C’était une jeune vestale [1] romaine injustement accusée d’avoir trahi son obligation de chasteté, et dont la vertu fut miraculeusement prouvée, selon le récit d’Aurelius Victor.
À la fin du voyage de la pierre sacrée de Cybèle de Pessinonte [2] en Phrygie [3] à Rome en 205/204 av. jc, le navire la transportant s’enfonce dans la vase du Tibre [4]. Les hommes essayent de le remorquer avec une corde mais il ne bouge pas. La consultation des livres sibyllins [5] indiqua que seule une femme très chaste pourrait le déplacer.
Claudia Quinta, accusée alors d’adultère, prie alors la déesse de la suivre, afin de mettre à l’épreuve son innocence. Elle attache sa ceinture au navire et le remorque à elle seule. La déesse prouve ainsi la pureté de la jeune femme.
Tacite rapporte que la statue représentant Claudia Quinta échappa par 2 fois à la fureur des flammes et fut consacrée dans le temple de la déesse Cybèle.
Notes
[1] Une vestale est une prêtresse de la Rome antique dédiée à Vesta, divinité italique dont le culte est probablement originaire de Lavinium et qui fut ensuite assimilée à la déesse grecque Hestia. Le nombre des vestales en exercice a varié de quatre à sept. Choisies entre 6 et 10 ans, elles accomplissaient un sacerdoce de trente ans durant lequel elles veillaient sur le foyer public du temple de Vesta situé dans le Forum romain. Durant leur sacerdoce, elles étaient vouées à la chasteté, symbole de la pureté du feu.
[2] Pessinonte était, dans l’Antiquité, une ville de Galatie, chez les Galates Tectosages, peuples celtes issus de la Grande Expédition. Elle était située à 15 km du Sangarios et à 50 km au sud-ouest de Gordion, et correspond à l’actuel village de Ballıhisar ou Balhisar dans le district de Sivrihisar de la province d’Eskişehir en Turquie. Le roi Midas lui-même serait à l’origine de la fondation de la cité et y aurait construit le premier temple de Cybèle au 8ème siècle av. jc. Le culte de la déesse mère s’est ensuite répandu en Grèce, puis dans l’empire romain.
[3] La Phrygie est un ancien pays d’Asie Mineure, situé entre la Lydie et la Cappadoce, sur la partie occidentale du plateau anatolien. Les Phrygiens sont un peuple indo-européen venu de Thrace ou de la région du Danube. Ils ont occupé vers 1200 av.jc la partie centrale et occidentale de l’Asie Mineure, profitant de l’effondrement de l’Empire hittite.
[4] Le Tibre est un fleuve italien qui se jette dans la mer Tyrrhénienne. C’est le plus long fleuve d’Italie après le Pô et l’Adige. Il traverse notamment la capitale italienne, Rome, à l’histoire de laquelle il est étroitement lié.
[5] Les livres sibyllins sont un recueil d’oracles conservé à Rome dans l’Antiquité. Selon une tradition ancienne, ils furent achetés à une sibylle par le roi Tarquin le Superbe. Les livres sibyllins ne sont consultés qu’à la suite d’un prodige (ou présage) grave. Il s’agit de savoir quel dieu apaiser et par quels rites. Ils furent d’abord confiés à un collège de deux prêtres, nombre qui s’accrut par la suite pour atteindre 15 membres sous l’Empire, qu’on appela alors les quindecemviri sacris faciundis. La réponse était d’abord lue au Sénat, qui statuait ensuite sur l’opportunité de sa publication. Pendant la guerre sociale (entre 91 et 89 av. J.-C.), un incendie au Capitole détruisit les exemplaires des livres sibyllins. Pour les reconstituer, on fit rechercher les prophéties de la Sibylle enregistrées à Samos, à Ilion, à Érythrée, dans les colonies grecques d’Italie, en Afrique et en Sicile. Les prêtres firent ensuite un tri pour ne retenir que celles qui leur paraissaient véritables. À la fin de l’Empire romain d’Occident, probablement lors des mesures antipaïennes promulguées par Honorius à partir de 404, les chrétiens s’emparèrent des livres sibyllins et les brûlèrent. Rutilius Namatianus, préfet de Rome en 417, dénonce Stilicon comme l’instigateur de cette action sacrilège