Jean d’Aragon Jean de Sicile ou Jean d’Athènes (1317-1348)
Infant d’Aragon-Duc d’Athènes, de Néopatrie et marquis de Randazzo en 1338-Régent de Sicile de 1342 à sa mort
Né à Catane [1], fils cadet du roi Frédéric II de Sicile et d’Éléonore d’Anjou. Son père le fit duc de Randazzo [2] alors qu’il était encore très jeune et en 1338, il devient duc d’Athènes [3] et de Néopatrie [4] avec le décès de son frère aîné Guillaume, décédé sans descendance. A l’instar de ses prédécesseurs, Jean ne se rendit jamais sur les terres de ses duchés. A compter de cette date, il commença à exercer la régence au nom de son frère, le roi Pierre II.
En 1339, il combattit lors de la bataille de Lipari [5] aux côtés de son frère Orlando d’Aragon .
A peu près au même moment et avant 1340, il épousa Césarine ou Césarée Lancia fille du seigneur de Delia et comte de Caltanissetta [6], Pietro Lancia.
En 1342, à la mort de son frère Pierre II, il fut nommé co-tuteur avec sa belle-sœur Élisabeth de Carinthie de son neveuLouis et la régence lui fut confiée. Elle sera caractérisée par la diplomatie et la recherche du compromis qui prit fin avec les Vêpres siciliennes [7].
Il fit de la ville de Randazzo à la fois sa résidence et sa capitale, séjournant toutefois fréquemment à Milo [8] afin d’y soigner sa goutte et où il fondera le monastère de Saint-André. Avec le pape Clément VI et la reine Jeanne d’Anjou, il prépara un projet de traité par lequel les Angevins auraient renoncé à leurs prétentions sur la Sicile [9] et le royaume de Trinacrie [10] aurait reconnu son appartenance, comme Etat indépendant, au royaume de Sicile. L’accord prévoyait en outre l’aide de Naples [11] en cas de guerre et un tribut annuel de 3000 onces au pape de la part de la Sicile. Cet accord, également connu sous le nom de "Paix de Catane", fut signé par les parties en présence mais ne fut pas ratifié par le Parlement sicilien : en effet, le 3 avril 1348, Jean, frappé par la tragique épidémie de peste noire, expira à Milo, où il avait cherché en vain à se réfugier loin de la pandémie.
A sa mort, la régence passa à la reine-mère Élisabeth et un nouveau tuteur ; Blasco II Alagona, un Catalan, fut nommé. Ce choix, mal accepté par la faction latine du Parlement, bloqua la ratification du traité.
Jean d’Aragon fut le noble le plus puissant de Sicile durant les règnes de son frère Pierre II de Sicile puis de son neveu Louis 1er de Sicile, dont il fut le régent durant sa minorité. Il réussit à maintenir la paix bien qu’il favorisât le parti catalan contre la noblesse italienne locale. La guerre éclata après sa mort durant l’épidémie de peste noire.
Son fils Frédéric lui succéda à la tête des duchés d’Athènes et de Néopatrie, tandis que son neveu, Frédéric, futur roi de Trinacrie, reprenait le duché de Randazzo.
Il fut inhumé aux côtés de son père et de ses frères dans la cathédrale de Catane [12].
Notes
[1] Catane est une ville de la province du même nom en Sicile en Italie. C’est la deuxième ville la plus peuplée de l’île derrière Palerme. Le 4 février 1169, un séisme provoqua la mort de milliers de personnes. L’empereur Frédéric II fit construire le Castello Ursino (fort militaire) entre 1239 et 1250. La ville subit des destructions lors de la guerre des Vêpres siciliennes en 1282. À partir de 1282, sous l’influence aragonaise, Catane devint la capitale du royaume de Sicile. En 1376, les reliques de sainte Agathe furent déposées dans la cathédrale de Catane. La première université sicilienne fut fondée à Catane en 1434.
[2] Randazzo est une commune de la province de Catane en Sicile (Italie).
[3] Le duché d’Athènes était l’un des États des croisés mis en place en Grèce après la 4ème croisade au détriment de l’Empire byzantin. Le duché s’étendait sur l’Attique et la Béotie, mais il est difficile de restituer ses frontières avec précision. L’acropole d’Athènes était le symbole du pouvoir ducal, mais le centre réel du duché était la ville de Thèbes.
[4] Le duché de Néopatrie ou de Néopatras est un État catalan installé sur le territoire de l’actuelle Grèce au début du 14ème siècle, autour de la ville de Néopatrie (Neai Patrai, Nouvelle-Patras, l’actuelle Ypáti)
[5] Lipari est une commune de la province de Messine en Sicile en Italie. Le territoire communal de Lipari s’étend sur six îles Éoliennes : Lipari, Vulcano, Panarea, Stromboli, Filicudi et Alicudi.
[6] Caltanissetta est une ville, chef-lieu de la province de même nom en Sicile (Italie).
[7] Les « Vêpres siciliennes » sont un soulèvement et une révolte populaire de l’île de Sicile contre la domination féodale du roi d’origine française Charles d’Anjou, survenu à Palerme et Corleone, le 31 mars 1282, mardi de Pâques. À la suite de ce soulèvement et du massacre des Français, les Siciliens se libèrent du joug angevin en passant sous la protection du roi d’Aragon Pierre III1. L’événement est donc à la fois un moment clef de l’histoire nationale sicilienne et un tournant géopolitique.
[8] Milo est une commune italienne de la province de Catane dans la région Sicile.
[9] Le royaume de Sicile, également appelé royaume normand de Sicile, est créé en 1130 par Roger II sur l’île de Sicile, la Calabre, les Pouilles, et Naples. Ce royaume traverse plusieurs phases marquées par les dominations successives des Normands, des Souabes (autre nom pour la dynastie des Hohenstaufen, descendants de Frédéric de Souabe), des Angevins et des Aragonais. Le royaume de Sicile a dans le passé recouvert plusieurs zones géographiques différentes au fil du temps. Le royaume de Sicile ne s’est pas limité à la seule île de Sicile. Il a été l’objet de convoitises de la part des plus grandes familles européennes, qui se sont battues pour s’en assurer la possession. L’histoire du royaume a été particulièrement mouvementée, marquée par des assassinats, des guerres de succession, des séparations. Les rois de Sicile n’ont donc pas tous régné sur un territoire identique. On a même pu parler, lors des périodes au cours desquelles les royaume de Sicile et de Naples ont été réunis, de Royaume des Deux-Siciles
[10] Le Royaume de Trinacria est né entre 1282, l’année du couronnement de Pierre III d’Aragon et 1302 années de la paix de Caltabellotta. Quand, à la fin de la première phase de la guerre des Vêpres de Sicile, le royaume de Sicile fut officiellement divisée en deux parties : l’île de Sicile officiellement connu comme le royaume de Trinacria, mais officieusement comme le royaume de Sicile. La partie continentale pris le nom du royaume de Sicile Hither plus communément appelé le royaume de Naples, avec un guide roi Charles II d’Anjou.
[11] Le royaume naquit de la scission de fait du royaume de Sicile, provoquée par les Vêpres siciliennes de 1282. Le roi Charles d’Anjou, chassé de l’île de Sicile par les troupes de Pierre III d’Aragon, ne se maintint que sur la partie continentale du royaume. Naples devint la capitale de ce nouveau royaume, ce qui provoqua une forte croissance de la ville qui était auparavant supplantée par Palerme. Sous le règne de Robert 1er, le royaume connaît une période de paix et de prospérité. Le roi fit de Naples l’un des centres culturels de l’Italie, invitant à sa cour Giotto, Pétrarque et Boccace. La seconde partie du 14ème siècle vit cependant s’amorcer une période de déclin due à la lutte fratricide entre deux branches adverses de la dynastie angevine pour régler la succession de Robert 1er puis celle de sa fille, la reine Jeanne 1ère. La maison d’Anjou-Duras finit par triompher, avec Charles III, duc de Duras, qui fit assassiner la reine Jeanne en 1382. Son fils, Ladislas 1er, étendit provisoirement le royaume sur une bonne partie de l’Italie centrale, caressant le rêve d’unifier la péninsule. À sa mort sans héritier en 1414 c’est sa sœur, Jeanne II, qui monta sur le trône.
[12] La cathédrale Sainte-Agathe est la cathédrale et le principal édifice catholique de la ville de Catane en Sicile. Elle est consacrée à sainte Agathe.