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L’histoire pour le plaisir

Lud Vautrin

vendredi 9 novembre 2012, par lucien jallamion

Lud Vautrin (1448-1527)

Maître général des mines de Lorraine-Créateur du Gymnase vosgien

Né à Saint-Dié, son père est d’origine alsacienne, issue d’une famille de Pfaffenhoffen qui s’est mise au service du duc René II de Lorraine, et de Jeanne d’Ainvaux, dame de la Warde de Wisembach.

En 1480 il est chapelain de René II et également son secrétaire. 4 ans plus tard, grâce aux appuis du duc, il fut nommé chanoine de église de sa ville natale.

Soucieux d’accueillir les malades atteints de la peste, il fait ériger à ses frais une chapelle ainsi qu’une ferme attenante sur la colline d’Ortimont au nord de la ville.

En 1504 il obtint la charge de maître général des mines de Lorraine, succédant ainsi à son frère Jean. Jusqu’à sa mort en 1527 il conservera cette charge, qui passera alors à son neveu Jean, fils de son frère Nicolas. Fort de cette fonction, il offre deux des 22 pages enluminées du Graduel de chœur du chapitre de Saint-Dié, un livre de chants de 371 feuillets manuscrits en caractères gothiques sur papier velin.

En 1505 ses confrères le choisissent comme sonrier de la ville, ce qui lui confère des pouvoirs d’administration et de justice sur la partie de la ville qui dépend du chapitre.

Au tournant du siècle Saint-Dié va devenir un haut lieu de l’humanisme en Europe, lorsqu’il crée sous la protection de René II une école ecclésiastique directement rattachée à Rome, le Gymnase vosgien. Tout en assurant sa mission d’enseignement, le Gymnase dispose également d’un atelier d’imprimerie qu’il a installé dans la maison canoniale de son neveu Nicolas.

Outre son neveu il s’entoura de plusieurs érudits, tels que Jean Basin de Sandaucourt, éminent latiniste et curé de Wisembach, l’humaniste alsacien Mathias Ringmann, auteur d’une grammaire latine illustrée, et surtout le cartographe allemand Martin Waldseemüller qu’il va chercher à Strasbourg, car il compte sur lui pour illustrer un projet qui lui tient à cœur, une nouvelle édition de la Geographia de Ptolémée qui prendrait en compte les récentes découvertes décrites par Amérigo Vespucci.

Féru d’astronomie et de géographie, il met lui-même au point une sorte de projection stéréographique du globe terrestre et des sphères célestes. Il explique ce procédé dans un traité accompagné d’un disque mobile, le Speculi Orbis succinctiss. sed neque pœnitenda neque inelegans Declaratio et Canon, qu’il fait imprimer une première fois chez Johann Grüninger à Strasbourg en 1507. Une nouvelle édition est publiée en 1512 par le même imprimeur sous le titre Declaratio speculi orbis compositi a Gualtero Lud, canonico Deodatensi, en supplément à la Margarita philosophica de Gregor Reisch.

Connaissant ses goûts, le duc de Lorraine lui confie une carte marine qu’il vient de recevoir du Portugal, ainsi qu’une version française du récit des 4 voyages effectués de l’autre côté de l’Atlantique par le banquier et navigateur florentin Américo Vespucci, confirmant la découverte d’un continent nouveau. Il fut chargé de les faire traduire en latin, ce que Jean Basin fera dans la seconde partie de la Cosmographiae Introductio.

D’autres ouvrages furent imprimés entre 1507 et 1510, cependant en 1511 Mathias Ringmann, helléniste aux multiples talents, mais également technicien de l’imprimerie, meurt subitement à 29 ans, et sa disparition prématurée met l’entreprise en péril. En outre il est confronté à de sérieuses difficultés financières, notamment liées à la perte d’exploitation de sa part de mine, et doit engager ses propres revenus pour régler des sommes dues à deux adjudicataires. A tel point qu’il est contraint de vendre l’ensemble de ses travaux de géographie à 2 avocats strasbourgeois. Il doit aussi renoncer à imprimer comme il le souhaitait les cartes dessinées par Martin Waldseemüller pour la Geographia de Ptolémée, en particulier la première carte connue de Lorraine. C’est le Strasbourgeois Jean Schott qui se chargera de cette publication en 1513.