Il posa les fondements du droit international, lui-même fondé sur le droit naturel. Il se situe au tout premier rang des penseurs de la science juridique et de la philosophie de l’État.
Né à Delft [1], avocat protestant hollandais, il fut conseiller de la compagnie néerlandaise des Indes orientales [2]. Inspiré par Thomas Erastus , il a forgé une théorie de l’État et de la puissance civile dont il a présenté avec minutie et beaucoup de vigueur intellectuelle les articulations internes et internationales. Son œuvre la plus célèbre est “De jure belli ac pacis”. Elle marque la naissance du droit international public.
Il fut aussi philosophe, apologiste chrétien, dramaturge, et poète. Le trait dominant de ce grand humaniste fut une volonté œcuménique d’enquête qui ne lui laissa aucun répit. Il n’a pas cessé de militer pour un ordre authentiquement humain et pour une chrétienté ouverte, purifiée par un retour à ses sources.
Fils du bourgmestre Jean de Groot, traducteur d’Archimède et ami de Ludolph van Ceulen. C’est un enfant prodige. A onze ans, il étudie à l’ université de Leyde [3] et à treize ans, il entreprend l’édition de l’œuvre de l’encyclopédiste latin Martianus Capella avec l’aide de son maître, Joseph Juste Scaliger .
Cinq ans plus tard, il effectue sa première mission diplomatique en France et un an plus tard, il est avocat à La Haye [4] et rédige une histoire de la rébellion des Pays-Bas contre l’Espagne [5]. À la requête de la Compagnie hollandaise des Indes orientales, désireuse d’établir juridiquement son droit de capture sur les navires ennemis, Grotius compose le “De jure praedae” [6] en 1606.
Il prend alors une part déterminante au conflit politico-religieux opposant les partisans des états généraux des Pays-Bas [7] aux partisans de Maurice de Nassau. Grotius soutint Johan van Oldenbarnevelt et les États généraux des Pays-Bas dans leur conflit avec le stathouder [8], Maurice de Nassau, Prince d’Orange, fils de Guillaume 1er d’Orange-Nassau. Il fut arrêté par Maurice, le 29 août 1618, en même temps que Johan van Oldenbarnevelt, lors du Synode de Dordrecht [9].
Van Oldenbarnevelt fut exécuté, et Grotius fut condamné à l’emprisonnement à vie dans le château de Loevestein [10]. En 1621, il s’évada du château dans une caisse de livres, et s’enfuit à Paris où il séjournera jusqu’en 1644 comme résident de Suède.
Le roi Henri IV fut un grand admirateur de Grotius, et le présenta à sa cour.
Il fait naufrage au retour d’une mission en Suède et meurt à Rostock [11] le 28 août 1645.
Dans son livre “Mare Liberum” [12] il a formulé le nouveau principe selon lequel la mer était un territoire international et que toutes les nations étaient libres de l’utiliser pour le commerce maritime.
L’Angleterre, grande rivale commerciale de la Hollande, s’opposa à cette idée et proclama la souveraineté sur les mers entourant les îles Britanniques. La querelle aura ultérieurement d’importantes implications économiques.
Grotius écrivit un livre défendant le christianisme, appelé “De veritate religionis Christianae” publié en 1632, qui fut traduit du latin en anglais, arabe, persan et chinois par Edward Pococke en vue d’être utilisé pour le travail missionnaire en Orient, et resta édité jusqu’à la fin du 19ème siècle.