Hugues 1er du Puiset-Jaffa (mort en 1118)
Seigneur du Puiset de 1097 à 1106-Comte de Jaffa en 1118
Fils de Hugues 1er Blavons , seigneur du Puiset [1] et d’Alice de Montlhéry.
Par sa mère, il est apparenté à un certain nombre de participants de la première croisade [2] dont son frère aîné Érard III, son cousin germain Baudouin du Bourg, qui devient comte d’Édesse [3]. Un autre cousin germain, Josselin de Courtenay, les rejoint en Terre sainte en 1101.
Hugues du Puiset reste en France et administre la seigneurie du Puiset pendant l’absence de son frère, puis après la mort de ce dernier après le siège de Jérusalem. En 1106, il confie la seigneurie et son neveu Hugues III, le fils d’Érard, à son frère Guy, seigneur de Méréville et organise son départ en Terre Sainte, avec son épouse Mabel de Roucy, ses frères Gilguin et Galéran et un neveu, Raoul de Pont-Echanfray.
En chemin ils s’arrêtent à Tarente [4], possession de Bohémond de Tarente oncle de Mabel de Roucy. Celle-ci y accouche d’un fils, prénommé Hugues comme son père, et comme les parents jugent la santé de l’enfant trop fragile pour supporter la traversée jusqu’en Palestine [5], ils confient cet enfant à la garde de Bohémond. L’enfant est élevé avec son cousin germain Bohémond II.
Peu après son arrivée dans le royaume de Jérusalem [6], Hugues 1er du Puiset acquiert des terres dans les environs de Jaffa [7] et les défend contre les incursions des Fatimides [8] d’Égypte. Le 28 septembre 1110, une charte de donation signée par le roi Baudouin 1er en faveur des Hospitaliers [9] mentionne Hugues du Puiset comme témoin.
Baudouin 1er meurt le 2 avril 1118 et son cousin Baudouin du Bourg, également cousin d’Hugues du Puiset, lui succède sous le nom de Baudouin II. Le port de Jaffa était le plus important de Terre Sainte et le plus exposé aux incursions égyptiennes et Baudouin II, afin de faciliter sa défense, crée le comté de Jaffa qu’il confie à Hugues de Puiset au cours de l’été 1118. Mais Hugues meurt peu après en 1118, et sa veuve se remarie avec un croisé qui vient d’arriver en Terre Sainte, Albert de Namur .
Il épouse Mabel de Roucy, fille d’Ebles II de Montdidier, comte de Roucy [10] et de Sybille de Hauteville.
Notes
[1] Le Puiset est une commune française, située dans le département d’Eure-et-Loir La Beauce étant située à la limite du domaine administré par le roi de France, Louis VI y affronta en 1111 son vassal pillard, Hugues III du Puiset, et rasa le château, vengeant ainsi l’humiliation subie par son père Philippe 1er en 1079. Aujourd’hui encore la motte de l’ancien château reste visible.
[2] La première croisade s’est déroulée de 1096 à 1099 à la suite, entre autres, du refus intervenu en 1078 des Turcs Seldjoukides de laisser libre le passage aux pèlerins chrétiens vers Jérusalem. Cette croisade s’achève par la prise de Jérusalem et la création du royaume chrétien de Jérusalem.
[3] Le comté d’Édesse est l’un des premiers États latins d’Orient, le plus avancé dans le monde islamique. C’est aussi le premier à être reconquis par les musulmans, une cinquantaine d’années après sa création. À son avènement, le comté d’Édesse se réduit à la ville et à ses alentours, ainsi que des cités de Turbessel et de Ravendel. Les Ortoqides tiennent les environs de Saruj et de Mardin, les Danichmendides dominent le nord jusqu’à Samosate et les Byzantins tiennent la région de Marach, au bord de la Cilicie, qui leur a été remise par les Francs en 1097. Quelques cités, comme Bira et Malatya, sont tenues par des chefs arméniens.
[4] La principauté de Tarente était un fief dépendant du royaume de Sicile, puis du royaume de Naples. Il a souvent été attribué à des membres de la famille royale. La principauté a été créée à la mort de Robert Guiscard de Hauteville, duc de Pouilles, en 1085. Ce dernier avait d’un premier mariage avec une normande, un fils, Bohémond, et d’un second mariage avec une princesse lombarde un autre fils, Roger Borsa. C’est ce dernier qu’il avait choisi pour lui succéder dans le duché de Pouilles. En compensation, Bohémond reçut de nombreuses terres dans la Capitanate, autour de Tarente, terres qui formèrent la principauté de Tarente. Bohémond partit pour la première croisade en 1096 et conquit la principauté d’Antioche. Il ne revint plus en Italie jusqu’à sa mort en 1111. Son fils Bohémond II lui succéda, mais mourut en Terre Sainte en 1131 en ne laissant qu’une fille. Le titre de prince ou de princesse de Tarente fut par la suite attribué à plusieurs membres de la famille royale, notamment à Charlotte de Naples, petite-fille de Ferdinand 1er et d’Isabelle de Chiaramonte. Le titre fut repris par la famille de La Trémoille, descendants de sa fille Anne de Laval ; le fils aîné des ducs de Thouars et de la Trémoïlle porta le titre de prince de Tarente jusque dans les années 1930.
[5] Le nom Palestine désigne la région historique et géographique du Proche-Orient située entre la mer Méditerranée et le désert à l’est du Jourdain et au nord du Sinaï. Si le terme « Palestine » est attesté depuis le 5ème siècle av. jc par Hérodote, il est officiellement donné à la région par l’empereur Hadrien au 2ème siècle, désireux de punir les Juifs de leur révolte en 132-135. Elle est centrée sur les régions de la Galilée, de la Samarie et de la Judée. Ses limites sont au nord la Phénicie et le mont Liban et au sud la Philistie et l’Idumée. À l’époque des croisades, le Pérée au nord-est de la mer Morte, la Batanée et la Décapole au-delà du Jourdain y étaient attachés. La Palestine peut désigner le territoire situé uniquement à l’ouest du Jourdain. Historiquement, elle correspond à Canaan, à la Terre d’Israël et fait partie de la région de Syrie (Syrie-Palestine). Les Arabes, qui ont conquis la Palestine sur les Byzantins dans les années 630, divisent la province d’al-Sham en cinq districts (jund), dont l’un garde le nom de « Palestine » et s’étend du Sinaï jusqu’à Akko (connue par les Chrétiens sous le nom de Saint-Jean-d’Acre) ; son chef-lieu est d’abord Ludd (Lod) puis, dès 717, ar-Ramlah (Ramla) et plus tard Jérusalem. Les autres villes les plus importantes sont Rafah, Gaza, Jaffa, Césarée, Naplouse et Jéricho. Ce district de « Palestine » était bordé au nord et à l’est par celui de « Jordanie », al-Urdunn, qui avait pour capitale Tibériade et incluait Akko et Tyr. Les frontières entre ces deux districts ont plusieurs fois varié au cours de l’histoire. À partir du 10ème siècle, cette division a commencé à tomber en désuétude, pour faire place finalement au royaume chrétien de Jérusalem. Sous le gouvernement des Croisés, est fondé en 1099, le royaume latin de Jérusalem ; Jérusalem redevient capitale d’un État. Après la défaite et le départ des Croisés, aux 12ème et 13ème siècles, les jund (districts) arabo-musulmans sont réintroduits, mais leurs frontières sont sans cesse redéfinies.
[6] Le royaume de Jérusalem fut fondé par des princes chrétiens à la fin de la première croisade, lorsqu’ils s’emparèrent de la ville. C’est l’un des États latins d’Orient. On peut distinguer plusieurs périodes dans son histoire : celles où le titre de roi de Jérusalem est associé à la mainmise croisée sur la ville (1099 - 1187 et 1229 - 1244), et celles où le titre représente le plus haut niveau de suzeraineté des croisés en Terre sainte, mais durant lesquelles la ville en elle-même n’appartient pas aux soldats croisés. Le royaume de Jérusalem fut créé en 1099 après la prise de la ville et ne disparut réellement qu’avec le départ des derniers croisés de Tortose en août 1291, soit moins de deux siècles plus tard.
[7] Le comté de Jaffa est un fief sur le littoral du royaume de Jérusalem, qui est aussi une marche face à l’Égypte fatimide. La ville de Jaffa fut prise dès 1099, et Baudoin 1er en fit un comté qu’il confia à Hugues du Puiset. En 1135 le comte Hugues II fut accusé d’adultère avec la reine Mélisende de Jérusalem, et son comté fut confisqué, pour être donné en apanage à des membres de la famille royale. En 1153, la ville d’Ascalon est prise, et le comté devient comté de Jaffa et d’Ascalon. Jaffa fut prise par Saladin après la bataille de Hattin en 1187, et reconquise en 1191 par Richard Cœur de Lion. Elle fut définitivement prise par les musulmans en 1268. À la suite de la perte définitive de Jaffa en Terre sainte, les comtes de Jaffa se réfugièrent, comme d’autres seigneurs du royaume de Jérusalem, à Chypre où leurs titres continuèrent d’être transmis.
[8] Les Fatimides (également appelés Obeydides ou Banu Ubayd depuis le manifeste de Bagdad ont formé une dynastie califale arabe chiite ismaélienne d’ascendance alide qui régna, depuis l’Ifriqiya (entre 909 et 969) puis depuis l’Égypte (entre 969 et 1171), sur un empire qui englobait une grande partie de l’Afrique du Nord, la Sicile et une partie du Moyen-Orient. Issus de la branche religieuse chiite des ismaéliens pour laquelle le calife doit être choisi parmi les descendants d’Ali, cousin et gendre du prophète de l’islam Mahomet, les Fatimides considèrent les Abbassides sunnites comme des usurpateurs de ce titre. L’établissement de leur califat débute au Maghreb, grâce à l’appui des Berbères Kutama, grande tribu qui était établie à l’est de l’actuelle Algérie qui vont renverser le pouvoir local aghlabide. Après un intermède en Ifriqiya, ils finiront par s’établir dans la ville du Caire qui pendant leur règne prendra un essor considérable.
[9] L’ordre de Saint-Jean de Jérusalem, généralement connu, dès le 12ème siècle, sous le nom de Ordo Hospitalis Sancti Johannis Hierosolymitani, est un ordre religieux catholique hospitalier et militaire qui a existé de l’époque des Croisades jusqu’au début du 19ème siècle. Son origine remonterait à la fin du 11ème siècle dans l’établissement des marchands amalfitains à Jérusalem et la création d’hôpitaux, d’abord à Jérusalem, puis en Terre sainte, d’où leur nom d’« Hospitaliers ». À la suite de donations, ils vont posséder des établissements, prieurés et commanderies dans toute l’Europe catholique. À l’instar des Templiers, il assume rapidement une fonction militaire pour défendre les pèlerins qu’il accueille sur les chemins de Jérusalem, puis pour combattre les Sarrasins aux côtés des Francs de Terre sainte. Après l’expulsion des Croisés de Terre sainte en 1291, l’Ordre s’installe à Chypre avant de conquérir l’île de Rhodes en 1310 et de devenir une puissance maritime pour continuer à être le rempart de la chrétienté contre les Sarrasins. À la suite de la disparition de l’ordre du Temple en 1314, les Hospitaliers reçoivent les biens des Templiers, ce qui fait d’eux l’ordre le plus puissant de la chrétienté. Expulsé de Rhodes en 1523 par la conquête turque, l’Ordre s’installe à Malte en 1530, dont il est considéré comme le souverain, par décision de Charles Quint.
[10] Roucy était l’une des sept pairies du duché de Champagne, il en formait la limite nord-ouest. Le comte de Roucy portait aussi le titre de comte de Reims, et a un temps possédé le château de la Porte de Mars, le château épiscopal de Reims. Le comté, bien que variant au fil du temps et des querelles seigneuriales s’étendait le long de l’Aisne de Pargnan en aval à Évergnicourt en amont. Au nord limité par le tracé de l’Ailette et au sud par celui de la Vesle. Il jouxtait les terres du Laonnois au nord, du domaine royal par l’ouest et la Braine, du duché de Champagne avec la ville de Reims et les terres du Rethelois à l’est.