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Marc Antoine Charpentier

lundi 31 décembre 2012

Marc Antoine Charpentier (1643-1704)

Compositeur français

Marc Antoine Charpentier Compositeur français

Né dans le "diocèse de Paris", ce qui correspond à la région de l’actuelle Île-de-France. La famille Charpentier était originaire de Meaux depuis plusieurs générations. Son arrière-grand-père Denis y était "maître mégissier", son grand-père Louis "huissier sergent royal" et son oncle Pierre "prêtre grand chapelain de la cathédrale". En revanche, c’est à Paris que son père Louis Charpentier poursuit une carrière de "maître écrivain", métier consistant à établir des documents officiels pour le Parlement ou le Châtelet, ou encore pour un particulier haut placé.

Il passe son enfance et son adolescence à Paris, dans le quartier Saint-Séverin où sa famille s’installe peu après sa naissance.

Il se rend en Allemagne pour faire des études d’architecture, mais sous l’influence du compositeur Ronalde Bossue, il entreprend des études de chant à Dijon, où il reste 4 ans.

Âgé d’une vingtaine d’années, Charpentier part à Rome où il demeure trois ans. Il y côtoie Giacomo Carissimi, reconnu comme le plus grand musicien romain de l’époque, fameux pour ses histoires sacrées ou oratorios.

Charpentier retiendra la leçon puisqu’il composera de nombreuses histoires sacrées en latin et sera d’ailleurs le seul Français de cette période à s’être attaché au genre avec autant d’assiduité. Ses premières pièces dans ce domaine se ressentent du style de son aîné italien, tant dans les thèmes traités que dans l’écriture proprement dite. Mais on trouve d’autres influences romaines dans l’œuvre de Charpentier, comme celles de Bonifazio Graziani ou de Francesco Foggia. Charpentier est aussi manifestement impressionné par les grandes compositions polychorales que l’on pouvait entendre dans les principales églises de Rome. Ses nombreux motets à double chœur et surtout sa Messe à quatre chœurs en font foi. Comme il fit pour le célèbre Jephté de Carissimi, il recopia avec application la Missa mirabiles elationes Maris sexdecimus vocibus de Francesco Beretta.

Après son séjour en Italie, Charpentier revient à Paris à la fin des années 1660. Il s’installe chez Marie de Lorraine, princesse de Joinville, duchesse de Joyeuse et duchesse de Guise, dans son grand hôtel de la rue du Chaume. Marie de Lorraine, dite Mademoiselle de Guise, était la petite-fille d’Henri de Guise, surnommé "le Balafré", l’organisateur de la Ligue assassiné sur l’ordre du roi Henri III. Avec un tel passé, on peut comprendre que, même des générations après, les relations de Mademoiselle de Guise avec la cour n’étaient guère évidentes. Charpentier a-t-il pâti de ces ancestrales rivalités, en étant tenu à l’écart des grands postes si convoités de la Musique de Louis XIV ? De même que le roi néanmoins, Mademoiselle de Guise adore la musique et a à cœur d’entretenir dans son hôtel un ensemble de musiciens et de chanteurs d’une telle qualité que, selon le Mercure galant, "celle de plusieurs grands souverains n’en approche pas". Outre Charpentier qui compose et qui chante en voix de haute-contre, on y trouve le flûtiste et théoricien Étienne Loulié, le chanteur Henri de Baussen, ainsi que Anne Jacquet, surnommée Mademoiselle Manon, sœur aînée d’Élisabeth Jacquet de La Guerre.

Charpentier est aussi au service d’Élisabeth d’Orléans dite Madame de Guise.

Charpentier offre à ses deux protectrices et à leur entourage œuvres sacrées et profanes.

En 1672, Molière se brouilla avec Jean-Baptiste Lully. Il proposa à Charpentier de remplacer ce dernier pour composer la musique de ses comédies ballets au Théâtre-Français. C’est ainsi que Charpentier composa de la musique pour les entractes de Circé et d’Andromède, ainsi que des scènes chantées dans le Mariage forcé, puis Le Malade imaginaire.

Malheureusement, Molière meurt à la quatrième représentation, ce qui met une fin prématurée à la collaboration des 2 artistes. Par ailleurs, le compositeur est victime de lettres patentes émanant de Lully à l’encontre de la troupe de Molière ; il doit ainsi réviser la partition de son Malade imaginaire afin de se conformer aux restrictions du nombre de chanteurs et d’instrumentistes autorisé par le surintendant de la Musique du roi sur les scènes autres que celle de l’Académie royale de musique.

Au cours des années 1680, des couvents de religieuses comme l’Abbaye-aux-Bois ou Port-Royal de Paris commandent des pièces à Charpentier. Au début des années 1680, Charpentier est chargé d’écrire la musique pour les offices religieux du Dauphin lorsque ce dernier ne pouvait se rendre à ceux du roi. Rendant visite à son fils, le roi a le loisir d’apprécier les compositions de Charpentier, comme en ce jour d’avril 1681 où, arrivant à Saint-Cloud, il "congédia toute sa Musique, et voulut entendre celle de Monseigneur le Dauphin jusqu’à son retour à Saint-Germain. Les œuvres composées pour le Dauphin sont essentiellement des petits motets sur des textes de psaumes pour 2 voix féminines et une basse, accompagnées parfois par des flûtes, chantées et jouées par des musiciens du roi, les sœurs et frères Pièche. C’est encore pour ces mêmes interprètes que Charpentier conçut Les Plaisirs de Versailles en hommage à la cour de Louis XIV, nouvellement établie à Versailles.

En avril 1683, Charpentier, ambitionnant une reconnaissance à sa mesure, se présente au concours du recrutement des sous-maîtres de musique de la Chapelle royale. Par malchance, il tombe malade et ne peut aller jusqu’au bout des épreuves. C’est sûrement une grande déception et l’occasion d’obtenir un poste à la cour ne se représentera plus. Charpentier est cependant sollicité, à diverses occasions, à prendre part au cérémonial royal ou princier, ce qui montre que Louis XIV le tenait en haute estime. Quelques mois après le concours de la Chapelle royale, le 30 juillet 1683, la reine de France Marie-Thérèse meurt. Pour célébrer sa mémoire, Charpentier est invité à écrire trois superbes pièces : une sorte de grande histoire sacrée In obitum augustissimæ nec non piissimæ Gallorum Reginæ Lamentum suivi d’un De profundis, et un petit motet Luctus de morte augustissimæ Mariæ Theresiæ reginæ Galliæ. Le compositeur est encore musicalement présent auprès de la famille royale pour fêter la guérison de la fistule de Louis XIV en février 1687, il reçoit en effet une commande de l’Académie de peinture et de sculpture pour faire jouer dans l’église des Prêtres de l’Oratoire de la rue Saint-Honoré un Te Deum et un Exaudiat "à deux chœurs de musique" de sa composition afin de "rendre grâces à Dieu du rétablissement de la santé du roi".

À la mort de Lully, en 1687, les compositeurs français peuvent enfin composer des opéras, Lully ayant inventé l’opéra français, il avait interdit aux autres compositeurs français d’en composer et d’en faire représenter tant qu’il serait vivant. En 1693-1694, Charpentier compose alors Médée, sur un poème de Thomas Corneille. C’est un échec, qui sera déterminant dans sa carrière de compositeur : il se consacrera désormais à la musique religieuse. À la mort de Mademoiselle de Guise en 1688, Charpentier fut employé par les jésuites dans leurs établissements parisiens. Il devient maître de musique du collège Louis-le-Grand, puis de l’église Saint-Louis, rue Saint-Antoine. C’est à cette époque qu’il composa la majeure partie de son œuvre sacrée. En 1698, il fut nommé maître de musique des enfants de la Sainte-Chapelle du Palais.

Ce fut un compositeur prolifique et fut davantage apprécié pour sa musique d’église que pour ses compositions séculaires. Il a composé des œuvres sacrées telles que des oratorios, des messes, des psaumes, des magnificats. Il a également composé plusieurs opéras, des sonates, préludes pour orchestre, des noëls instrumentaux.

Marc-Antoine Charpentier fut presque complètement oublié jusqu’en 1953, lorsqu’il fut révélé par son Te Deum, dont l’ouverture orchestrale sert d’indicatif à l’Eurovision.