnette au canon. Les grenadiers du Corps législatif pénétrèrent, avec les soldats, dans la salle d’où, par les fenêtres assez basses, cent députés s’évadaient.

La nuit venue, sur les 2 heures du matin, le Conseil des Anciens et quelques élus des Cinq-Cents que l’on a rassemblé manu militari votent enfin une révision de la Constitution. Ils nomment un gouvernement provisoire en la personne de 3 Consuls, Napoléon Bonaparte, Emmanuel Joseph Sieyès et Roger Ducos. Napoléon Bonaparte, soulagé, fait rédiger à la hâte une nouvelle Constitution. Sieyès, dirige le travail.

Le 12 décembre 1799, Bonaparte reçoit chez lui les 2 commissions constitutionnelles. Il rejette les dispositions prévues par Sieyès, qui instaure notamment un Grand Électeur aux pouvoirs symboliques.

Le texte de la Constitution de l’an VIII est réécrit par Daunou. Conformément aux dispositions imposées par Bonaparte, le titre de Premier Consul et la réalité des pouvoirs sont octroyés au vainqueur du 18 Brumaire. Il a 30 ans.

A ses côtés figurent 2 Consuls qui n’ont qu’un rôle consultatif. Il s’agit de Cambacérès, un ancien conventionnel régicide, et Lebrun, un ancien député de la Constituante, aux penchants royalistes. Les 3 consuls sont nommés pour 10 ans.

Le pouvoir législatif est réparti entre 4 assemblées, le Sénat conservateur, le Tribunat, le Corps législatif et le Conseil d’État. Les membres de ces assemblées sont choisis par le gouvernement parmi des listes de notabilités. Ces listes elles-mêmes résultent d’un vote des citoyens à plusieurs degrés. La nouvelle Constitution est approuvée au suffrage universel le 7 février 1800 par un plébiscite. Participent au vote tous les citoyens de sexe mâle sans condition de cens* (ressources financières), à l’exclusion des domestiques.

Notes

[1] 9 novembre 1799