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Simon Arnauld de Pomponne

vendredi 23 novembre 2012, par lucien jallamion

Simon Arnauld de Pomponne (1618-1699)

Marquis de Pomponne en 1682-Homme politique

Simon Arnauld de Pomponne Marquis de Pomponne en 1682 Homme politique

Né à Paris, il est le 2ème fils de Catherine Lefèvre de La Boderie et de Robert Arnauld d’Andilly. Ce dernier, lui-même fils du célèbre avocat Antoine Arnauld, est élevé auprès de plusieurs de ses oncles conseillers de Sully. À la naissance de son fils, il travaille auprès d’Isaac Arnauld, surintendant des finances.

Son père confie ses 2 fils aînés à Martin de Barcos, le neveu de Saint-Cyran, qui s’occupe de leur éducation pendant près de 7 ans. Ils poursuivent leurs études au collège de Lisieux, à Paris. Il rédige plusieurs poèmes pour la Guirlande de Julie sous le nom d’Arnauld de Briottes, du nom d’une terre héritée de sa mère.

En 1642, son père obtient qu’il soit nommé intendant de la place forte de Casal, dans les collines du Montferrat. Le Montferrat est alors un enjeu important pour le contrôle de l’Italie du nord. Après la guerre de Succession de Mantoue, la France est parvenue à imposer qu’un de ses alliés, le duc de Nevers obtienne le titre de duc de Mantoue et de Montferrat. Or, le duché de Mantoue est situé entre le Milanais, alors possession des Habsbourg d’Espagne, et l’Empire. Cette position stratégique explique que la France y maintienne une garnison. Il y est responsable de tout ce qui concerne la vie quotidienne, mais n’a pas de prérogatives militaires. Il occupe ce poste d’intendant jusqu’en 1647.

C’est sous la protection de Le Tellier, secrétaire d’État de la guerre, qu’il mène à bien diverses missions en qualité d’intendant d’armée. Il devient alors un fin connaisseur de l’Italie du nord et soutient fidèlement le pouvoir royal durant la Fronde. Mais en 1651, il se voit confier une mission au service de la Guerre en Catalogne, dans un contexte défavorable, car les Espagnols sont en train de reprendre cette province. Le Tellier, disgracié, entraîne dans sa chute son protégé et ce dernier n’obtiendra plus par la suite d’autre mandat d’intendant.

Grâce à sa bonne connaissance de l’Italie du Nord, il se voit confier en 1654 une mission diplomatique à Mantoue, premiers pas dans le monde des Affaires étrangères après avoir quitté la Guerre. Il s’agit là encore des suites de la guerre de Succession de Mantoue, la France voulant faire des alliés à la fois de la Savoie et de Mantoue alors que les deux ducs conservent des motifs d’opposition entre eux. Cette mission réussit et se conclut par un traité d’alliance mais le jansénisme de sa famille le rattrape quand il tente d’obtenir la charge de chancelier du duc d’Anjou en 1659. Il est ambassadeur, puis ministre des Affaires étrangères à partir de 1672 et dirigea la diplomatie française jusqu’en 1679.

Il se rapproche alors de Fouquet, surintendant des finances et possible successeur de Mazarin, ce qui lui donne bien des espoirs. On trouve alors dans l’entourage de Fouquet de nombreux sympathisants jansénistes, au premier rang desquels Madame de Sévigné, La Rochefoucauld ou Madame Du Plessis. Il épouse une cousine de la femme du surintendant, Catherine Ladvocat, au printemps 1660. Il prend alors le titre de Seigneur de Pomponne, nom sous lequel il est dès lors toujours désigné.

Les espoirs placés en Fouquet se révèlent néanmoins rapidement déçus le surintendant étant disgracié et arrêté en septembre 1661. Il paie son amitié en étant envoyé en exil à Verdun et conserve toutefois des liens forts avec la cour et des protecteurs qui obtiennent son rappel dès la fin du procès du surintendant en 1665. C’est à Verdun qu’il reçoit les célèbres lettres de Madame de Sévigné, véritable journal du procès.

Rentré à Paris en février 1665, il n’est pas oublié par ses amis Claude Le Peletier et Michel Le Tellier, qui obtiennent rapidement son retour en grâce.

Dès la fin de l’année 1665, il est nommé ambassadeur extraordinaire à Stockholm. Il est chargé d’assister le chevalier de Terlon, ambassadeur ordinaire, dans sa mission. Car la Suède, allié traditionnel de la France depuis la Guerre de Trente Ans est en train de s’éloigner d’elle alors que Louis XIV a fini par prendre le parti des Provinces-Unies pendant la 2ème Guerre anglo-néerlandaise, la Suède penche du côté anglais. Il doit donc obtenir une modification de la politique suédoise ou du moins sa neutralité en s’appuyant sur le parti français mené par le grand chancelier Magnus de La Gardie. Il réussit à empêcher que la Suède prenne véritablement part à la guerre et à maintenir un parti français en Suède et quitte la Suède en 1668.

C’est pourquoi lui est alors confiée une seconde mission. Craignant que la France acquière une trop grande puissance et remette en cause l’équilibre européen, Provinces-Unies et Angleterre se sont réconciliées et ont formé, conjointement avec la Suède la Triple Alliance, visant à endiguer l’avancée français aux Pays-Bas. L’envoi de Pomponne, considéré comme un homme de paix, est considérée à La Haye comme un heureux présage. Mais en réalité, sa mission consiste essentiellement à perdre du temps, pour permettre au roi de préparer la guerre. Il est ainsi l’un des premiers à apprendre la signature d’un traité secret avec l’Angleterre et sera parvenu à faire illusion pendant près de deux ans de 1669-1671 pour permettre à la Diplomatie et à la Guerre de se préparer.

Louis XIV le renvoie alors une seconde fois à Stockholm en1671, à la demande du grand chancelier lui-même, afin d’obtenir que la Suède quitte à son tour la Triple Alliance. Malgré de grandes difficultés, il parvient à faire accepter un traité, qui n’achoppe que sur les énormes subsides demandés par la cour de Stockholm. C’est alors qu’il reçoit une lettre du roi lui annonçant à la fois la mort de Hugues de Lionne et sa nomination comme secrétaire d’État des Affaires étrangères. Pomponne rentre ainsi à Paris dès février 1672, tandis qu’il est remplacé en Suède par Honoré Courtin qui signe le traité rédigé par son prédécesseur.

Le Conseil d’en haut servant essentiellement à déterminer la diplomatie du royaume, il y est rapidement appelé comme ministre d’État. Pomponne y est un homme seul, ne pouvant s’appuyer sur un réseau fort ou sur une famille puissante face à Colbert et surtout au secrétaire d’État de la Guerre, Louvois. Il est donc un ministre faible, qui donne des avis mais qui n’est pas toujours écouté. Sa tâche est d’autant plus difficile qu’il est chargé de la diplomatie à l’époque où celle-ci se trouve la plus négligée, en temps de guerre. Aux yeux des contemporains, il est l’homme de la modération alors que le roi se trouve à l’apogée de sa puissance et désire une politique agressive.

Louvois prend donc le pas sur Pomponne au cours de ces années, 2 styles, 2 visions des relations extérieures et de la guerre s’affrontent. Pomponne, plus favorable à un accommodement, se montre plus souple et aurait certainement accepté les propositions faites par les Hollandais en 1673 au congrès de Cologne. Mais elles sont finalement refusées par le roi qui pense obtenir plus. Ce n’est finalement qu’en 1678 qu’il négocie le traité de Nimègue, qui met fin à la guerre de Hollande et donne à la France plusieurs places fortes des Flandres et la Franche-Comté.

La différence grandissante entre Pomponne et la volonté royale aboutit finalement à la disgrâce du secrétaire d’État le 18 novembre 1679. Ce renvoi naît surtout de la volonté de Louis XIV de mener une politique plus agressive notamment la politique des Réunions qui convenait mieux à Colbert de Croissy. C’est donc ce dernier, frère de Jean-Baptiste Colbert, qui le remplace.

Pomponne conserve cependant l’amitié du roi qui donne un régiment à son fils aîné, une abbaye au cadet, érige son domaine de Pomponne en marquisat ou l’invite aux pièces que Racine écrit pour Madame de Maintenon. Durant toutes ces années, l’ancien secrétaire d’État se retire à Pomponne tout en conservant des liens avec ses nombreux amis à la cour.

En 1691, après la mort de Louvois, Pomponne est de nouveau appelé au Conseil d’en haut comme ministre d’État, sans pour autant retrouver son poste de secrétaire d’État des Étrangers. Il se contente ainsi d’un rôle de conseiller, cohabitant avec son successeur jusqu’à la mort de ce dernier en 1696.

Comme Torcy a obtenu la survivance de son père, le roi arrange la réconciliation des Colbert avec Pomponne, grâce au mariage de Catherine Félicité Arnauld, dernière fille de Pomponne, avec le nouveau secrétaire d’État. Il confie donc à Pomponne la formation du jeune Torcy. Ce sera une véritable direction bicéphale qui s’occupe des Affaires étrangères, Pomponne rapportant les affaires étrangères tandis que Torcy rédige la correspondance diplomatique.

Il est enfin nommé surintendant des postes en 1697 avant de mourir à presque 81 ans, en 1699. Il est enterré dans l’église Saint Merry de Paris.