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L’histoire pour le plaisir

Childebrand 1er

vendredi 26 septembre 2025, par lucien jallamion

Childebrand 1er (mort après 751)

Fils de Pépin de Herstal, maire des palais [1] des royaumes francs, et frère ou demi-frère de Charles Martel.


Les historiens sont partagés sur la question de savoir si Alpaïde, la seconde épouse de Pépin de Herstal dit Pépin II et mère de Charles Martel, est également la mère du comte Childebrand.

Le terme utilisé pour qualifier la parenté entre Charles Martel et Childebrand est germanus, qui signifiait frère de même père, et éventuellement de même mère.

Le portrait élogieux d’Alpaïde que Childebrand brosse dans la continuation de la chronique milite en faveur de la maternité d’Alpaïde envers Childebrand.

Childebrand est qualifié d’avunculus de Pépin le Bref, alors que s’il était frère de père et de mère de Charles, le terme correct aurait été patruus. Enfin l’onomastique ne montre pas de lien entre la descendance des 2 frères. Mais en fait, avunculus avait déjà à cette époque le sens large d’oncle, sans plus de précision, le fait que Childebrand ne se cite pas peut passer pour de la modestie, et la fraternité est assurée par des textes, même si on ne retrouve pas les mêmes prénoms dans les deux branches.

Qualifié de vir inluster [2], il est fait comte en Bourgogne [3] et duc en Provence [4] vers 737 et possédait une villa à Marolles-sur-Seine [5]. Il reçoit de son demi-frère le gouvernement de l’Autunois [6], ainsi que de grands domaines dans le Charolais [7] et le Brionnais [8] pris sur les diocèses d’Autun [9] et de Bourges [10], qu’il léguera à sa descendance.

En 737, il est au côté de Charles Martel dans les expéditions entreprises contre les Sarrasins [11] à Avignon [12] et en Narbonnaise [13].

Duc des Francs et comte de Bourgogne, il est à l’origine de la famille des Nibelungides [14] attachée au service des Carolingiens. Il est également connu pour être le second continuateur de la chronique médiévale de Frédégaire [15] qu’il a rédigée de 736 à 751, à la suite du “Moine de Laon”. En 751, la chronique est reprise par son fils, ce qui permet de dater sa mort à la période qui suit 751.

Son épouse n’est pas connue, mais elle apporte à la famille le prénom de Nibelung porté par son fils. Elle peut être : soit d’origine royale burgonde [16] famille que la tradition rapproche des Nibelungen ; soit de la famille ducale d’Alémanie [17], parmi lesquels se trouve un Nebi ; soit issue des rois de Thuringe [18].

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Pierre Riché, Les Carolingiens, une famille qui fit l’Europe, Paris, Hachette, coll. « Pluriel », 1983 (réimpr. 1997), 490 p. (ISBN 2-01-278851-3

Notes

[1] A l’origine intendant général, chargé de diriger les services politiques et domestiques de la maison du roi, le maire du palais apparaît, dès le milieu du 7ème siècle, comme le personnage principal de l’Etat. C’est lui, de fait, qui exerce la réalité du pouvoir.

[2] homme illustre

[3] Le comté de Bourgogne, appelée aussi Franche Comté de Bourgogne était un important comté fondé en 986 par le comte Otte-Guillaume de Bourgogne et dont le territoire correspond aujourd’hui approximativement à l’actuelle région de Franche-Comté. Il avait pour capitale Dole (château de Dole) et était gouverné du 10ème au 17ème siècle par les comtes palatins de Bourgogne. Ce comté est formé par la réunion des quatre circonscriptions administratives carolingiennes (pagi bourguignons) : l’Amous (région de la Saône, de l’Ognon et du Doubs), l’Escuens (région de Château-Chalon), le Portois (région de Port-sur-Saône) et le Varais (région enserrée dans le « M » que forme le tracé de la rivière le Doubs).

[4] En 736, année où Charles Martel envahit la vallée du Rhône avec son demi-frère Childebrand et dévaste la région, reprenant Arles et Avignon, tout en repoussant le duc Mauronte dans Marseille ; soit en 739, date de la mort d’Abbon dont la charge de duc et de patrice, faisant ombrage à la nouvelle dynastie carolingienne, fut supprimée par Pépin le Bref, et dont les successeurs instituèrent, à la place de ces gouverneurs inamovibles, des inspecteurs généraux divisionnaires, appelés missi dominici, dont les fonctions étaient temporaires et révocables à la volonté du souverain

[5] Marolles-sur-Seine est une commune française située dans le département de Seine-et-Marne. Le village est situé à 7 km à l’est de Montereau-Fault-Yonne sur la rive gauche de la Seine. La commune s’étend sur un axe est-ouest de part et d’autre de la Seine, bordée au sud par l’Yonne.

[6] L’Autunois est une région naturelle de France située au nord-ouest du département de Saône-et-Loire, dominant la vallée de l’Arroux, dont Autun est la ville principale.

[7] De 973 à 1237, le Charolais appartient au comte de Chalon. Il n’y a pas de titre particulier lié aux Charolais. En 1237, Hugues IV, duc de Bourgogne l’achète au comte de Chalon, et le donne à son second fils Jean en 1248. Le Charolais aurait été érigé en comté entre 1270 et 1316 selon les sources. Pendant la période de l’État bourguignon (1363-1559), le titre de Comte de Charolais fut systématiquement donné à l’héritier du Duc de Bourgogne. Par exemple, Charles le Téméraire, du vivant de son père Philippe le Bon, porta le titre de comte de Charolais.

[8] Le Brionnais est une petite région, pays traditionnel de France, situé dans le sud de la Bourgogne. Elle est réputée pour ses églises romanes, ses châteaux, sa gastronomie (région d’origine du bœuf charolais) et ses paysages verdoyants.

[9] Le diocèse d’Autun (en latin : Dioecesis Augustodunensis) est un diocèse de l’Église catholique. Son territoire correspond au département de Saône-et-Loire, en Bourgogne. Il est aujourd’hui rattaché à l’archidiocèse de Dijon, après avoir été antérieurement premier suffragant de la Primatiale des Gaules. Érigé à la fin du 3ème siècle, il est un des diocèses historiques de la Bourgogne. En 1789, il couvrait l’Autunois, le Beaunois, l’Avalois et l’Auxois, quatre pays traditionnels de Bourgogne. De 1801 à 1822, il couvre les départements de la Nièvre et de Saône-et-Loire. Depuis 1822, il ne couvre plus que celui de Saône-et-Loire.

[10] Baugy, Sancenay et Perrecy

[11] Sarrasins ou Sarrazins est l’un des noms donnés durant l’époque médiévale en Europe aux peuples de confession musulmane. On les appelle aussi Arabes, Ismaélites ou Agaréniens. D’autres termes sont employés également comme Maures, qui renvoient aux Berbères de l’Afrique du Nord après la conquête musulmane. Le terme de Sarrasin se cristallise finalement sur l’opposition avec l’ennemi dans le contexte des Croisades menées par l’Occident chrétien en Terre sainte.

[12] Avignon est une ville du Sud de la France, située au confluent du Rhône et de la Durance. Surnommée la « cité des papes » en raison de la présence des papes de 1309 à 1423, elle est actuellement la plus grande ville et la préfecture du département de Vaucluse. C’est l’une des rares villes françaises à avoir conservé ses remparts et son centre historique, composé du palais des papes, de l’ensemble épiscopal, du rocher des Doms et du pont d’Avignon.

[13] L’expression Gaule narbonnaise désigne, chez certains historiens du 19ème siècle, une province romaine ainsi nommée dès 118 av. jc après la fondation de la colonie romaine de Narbonne. En réalité, la province a été successivement nommée : « Gaule transalpine » après sa conquête par Rome ; « Gaule romaine » après la conquête du reste de la Gaule par Jules César, pour la distinguer de la Gaule chevelue (mais l’expression « Gaule transalpine » a continué d’être utilisée) ; « Narbonnaise » après la réorganisation des Gaules par l’empereur Auguste, en même temps que sont créées les provinces de Gaule belgique, de Gaule lyonnaise et d’Aquitaine. À la suite de la réorganisation de l’Empire par Dioclétien (vers 300), sont créées les provinces de Narbonnaise première, de Narbonnaise seconde et de Viennoise.

[14] Les Nibelungides ou Nivelonides sont une famille de la noblesse franque qui descend de Childebrand, fils de Pépin de Herstal, et frère de Charles Martel. Elle tient son nom de la fréquence en son sein du prénom germanique Nibelung, dont la forme française est Nivelon (du latin Nebulones). Nibelung veut dire fils de la nuée ou de la brume. Ce prénom est porté notamment par Nivelon 1er, fils de Childebrand. Cette famille a été possessionnée en Bourgogne et en Picardie.

[15] On désigne conventionnellement sous le nom de Chronique de Frédégaire ou Pseudo-Frédégaire une compilation historiographique constituée en plusieurs étapes dans la Gaule du haut Moyen Âge, relevant du genre de la Chronique universelle, et relatant les événements depuis la Création du monde jusqu’au 9 octobre 768 (jour de l’avènement de Charlemagne et de son frère Carloman) dans la version la plus longue.

[16] D’abord cantonnés en Sapaudia les Burgondes commencèrent par grignoter le territoire gaulois vers l’ouest. En 457, Gondioc et Chilpéric Ier saisirent une première occasion de pousser leurs frontières. A l’été 457 le Valais, la Tarentaise, les villes de Besançon, Chalon sur Saône, Langres, Autun, Grenoble ainsi que Lugdunum, la vieille capitale des Gaules, se livrèrent pacifiquement aux Burgondes. Egidius, le généralissime de Majorien en Gaule reprit aussitôt la capitale des Gaules mais il abandonna aux rois Burgondes leurs nouvelles terres. Lugdunum reviendra aux Burgondes vers 467 lorsque Chilpéric 1er s’en empara, comme il s’empara également à la même époque de la ville de Vienne. Il profita probablement des troubles qui secouèrent entre 469 et 475 un Empire d’Occident, alors à l’agonie, pour porter jusqu’à la Durance les limites de son royaume. Les villes de Viviers, Gap, Embrun, Die, Sisteron, Orange, Apt, Cavaillon, Avignon devinrent villes burgondes. L’empereur Népos reconnut leurs conquêtes. Dès ce moment le royaume burgonde eut, ou peu s’en faut, les limites qu’il conserva dès lors. Ce territoire ne comprenait pas moins de 25 diocèses ou anciennes cités romaines : Auxerre, Langres, Besançon, Chalon sur Saône, Autun, Lugdunum, Genève, Windisch, Octodurum actuellement Martigny, en Suisse, Vienne, Valence, Carpentras, Orange, Avignon, Cavaillon, Vaison, Gap, Embrun, Sisteron, Grenoble, Aoste, Die, Viviers, Saint-Paul-Trois-Châteaux, Apt. Mais les Burgondes gagnent ou perdent incessamment du terrain. Marseille et son port, Arles et la Provence gagnés vers 484, et perdus après la guerre contre les Francs, conquêtes éphémères, auront un moment fait partie de leur territoire. À son apogée, les contours du royaume burgonde touchaient, au nord, la ligne des Vosges et la Durance au midi ; d’orient en occident, ils s’étendaient de l’Aar à la Saône et la Haute-Loire. Ce fut le territoire soumis à cette royauté qui prit, une première fois, le nom de Burgondia dans une correspondance de Cassiodore et rédigée en 507 au nom de Théodoric le Grand.

[17] Les dénominations de royaume barbare d’Alémanie ou de royaume des Alamans ne désignent pas un territoire unifié dirigé par un seul et unique roi, mais une confédération de petits royaumes cohabitant dans un espace géographique dénommé Alémanie pour la première fois en l’an 289. La zone correspond à la province romaine de Germanie supérieure, avec des territoires situés aujourd’hui en Suisse, au pays de Bade et en Alsace.

[18] Le landgraviat de Thuringe est un ancien État du Saint-Empire romain germanique. Créé vers 1111/1112 sous le règne de l’empereur Henri V, il est attribué à la dynastie des Ludowinges lors de la nomination du landgrave Louis 1er par le roi Lothaire III en 1131. Les landgraves de Thuringe comptèrent parmi les princes les plus puissants de l’Empire, ils devaient cependant se défendre contre la concurrence des archevêques de Mayence (à Erfurt) et de nombreuses familles comtales, telles que les Schwarzbourg, les comtes de Weimar-Orlamünde, la maison d’Henneberg ou la maison Reuss.