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L’histoire pour le plaisir

Françoise de Dinan

mardi 12 janvier 2016

Françoise de Dinan (1436-1499)

Gouvernante d’Anne de Bretagne

Blason de Jacques de Dinan seigneur de Beaumanoir Né au manoir de la Roche-Suhart en Trémuson [1], fille de Jacques de Dinan Chambellan [2] de Bretagne, seigneur de Beaumanoir [3] et de Catherine de Rohan.

Elle perdit son père le 30 avril 1444, à l’âge de 8 ans, et devint la plus riche héritière du duché de Bretagne après la mort, sans héritier, le 21 mai 1444, de son oncle Bertrand de Dinan Maréchal de Bretagne [4], seigneur de Montafilant, de Châteaubriant et des Huguetières [5].

Seule héritière de sa lignée elle est dame de Chateaubriant, de Beaumanoir, du Guildo, de Montafilant, de Candé, de Vioreau, des Huguetières, du Bodister de La Hardouinaye, de Montafilant, et du Bodister et gouvernante d’Anne de Bretagne.

Elle fut fiancée au comte de Gavre, aîné des fils du comte Guy XIV de Laval. Elle était en même temps recherchée par Arthur de Montauban et par Gilles de Bretagne , troisième fils du duc Jean V de Bretagne.

Convoitée et enlevée en 1444 par Gilles de Bretagne, frère cadet des ducs François 1er de Bretagne et Pierre II de Bretagne, qui se marie ensuite avec elle, Françoise de Dinan est la cause indirecte des malheurs de ce jeune prince, assassiné en 1450, sans postérité.

A la même année, Françoise est à son tour jetée dans un cachot en 1450. Sans conseils, sans appui, elle renouvelle par écrit son engagement au comte de Gavre, qui est plus jeune qu’elle. Sa belle-sœur Françoise d’Amboise , duchesse de Bretagne, redoutant les calculs intéressés de son mari ; ne voulait pas l’abandonner à Arthur de Montauban, assassin de Gilles de Bretagne.

Elle proposa alors la protection de Guy XIV de Laval, le père du fiancé de Françoise, veuf et âgé de 37 ans. Françoise d’Amboise amena le duc à consentir à cette alliance. Guy XIV de Laval renonça à toucher 20000 écus qui lui avaient été promis pour l’engager à se désister du mariage de son fils avec Françoise de Dinan. Celle-ci, de son côté, abandonna toutes prétentions sur le douaire qui lui appartenait comme veuve de Gilles de Bretagne. Le duc de Bretagne rendit alors Châteaubriant dont il s’était emparé.

On sait qu’après avoir, moyennant finances, laissé rompre en faveur de Gilles de Bretagne les fiançailles de son fils Guy XV avec Françoise de Dinan, en 1440. Guy XIV de Laval abusa de nouveau du jeune âge de ce même fils, pour lui enlever une seconde fois, sa fiancée, alors veuve de Gilles de Bretagne, et l’épouser à 45 ans en février 1451 à Vitré. Guy XIV n’a aucun droit sur la baronnie de Châteaubriant.

En mai 1451, Châteaubriant fut consacrée comme une des neuf anciennes baronnies de Bretagne créées par le duc Pierre II de Bretagne. Les archives du Vatican nous apprennent encore que le comte de Laval et Françoise de Dinan sa femme, fondèrent une psalette à la Madeleine de Vitré [6], le 19 mai 1453.

Après la mort de Guy XIV, la baronne, habile intrigante, alliée aux plus grands seigneurs bretons, s’oppose au duc François II de Bretagne en mars 1487. Ainsi fut signé le traité de Châteaubriant par lequel des barons de Bretagne faisaient appel au roi de France pour régler une querelle interne aux Bretons.

Après la mort du duc François II, les armées royales attaquent le duché de Bretagne. En avril 1488, Châteaubriant, une des portes forteresses de la province, subit un siège pendant une semaine.

En 1488, Françoise de Dinan est chargée de l’éducation de la jeune Anne de Bretagne, alors âgée de 11 ans, celle qui est devenue la Bonne duchesse Anne, et de sa sœur Isabeau . Elle joue un rôle important dans les manœuvres matrimoniales touchant la jeune duchesse, qui épouse finalement le jeune roi de France.

Elle-même se remarie en mars 1494 avec Jean de Proisy, un noble de Picardie. Morte le 3 janvier 1499, elle est inhumée dans le chœur de l’église des Dominicains de Nantes [7], près d’Isabelle de Bretagne, la première épouse de Guy XIV. Elle est la dernière représentante de la famille de Dinan.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Jean-Michel Dunoyer de Segonzac Une Grande maison chevaleresque : les Dinan-Montafilant article dans Dinan au Moyen Age p. 237-247. Ouvrage collectif publié par le « Pays de Dinan » Dinan (1986)

Notes

[1] Trémuson est une commune française située près de Saint-Brieuc dans le département des Côtes-d’Armor en région Bretagne.

[2] Un chambellan ou chambrier est un gentilhomme chargé du service de la chambre d’un monarque ou d’un prince, à la cour duquel il vit.

[3] Le château de Beaumanoir est édifié par la Famille de Beaumanoir au 13ème siècle. Après avoir été détruit au 16ème siècle lors des guerres de la Ligue, il est reconstruit en 1628 par la Famille Peschart.

[4] L’office de maréchal est une fonction militaire, il a la responsabilité du maintien de l’ordre lors des campagnes militaires. Il est également le chef suprême des armées (après son souverain).

[5] Le fief des Huguetières passa sous l’autorité de la famille de Machecoul, puis de celle de Châteaubriant, avant de relever de la baronnie de Retz. Au 15ème siècle, le château des Huguetières était le siège d’une importante seigneurie qui rayonnait sur 17 paroisses du pays de Grand Lieu. C’est sur la commune de La Chevrolière que se trouve d’ailleurs le principal accès au lac de Grand Lieu : le village de Passay, ancien chef-lieu paroissial.

[6] La collégiale Sainte-Madeleine de Vitré était située à Vitré en Bretagne. La collégiale fut détruite en 1860 pour être remplacée par une école communale de garçons. La collégiale fut fondée en 1209 par André II de Vitré avec douze chanoines, dans la basse-cour du château de Vitré.

[7] L’ancien couvent des Jacobins de Nantes, en France, construit au 13ème siècle et modifié jusqu’au 18ème siècle, dont il ne reste qu’un bâtiment appelé « l’Hostellerie des Jacobins », était situé dans le centre-ville, à proximité du château des ducs de Bretagne.