Athelstan ou Æthelstan dit le Glorieux (893/894-939)
Roi d’Angleterre de 924 ou 925 à 939
Fils du roi Édouard l’Ancien et neveu de Aethelflæd et petit-fils d’Alfred le Grand. Le succès d’Athelstan à s’assurer la soumission de Constantin II d’Écosse par le traité de Eamont Bridge en 927 et la Bataille de Brunanburh en 937 [1], le conduisit à se proclamer roi de toute la Bretagne [2].
Athelstan est élevé par sa tante en Mercie [3], peut-être dans le but d’encourager la loyauté des Merciens envers la Maison de Wessex [4]. À la mort d’Édouard, Athelstan devient sans discussion roi de Mercie, mais il semble avoir eu du mal à se faire reconnaître dans le Wessex où ses demi-frères Aethelweard et Edwin avaient des partisans.
La priorité d’Athelstan fut semble-t-il de conclure rapidement des alliances. Seulement une année après son couronnement, il marie une de ses sœurs à Sigtryggr Caoch, le roi danois de Northumbrie [5], à Tamworth [6], lequel le reconnaît comme seigneur et se convertit au christianisme. Moins d’un an plus tard, il abandonne sa nouvelle foi et répudie son épouse, mais avant qu’Athelstan ne réponde à cet affront par les armes, Sithric meurt soudainement en 927. Un de ses parents, peut-être son frère, Gothfrith Uí Ímair qui le représentait à Dublin [7], débarque alors d’Irlande pour prendre le pouvoir à York [8], en vain. Athelstan réagit rapidement, s’emparant de la plus grande partie de la Northumbrie. Ce mouvement audacieux met pour la première fois l’ensemble de l’Angleterre sous la domination d’un maître unique, même si cela ne dure que jusqu’en 954. En moins d’une décennie, le royaume des Anglo-Saxons est devenu la plus grande puissance des îles Britanniques, s’étendant semble-t-il au nord jusqu’au Firth of Forth [9].
Les autres princes de Grande-Bretagne semblent s’être soumis à Athelstan à Bamburgh.
Selon Guillaume de Malmesbury, Athelstan soumet les rois des Bretons du nord c’est-à-dire les Gallois à Hereford [10], où il leur impose un lourd tribut. De même, il expulse les Gallois de l’ouest c’est-à-dire les Corniques d’Exeter [11] et fixe la frontière de Cornouailles [12] sur la rivière Tamar [13].
Athelstan consolide son avancée dans le nord en soutenant la reconnaissance des rois gallois.
Après la disparition de Constantin de la cour d’Athelstan en 935, il n’est plus fait mention de lui jusqu’en 937. Cette année-là il envahit l’Angleterre, allié à Eógan de Strathclyde et Olaf Gothfrithson, roi de Dublin [14]. Les armées se rencontrent à la bataille de Brunanburh.
Athelstan est souvent considéré comme le premier roi d’Angleterre et son règne est vu comme le premier à avoir réuni l’Angleterre, le Pays de Galles [15] et l’Écosse sous une même autorité, celle du "roi de toute la Bretagne". Athelstan obtint l’ascendant sur ses nombreux rivaux, dont les Vikings, par des succès militaires considérables et étendit sa domination sur des parties du Pays de Galles et de Cornouailles.
Athelstan qui ne s’était jamais marié était pieux et était généreux avec l’église du Wessex, à sa mort, en 939, à Gloucester [16], il fut enterré dans son abbaye préférée Malmesbury [17], au lieu de rejoindre le caveau familial à Winchester [18].
Son jeune demi-frère, le roi Edmond 1er, lui succéda.
Notes
[1] La bataille de Brunanburh vit la victoire du roi Athelstan et de son frère Edmond sur les armées combinées d’Olaf Gothfrithson, le roi viking de Dublin, de Constantin II d’Écosse et d’Owen de Strathclyde. Certaines sources mentionnent également des mercenaires irlandais, voire gallois.
[2] La Bretagne insulaire, parfois également appelée l’île de Bretagne, est le nom donné à la Grande-Bretagne par les historiens modernes jusqu’à la fin de la période médiévale britannique.
[3] La Mercie est l’un des sept royaumes de l’Heptarchie anglo-saxonne, avec Tamworth pour capitale. Entre 600 et 850, la Mercie fit quatorze fois la guerre au Wessex voisin, onze fois aux Gallois, et mena dix-huit campagnes contre d’autres ennemis - encore ne s’agit-il là que des conflits dont nous avons gardé la trace. Elle est fondée par les Angles rassemblés et menés un an auparavant, depuis les côtes marécageuses proches du Wash vers l’actuelle région des Midlands en Angleterre, par Creoda (ou Crida), premier roi connu des Merciens, peut-être en partie légendaire, qui accèda au pouvoir en 585. Ces Midlands (« terres du milieu ») regroupent les comtés actuels de Gloucester, Worcester, Leicester, Northampton, Bedford, Buckingham, Derby, Nottingham, Hereford, Warwick, Chester et Lincoln.
[4] Le Wessex est l’un des royaumes fondés par les Anglo-Saxons en Angleterre durant le Haut Moyen Âge. Il s’étend sur une partie du sud-ouest de la Grande-Bretagne, entre la Domnonée à l’ouest, la Mercie au nord et les royaumes de Kent, de Sussex et d’Essex à l’est. Au IXe siècle, le Wessex est le dernier royaume anglo-saxon à résister aux invasions vikings.
[5] La Northumbrie est un royaume médiéval situé dans le nord de l’actuelle Angleterre et constituait l’un des principaux royaumes de l’Heptarchie. Sa notoriété est surtout liée à son rôle dans la propagation du christianisme nicéen dans l’île et à la constitution d’un centre culturel d’importance européenne avec l’archevêché d’York. Le nom de Northumbria désigne à l’origine les terres envahies par les Angles au 6ème siècle situées au nord de la rivière Humber. La Northumbrie en tant que royaume se constitue au début du 7ème siècle par l’union de deux autres entités Angles : celle de Bernicie (Bernicia) au nord et celle de Deirie (Deira) au sud.
[6] Tamworth est une ville historique, située dans le comté de Staffordshire, en Angleterre. Elle se trouve à 27 kilomètres (17 miles) au nord-est de Birmingham et à 198 kilomètres (123 miles) de Londres. Elle était au Moyen Âge la capitale du royaume anglo-saxon de Mercie.
[7] les Vikings envahissent le territoire environnant Dublin au cours du 9ème siècle, établissant ainsi le royaume de Dublin, le premier et le plus durable des royaumes vikings en Irlande, Grande-Bretagne et dans toute l’Europe hors Scandinavie à l’exception du Royaume de Man et des Îles. L’étendue du royaume correspond peu ou prou à l’actuel Comté de Dublin.
[8] York est une ville du nord de l’Angleterre. Située à la confluence de deux rivières, l’Ouse et la Foss, elle donne son nom au comté du Yorkshire. Fondée par les Romains sous le nom d’Eboracum, elle est l’une des villes majeures du royaume anglo-saxon de Northumbrie, puis la capitale du royaume viking de Jórvík. Elle est également le siège d’un archevêché de l’Église d’Angleterre. Après l’arrivée des Anglo-Saxons, York devint l’une des principales villes du royaume de Northumbrie sous le nom vieil anglais Eoforwic. Le roi Edwin y fut baptisé en 627. Elle devint le siège d’un évêché, puis d’un archevêché en 735. Tombée aux mains de la Grande Armée en 866, elle fut la capitale d’un royaume viking de 876 à 954 sous le nom de Jórvík, date de sa conquête définitive par le royaume d’Angleterre. Le 20 septembre 1066, Harald Hardrada s’empara de la ville, mais fut tué cinq jours plus tard par le roi Harold Godwinson à la bataille de Stamford Bridge, vainqueur qui devait périr à son tour à la bataille de Hastings peu de temps après. En 1190, Richard de Malbis et d’autres nobles d’York qui envisageaient de se joindre à Richard dans la troisième croisade profitèrent d’un incendie qui avait éclaté en ville pour faire courir une rumeur contre les Juifs. Les maisons de Benoît et Joce furent attaquées et ce dernier obtint la permission du gardien du château d’York d’y évacuer sa famille et l’ensemble des Juifs, probablement dans la tour de Clifford. Assaillis par la foule, les Juifs prirent peur et ne laissèrent pas rentrer le gardien qui avait quitté la tour. Il en appela au shérif, qui fit venir la milice du Comté. La tour de Clifford fut assiégée plusieurs jours. Un moine fit la cérémonie de sacrement chaque matin autour des murs comme pour sacraliser la lutte. Il fut écrasé d’une pierre jetée par les Juifs assiégés ; la colère de la foule devint alors une folie forcenée. Quand les Juifs de la tour de Clifford virent qu’ils n’avaient aucune alternative autre que de se soumettre au baptême ou périr aux mains de la foule, Yom-Tob ben Isaac de Joigny, tossafiste français et nouveau chef de la communauté, les exhorta à se tuer eux-mêmes plutôt que de succomber à la cruauté de leurs ennemis. Ceux qui étaient en désaccord furent autorisés à se retirer. Les autres se donnèrent la mort, après avoir mis le feu à leurs vêtements et marchandises pour éviter que ceux-ci ne tombent dans les mains de la foule.
[9] Le Firth of Forth, est l’estuaire, ou firth, du fleuve écossais Forth.
[10] Hereford est une cité historique de l’ouest de l’Angleterre située sur la Wye, près de la frontière galloise, dans le comté d’Herefordshire et dans la région des Midlands de l’Ouest. La ville est citée dans une ancienne charte datant de 1189 sous le nom de Hereford in Wales. Elle a le statut de Cité. Évêché dès 676, Hereford était une cité florissante et devint la capitale de la Mercie saxonne, battant sa propre monnaie. En 1070, Guillaume Fitz Osbern le bâtisseur du château de Chepstow, établit un nouveau marché au point de jonction des routes, au nord de la ville.
[11] Exeter est le chef-lieu du comté de Devon, Angleterre, Royaume-Uni. La ville est située au nord-est de Plymouth.
[12] Les Cornouailles ou la Cornouailles est un comté d’Angleterre et une nation celtique situé à l’extrémité sud-ouest du pays. Sa capitale est Truro. Limité à l’est par le fleuve Tamar, il a une superficie de 3 563 km²
[13] Le Tamar est un fleuve du Royaume-Uni. Il est situé dans le sud-ouest de l’Angleterre et sépare la Cornouailles du reste de l’Angleterre.
[14] Les Vikings envahissent le territoire environnant Dublin au cours du 9ème siècle, établissant ainsi le royaume de Dublin, le premier et le plus durable des royaumes vikings en Irlande, Grande-Bretagne et dans toute l’Europe hors Scandinavie à l’exception du Royaume de Man et des Îles. L’étendue du royaume correspond peu ou prou à l’actuel Comté de Dublin.
[15] Le pays de Galles est une nation constitutive du Royaume-Uni située dans l’Ouest de l’île de Grande-Bretagne. Il partage une frontière avec l’Angleterre à l’est et est bordé par la mer d’Irlande au nord et à l’ouest et le canal de Bristol au sud.
[16] Gloucester est une ville du sud-ouest de l’Angleterre, à proximité de la frontière du pays de Galles. Depuis 1541, elle possède officiellement le statut de cité.
[17] L’abbaye de Malmesbury, située dans la ville du même nom dans le Wiltshire (Angleterre), est un ancien monastère bénédictin fondé vers 676 par l’érudit et poète Aldhelm, neveu du roi Ina du Wessex. En 941, le roi Athelstan d’Angleterre fut enterré dans l’abbaye. Au 11ème siècle elle recelait la deuxième plus vaste bibliothèque d’Europe et était considérée comme l’un des centres européens du savoir. Elle fut continuellement en activité depuis sa fondation au 7ème siècle jusqu’à la dissolution des monastères.
[18] La cathédrale de Winchester située à Winchester dans le Hampshire est une cathédrale anglaise. La longueur de sa nef en fait la plus grande cathédrale gothique européenne. Elle est dédiée à la Sainte-Trinité, aux apôtres Pierre et Paul et à l’évêque de Winchester, Swithun. Elle est le siège du diocèse de Winchester. Construite en style roman après la Conquête normande de l’Angleterre, elle a subi de nombreuses modifications en style gothique primitif, décoré et perpendiculaire. Important centre d’enluminures, son scriptorium a produit la Bible de Winchester, c’est aussi le lieu de sépulture de plusieurs rois.