Muirchertach mac Muiredaig ou Muirchertach mac Ercae (mort vers 534/536)
Ard ri Érenn
Véritable fondateur de la puissance du Cenél nEógain [1], l’une des deux principale dynasties des Uí Néill [2] du Nord.
Muirchertach est le fils de Muiredach mac Eógain . Muirchertach mac Muiredaig est mentionné pour la première fois dans les chroniques d’Irlande [3] en 482 sous le nom de Muirchertach mac Ercae. le Ban-Shenchus [4] lui attribue comme mère, Erc, fille de Loarn mac Eirc fondateur éponyme du Cenél Loairn [5] dans le Dal Riada [6]. Après la mort de Muiredach, Erc est reputée avoir épousé Fergus mac Connal Gulban du Cenél Conaill [7] autre petit-fils de Niall Noigiallach qui la rend mère de Fedlimidh le père de saint Colomba.
La première mention de Muirchertach dans les Annales d’Ulster [8] est liée à sa participation à la bataille d’Ocha dans le comté de Meath [9] au cours de laquelle les Uí Néill [10] alliés avec Crimthann mac Enna Cennsalach roi de Leinster [11] et Fiachra mac Laeghaire roi de Dál nAraidi [12] défont et tue l’ard ri Érenn Ailill Molt et s’assurent la royauté suprême en la personne de Lugaid mac Lóegairi , le cousin de Muirchertach.
À la tête du Cenél Eogain dont il était le chef Muirchertach combat et tue à la bataille de Cell Losnaig près de Kellistown dans le comté de Carlow [13], Óengus mac Nad Froích , le premier roi chrétien de Munster [14]. Illan mac Dúnlainge l’un de ces allié lors de la guerre contre le Munster se retourne contre lui avec les hommes du Leinster mais il est battu à Inne Mor dans le comté de Kildare [15] en 498.
Le frère de Dauí Tenga Uma roi de Connacht [16] s’était mis sous la protection de Muirchertach il n’en est pas moins enlevé et livré à son frère par les hommes du Connacht. Sous le conduite de son roi le Cenél Eogain décide de venger cet affront, il envahit le Connacht et défait et tue le roi Dauí Tenga Uma lors de la bataille de Segais.
À la mort au combat de Lugaid mac Lóegairi, Muirchertach devient Ard ri Érenn [17]. Après une courte guerre contre le Leinster il attaque le Royaume d’Airgíalla [18], le seul de ses voisins de quelque importance qu’il n’a pas encore combattu.
En 520 associé avec Colgu Moo Cluethi roi d’Airthir ; il est vainqueur du Cenél Conaill à la bataille de Detnae en Dromma Breg dans laquelle tombe Ardgal mac Conall, fils de Niall. Il annexe la partie du territoire de ce royaume comprise entre Glen Con et Ualraigh dans le comté de Derry [19]. Cette région demeurera en possession des Uí Néill du Cénel nÉogain jusqu’aux Plantations d’Ulster [20].
Muirchertach doit de nouveau faire face à une attaque du royaume de Leinster en 528 mais il défait son armée à Ath Sighe sur la Boyne [21] dans l’actuel comté de Meath. 5 ans après il envahit le Leinster et est vainqueur dans plusieurs autres combats dans le comté de Kildare. Il ravage ensuite le district de Cliu comté de Carlow. La même année il doit encore combattre victorieusement le Connacht à la bataille d’Aidhne.
Muirchertach mac Earca avait pris comme concubine une certaine Taetu issue d’une tribu qu’il avait dépossédée. Pour venger cet affront elle met le feu à la résidence de Cleiteach sur la rivière Boyne le soir de Samain [22] alors que le roi était ivre de vin. Muirchertach périt dans l’incendie. Sa mort fut ensuite célébrée dans plusieurs poèmes bardiques.
Le trône fut ensuite occupé par son cousin issu de germain Túathal Máelgarb mac Cormac Caech mac Caibre mac Niall Noigiallach.
À partir de 482 les actions de Muirchertach sont fréquemment relevées par les annales jusqu’en 508, lorsqu’il devient selon la tradition roi de Tara [23] ou Haut-Roi d’Irlande. De 508 jusqu’à 520 il n’est plus jamais évoqué mais de cette date jusqu’à sa mort en 534 il fait de nouveau l’objet d’un nouveau groupe d’entrées.
Les annales du début du 6ème siècle devaient probablement contenir des informations enregistrées rétrospectivement, à la fin du siècle, lorsque les annales ont commencé à être composées à Iona [24]. Ces entrées, quand elles peuvent être identifiés, sont en général fiables, même si la précision chronologique n’est pas absolue. Par la suite, ces annales ont été très tôt développées, en partie pour intégrer une version de la légende de Patrick d’Irlande et de ses rapports conflictuels avec le roi Lóegaire mac Néill, en partie pour promouvoir des intérêts dynastiques particuliers.
Même dans la partie la plus fiable de son activité, dans la deuxième phase des entrées à partir de 520 jusqu’à 534, il est évident de la manière dont les souvenirs sont traités que tous les annalistes avaient en tête une tradition de plusieurs batailles contre des adversaires dans les Midlands d’Irlande [25], en Leinster et au Munster, auxquelles ils ont tenté d’attribuer à des années différentes. Il demeure finalement l’impression que Muirchertach était un grand chef de guerre fondateur de la puissance militaire que possédaient beaucoup de ses descendants les Uí Néill.
Notes
[1] Cenél nEógain est le nom des descendants d’Eoghan mac Néill, le fils de Niall Noígiallach ancêtre des Uí Néill., qui fonda au 5ème siècle en Ulster le royaume d’Ailech. Ce royaume s’étendait approximativement sur l’actuel comté de Tyrone, et sur certaines parties des comtés de Londonderry, de Donegal, de Fermanagh, de Monaghan et d’Armagh. En 1020, les Cenél nEógain furent pourchassés par le haut-roi Mael Seachlainn II Mór à travers le Sliab Fuait
[2] Les Uí Néill étaient une grande dynastie irlandaise. Il signifiait les « descendants de Niall Noigiallach », et se rapportait à un groupe de parenté irlandais. Les Uí Néill n’étaient ni une tribu, ni une confédération de tribus, mais une dynastie, c’est-à-dire qu’ils étaient composés, dès le 6ème siècle, de quelques douzaines de personnes réparties sur un vaste territoire au nord et au centre de l’Irlande. Ils devinrent à partir de la seconde moitié du 6ème siècle la dynastie dominante de la moitié nord de l’Irlande. Ses diverses branches donnèrent un certain nombre de hauts rois d’Irlande entre les 7ème et 11ème siècles.
[3] Les Chroniques d’Irlande est le nom moderne donné à une présumée collection d’annales ecclésiastiques, ayant enregistré les événements en Irlande entre les années 432 et 911. Plusieurs annales anciennes, existant encore maintenant, rapportent les événements dans le même ordre et avec des mots identiques jusqu’en 911, date à partir de laquelle elles poursuivent des narrations différentes.
[4] recueil médiéval de récits sur les épouses et les mères des rois irlandais
[5] Le Cenél Loáirn contrôlait les régions du nord de Argyll autour du Firth of Lorn auquel il aurait donné son nom. La région était divisée en trois parties : Le Lorn supérieur et le Lorn moyen séparé par le Loch Etive et enfin le pays du bas Lorn à l’ouest du Loch Awe et au nord des Loch Melfort et Loch Awe. Le Cenél Loairn incluait sans doute également le Morvern et Ardnamurchan et peut être aussi l’île de Bute. La principale place forte du royaume était implantée à Dun Ollaigh, près du port d’Oban. La capitale religieuse devait être située à Lismore qui sera plus tard le siège de l’évêché médiéval d’Argyll.
[6] Le Dal Riada était un royaume scot situé sur la côte nord-est de l’Irlande et la côte ouest de l’Écosse.
[7] Les Cenél Conaill est le nom des descendants de Conall Gulban, fils de Niall Noigiallach, reconnu par l’histoire orale et écrite comme le co-fondateur avec son frère Eógan mac Néill dont est issu le Cenél nEógain de la puissance des Uí Néill du Nord en Ulster. Le Cenél Conaill était également connus en Écosse comme le famille de saint Columba.
[8] Les Annales d’Ulster sont des chroniques de l’histoire médiévale irlandaise. Les entrées couvrent la période allant de 431 à 1540. Celles allant jusqu’à l’année 1489 furent compilées à la fin du 15ème siècle par le scribe Ruaidhri Ó Luinín, sous le patronage de Cathal Óg Mac Maghnusa, sur l’île de Belle Isle sur le lac Lough Erne, dans la province d’Ulster. Les entrées plus tardives furent rajoutées par d’autres auteurs.
[9] Le comté de Meath est un comté de la République d’Irlande, souvent surnommé le Comté Royal (Royal County), d’une superficie de 2 342 km². La ville principale d’un point de vue administratif est Navan, bien que Trim ait un patrimoine historique plus important.
[10] Les Uí Néill étaient une grande dynastie irlandaise. Il signifiait les « descendants de Niall Noigiallach », et se rapportait à un groupe de parenté irlandais. Les Uí Néill n’étaient ni une tribu, ni une confédération de tribus, mais une dynastie, c’est-à-dire qu’ils étaient composés, dès le 6ème siècle, de quelques douzaines de personnes réparties sur un vaste territoire au nord et au centre de l’Irlande. Ils devinrent à partir de la seconde moitié du 6ème siècle la dynastie dominante de la moitié nord de l’Irlande. Ses diverses branches donnèrent un certain nombre de hauts rois d’Irlande entre les 7ème et 11ème siècles.
[11] Le Leinster est une des quatre provinces traditionnelles de l’Irlande. Recouvrant la partie orientale de l’île
[12] Dál nAraidi ou Dál Araide est un royaume Cruithnes ou peut-être une confédération de tribus Cruthines, du Nord-Est de l’Irlande pendant le Moyen Âge. Il est une patrie du royaume provincial d’Ulaid, et ses souverains luttent contre ceux du Dál Fiatach pour la suzerainté de la province. Lors de sa plus grande expansion les frontières du Dál nAraidi correspondaient à peu près à celle de Comté d’Antrim, et semblaient à celles des Robogdii de la Géographie de Claude Ptolémée , une région partager avec le Dál Riata. Leurs capitale était établie à Ráth Mór dans les environ d’Antrim, et leur fondateur éponyme était Fiachu Araide.
[13] Le comté de Wicklow est un comté d’Irlande située au sud de Dublin sur la côte est de l’ile dans la province du Leinster. Sa superficie est de 2 024 km². Il est bordé par la mer d’Irlande à l’est et des comtés de Wexford, Carlow, Kildare, Dublin-Sud et Dun Laoghaire-Rathdown. La capitale du comté est la ville de Wicklow
[14] Situé dans le sud-ouest de l’île, le Munster, est l’une des quatre provinces d’Irlande. Il comprend six comtés. Au début du Moyen Âge, la plus grande partie de la province actuelle faisait partie du Royaume de Munster, dirigé par Eóganachta, qui succeda aux Dáirine et Corcu Loígde à partir du 7ème siècle. Les trois couronnes du drapeau de Munster ressemblent à celles du drapeau de Dublin et du blason de sudédois, elles représentent les trois royaumes issus de la séparation de la province au 12ème siècle : Thomond (nord), Desmond (sud), et Ormond (est). Ces derniers royaumes furent eux-mêmes absorbés par renonciation et restitution dans le Pairage d’Irlande comme comtés. Ces noms n’existent plus qu’indirectement aujourd’hui, en particulier pour le comté de Thomond.
[15] Le comté de Kildare est une circonscription administrative de la république d’Irlande située au sud-ouest de Dublin, dans la province du Leinster.
[16] Connacht ou Connaught est une province de la République d’Irlande située à l’ouest sur la côte atlantique. La province comprend les cinq comtés de Galway, Leitrim, Mayo, Roscommon et Sligo. Après la première intervention des barons anglo-normands en Irlande Guillaume du Bourg reçoit vraisemblablement le titre de « seigneur de Connaught » mais il ne peut pas prendre possession de son domaine qui demeure entre les mains des Uí Conchobair jusqu’en 1224/1235. À cette date Richard Mor de Burgh se prévalant des droits de son père réclame l’investiture sur le Connacht. Il reçoit l’appui de son parent Hubert de Burgh qui est « Justicier d’Irlande » et qui l’autorise à effectuer une levée féodale parmi les barons normands pour conquérir le Connacht à partir de 1227. Après avoir vaincu Felim mac Cathal Crobderg Ua Conchobair roi de Connacht issu des Uí Conchobair qui ne conserve plus comme vassal du roi d’Angleterre que cinq cantons de son ancien royaume Richard de Burgh se proclama seigneur de Connaught en 1235.
[17] Le Ard rí Érenn désigne, dans la mythologie celtique et l’histoire médiévale de l’Irlande, le souverain qui règne sur la totalité de l’île. Ard rí signifie « roi suprême » et « Érenn » provient de la déesse Ériu, véritable personnification du pays
[18] Le royaume d’Airgíalla ou Airgialla est le nom d’une fédération de royaume irlandais qui s’est formée vers le 7ème siècle. Leur implantions historique s’étend sur les provinces actuelles de Leinster et d’Ulster et correspondant aux modernes Comté de Louth, et Comté de Monaghan. Dans les anciens manuscrits, l’évêque du Diocèse de Clogher est nommé Évêque d’ Oirialla.
[19] Le comté de Londonderry ou comté de Derry est un des 6 comtés irlandais formant l’Irlande du Nord dans la province d’Ulster. Il est nommé d’après sa ville principale, Londonderry également appelée Derry. Outre Derry, une autre grande ville du comté est Coleraine. Le comté est bordé par les comtés nord-irlandais d’Antrim et de Tyrone et le comté de Donegal.
[20] Le système des plantations en Irlande recouvre les différentes politiques de colonisation de l’île d’Irlande par la royauté anglo-écossaise. Les plantations ont été installées aux 16 et 17ème siècles en Irlande par confiscation des terres occupées par les clans gaéliques et les dynasties hiberno-normandes, principalement en Munster et en Ulster, dans le nord-est de l’île. Ces terres ont été attribuées par la couronne britannique à des colons (planters) venus de Grande-Bretagne. Ce processus commence sous le règne d’Henri VIII d’Angleterre et continue sous les règnes de Marie 1ère et Élisabeth Ire. Il s’accéléra ensuite sous le règne de Jacques VI.
[21] La Boyne est un fleuve d’Irlande. Le fleuve coule sur 112 kilomètres entre sa source à Newbury Hall, près de Carbury, dans le Comté de Kildare et son embouchure dans la Mer d’Irlande à Drogheda (Comté de Meath).
[22] 1er novembre
[23] Tara est un site archéologique d’Irlande dans le comté de Meath. Dans la mythologie celtique irlandaise, Tara est la capitale mythique de l’Irlande, située dans la cinquième province de Mide, dans le centre du pays : c’est la colline des rois. Le récit Suidigud Tellach Temra (« Fondation du domaine de Tara ») expose la suprématie de la ville sur le reste de l’île. Elle voisine d’autres sites archéologiques majeurs, dont Brú na Bóinne.
[24] Iona est une petite île du nord-ouest de l’Écosse, dans les Hébrides intérieures, séparée de l’île de Mull par le détroit d’Iona. L’île, avec 4,8 km du nord au sud et 2,4 km de d’est en ouest, s’étend sur 800 hectares. Le point le plus élevé, Dun I, culmine à 101 m. En 563, saint Colomba d’Iona ou Columcille, exilé d’Irlande, a fondé un monastère sur l’île sous le double patronage de Conall mac Comgaill, roi de Dal Riada, et de Brude mac Maelchon, roi des Pictes. Sa communauté connut une belle évolution, comme en témoignent les croix savamment sculptées et les pierres tombales, mais fut décimée par les invasions nordiques au 8ème et au 9ème siècles.
[25] Les Midlands d’Irlande sont une région du centre de l’Irlande, composée approximativement des comtés de Laois, de Leitrim, de Longford, d’Offaly, de Roscommon, de Tipperary, et de Westmeath.