- Traité de Campo-Formio gravure anonyme (Bibliothèque Nationale Paris)
Le 18 octobre 1797, le général Napoléon Bonaparte âgé de 28 ans impose aux Autrichiens le traité de Campoformio. Cobentz signe pour l’Autriche battue. Elle cède la Belgique à la France, qui récupère encore les îles Ioniennes (Corfou, Zante, Céphalonie). Elle reconnaît l’indépendance de la République cisalpine, à laquelle elle cède la Lombardie. Venise et les terres fermes jusqu’à l’Adige vont à l’Autriche. Le général Bonaparte, en cédant Venise aux Autrichiens, a contrevenu aux instructions du Directoire.
18 mois plus tôt, pour faire face à une première coalition contre la France, le gouvernement du Directoire avait confié à Bonaparte, jeune général sans affectation, le commandement d’une armée destinée à attaquer l’Autriche par l’Italie.
Elle devait soutenir l’effort des armées de Sambre et Meuse et du Rhin, mal engagées au nord des Alpes. La nomination de Bonaparte avait été obtenue en bonne partie grâce à la relation intime qui rapprochait sa femme Joséphine de Beauharnais du Directeur Barras.
Sans tarder, le nouveau commandant en chef manifesta son génie stratégique. Il bat d’abord l’armée du Piémont alliée à l’Autriche à Millesimo puis Mondovi, contraignant le roi Victor Amédée III à signer la paix et à céder Nice et la Savoie à la France.
Surprenant les Autrichiens par sa rapidité de mouvement, il les bat ensuite à Lodi le 10 mai, puis à Castiglione le 5 août 1796. Se portant au secours de ses généraux Masséna et Augereau, Bonaparte fait reculer ses adversaires à Arcole le 17 novembre, et leur inflige à Rivoli, le 14 janvier 1797, une nouvelle défaite qui lui ouvre la route du Tyrol.
Fort de ces éclatantes victoires, il s’installe à Milan et se comporte en véritable vice-roi sans en référer à Paris. Il est vrai que le Directoire est trop heureux de voir affluer d’Italie l’argent et les trésors d’art pillés par les Français. A Turin, Bonaparte se satisfait de l’alliance du roi de Piémont-Sardaigne avec la France. A Gênes, un soulèvement des Jacobins locaux lui permet de transformer la République sénatoriale en une République ligurienne aux institutions calquées sur la France.
A Modène, le 16 octobre 1796, des représentants de Reggio, Ferrare et Bologne proclament une République Cispadane. Même processus à Milan où se crée une éphémère République Transpadane.
Le 29 juin 1797, Bonaparte réunit ces deux républiques en une République Cisalpine.
Cette république sœur de la France adopte Milan comme capitale et calque ses institutions sur le modèle français. Le drapeau tricolore vert, blanc, rouge fait son apparition.
Une convention préliminaire est signée à Leoben en avril 1797 par l’archiduc Charles, le commandant des armées autrichiennes. Elle est suivie enfin de la signature du traité de paix au château de Passariano, près de Campoformio, en Vénétie, par Bonaparte et le représentant de l’empereur allemand, le comte Cobenzl.
Ce traité met fin à la première coalition européenne contre la France révolutionnaire.
Sa conséquence la plus durable est le dépeçage de la République de Venise, bien que celle-ci fut restée neutre pendant la guerre. 1100 ans après l’élection de son premier Doge, tous les territoires de la Sérénissime, du lac de Garde aux bouches de Cattaro, sont, sans plus de façons, offerts à l’Autriche par Bonaparte. Les Légations, enlevées au pape, sont par ailleurs réunies à la République Cisalpine.
En contrepartie, François II se défait des Pays-Bas autrichiens* (la Belgique actuelle). Il entérine leur annexion par la France et, par une clause secrète, lui reconnaît l’annexion de toute la rive gauche du Rhin.