Salomon de Hongrie ou Salomon Árpád (1052-1087)
Roi de Hongrie de 1063 à 1074
Fils d’André 1er le Catholique et d’Anastasia de Kiev. À la mort de Béla 1er, Salomon, déjà couronné encore enfant en 1057 par son père, est reconnu roi à l’âge de 11 ans et couronné à nouveau.
Les tensions avec son cousin Géza 1er l’oblige à faire appel à l’Allemagne alors que celui-ci demande de l’aide à la Pologne. Mais la situation ne dégénère pas davantage et la guerre n’est pas déclarée. Le 20 janvier 1064, Salomon et Géza concluent un traité à Rába [1], reconnaissant la souveraineté de Salomon sur la Hongrie et celle de Géza sur son territoire.
6 ans plus tard, de nouveaux conflits reprennent entre Salomon et les ducs Géza et Ladislas 1er, conflits qui se terminent le 14 mars 1074 par la défaite de Salomon à la bataille de Mogyoród [2]. Cette défaite s’explique par le fait que le duc Géza 1er reçoit l’appui de son beau-frère le duc Othon d’Olomouc dit Othon 1er de Bohême , alors que Salomon est abandonné par l’empereur Henri IV. Géza devient roi de Hongrie.
Henri IV intervient néanmoins en sa faveur à la fin de 1074 et son armée avance jusqu’à Vác [3] mais l’offensive allemande doit s’arrêter et Salomon doit se contenter d’un domaine réduit entre Moson [4] et Pozsony [5] où il réside jusqu’en 1081.
L’ex-roi Salomon conspire de nouveau contre son cousin Ladislas 1er devenu roi en 1077 après la mort de Géza 1er mais il est interné dans une tour à Visegrád [6]. Libéré en 1083 il retourne voir son épouse Judith de Franconie qui résidait en Allemagne à Ratisbonne [7], mais elle refuse de le recevoir. Salomon tente une nouvelle fois d’entrer en Hongrie avec, semble-t-il, l’aide des Petchénègue [8] et peut-être des Iasses [9] et des Valaques [10] de Moldavie [11], mais il est défait.
En 1087 il monte une nouvelle expédition avec des mercenaires Pétchénègues contre l’Empire byzantin [12], mais est surpris par l’armée byzantine qui met son armée en fuite : Salomon et Tselgu sont tués au combat. Sa mort est relevée en 1087 par les annalistes. Il aurait été inhumé à Pula [13] sur l’Adriatique [14].
En 1063, Salomon épouse Judith de Franconie, fille de l’empereur Henri III le Noir, dont il eut une fille, Zsófia morte vers 1110.
Notes
[1] auj. Győr
[2] La Bataille de Mogyoród a eu lieu entre Mogyoród et Cinkota le 14 mars 1074. Elle opposait d’un côté les fils de Béla 1er au roi Salomon 1er. Il s’agit d’un conflit d’allégeance, les premiers reprochant au titulaire du trône sa soumission au Saint Empire romain germanique. À l’issue de la bataille, Géza prend le contrôle du pays.
[3] Vác est une ville hongroise située sur la rive gauche du Danube à 35 km au nord de Budapest, au sortir du coude du Danube.
[4] Moson est une ancienne commune rattachée en 1939 à la ville de Magyaróvár, dans le département de Győr-Moson-Sopron en Hongrie.
[5] Bratislava connue aussi historiquement sous le nom de Presbourg, est la capitale de la Slovaquie depuis 1993, située au Sud-Ouest du pays, juste à la frontière avec l’Autriche et avec la Hongrie, et à proximité de la frontière avec la République tchèque. Peuplée de 446 000 habitants, elle est la plus grande ville de Slovaquie
[6] Visegrád est une ville du comitat de Pest, en Hongrie. Elle est située sur le Coude du Danube à une quarantaine de kilomètres au nord de Budapest. Visegrád est célèbre pour son château médiéval. La ville a donné son nom au groupe de Visegrád réunissant la Hongrie, la Pologne, la Tchéquie et la Slovaquie.
[7] Ratisbonne, est une ville allemande, située dans le Land de Bavière et baignée par le Danube. Elle est située à 88 kilomètres de Nuremberg et à 103 kilomètres de Munich, proche de la République tchèque. La ville est le chef-lieu du district du Haut Palatinat et du Landkreis de Regensburg. Après des troubles intérieurs en 1500, le Roi des Romains et futur empereur Maximilien 1er intervint et appliqua une constitution (la Regimentsordnung) à la ville. Modifiée en 1514, elle reste formellement valable jusqu’en 1803. En 1519, lors d’un pogrom, la communauté juive, la plus grande d’Allemagne à l’époque, fut chassée de la ville. Les habitants profitèrent de la transition de pouvoir après la mort de Charles Quint pour détruire l’ancien quartier juif.
[8] Les Petchénègues ou Petchenègues sont un peuple nomade d’origine turque qui apparaissent à la frontière sud-est de l’empire khazar au 8ème siècle. Ils s’installent au 10ème siècle au nord de la mer Caspienne. Selon la légende, ils constituent la tribu Peçenek des Oghouzes, issue de Dağ Han (« prince montagne »).
[9] Les Iasses sont des mercenaires alains signalés au 13ème siècle en Europe orientale, dans le royaume de Hongrie et ses marches moldaves.
[10] Historiquement, avant le milieu du 19ème siècle, « Valaques » était l’exonyme qui désignait les populations locutrices des langues romanes orientales issues de la romanisation des langues thraces et illyriennes (Daces, Gètes, Thraces, Illyres, Dalmates...) à partir du 1er au 6ème siècle dans les Balkans et le bassin du bas-Danube. Il est encore employé dans ce sens par les historiens non spécialistes et notamment dans de nombreux atlas historiques. Les historiens roumains préfèrent employer le terme de « Proto-roumains » (jusqu’au 11ème siècle) et de « Roumains » (depuis le 12ème siècle), d’une part parce qu’à l’instar des autres populations romanophones issues de la désagrégation de l’Empire romain, les « Valaques » se désignaient eux-mêmes par des endonymes comme romani, români, rumâni, rumâri, armâni ou arumâni, d’autre part parce que « Valaques » pouvait aussi être localement employé (notamment dans l’espace ex-yougoslave) pour désigner des montagnards, des bergers ou des fidèles de l’Église orthodoxe non romanophones, ou qui ont cessé de l’être depuis des générations.
[11] La Moldavie, est un pays d’Europe orientale, enclavé entre la Roumanie et l’Ukraine, englobant des parties des régions historiques de Bessarabie et de Podolie méridionale (dite Transnistrie). Sa capitale est Chișinău. La partie de l’actuel territoire moldave située sur la rive droite du Dniestr a fait partie de la principauté de Moldavie (tributaire de l’Empire ottoman à partir de 1538), du 14ème siècle à 1812, date à laquelle elle fut cédée à l’Empire russe.
[12] L’Empire byzantin ou Empire romain d’Orient désigne l’État apparu vers le 4ème siècle dans la partie orientale de l’Empire romain, au moment où celui-ci se divise progressivement en deux. L’Empire byzantin se caractérise par sa longévité. Il puise ses origines dans la fondation même de Rome, et la datation de ses débuts change selon les critères choisis par chaque historien. La fondation de Constantinople, sa capitale, par Constantin 1er en 330, autant que la division d’un Empire romain de plus en plus difficile à gouverner et qui devient définitive en 395, sont parfois citées. Quoi qu’il en soit, plus dynamique qu’un monde romain occidental brisé par les invasions barbares, l’Empire d’Orient s’affirme progressivement comme une construction politique originale. Indubitablement romain, cet Empire est aussi chrétien et de langue principalement grecque. À la frontière entre l’Orient et l’Occident, mêlant des éléments provenant directement de l’Antiquité avec des aspects innovants dans un Moyen Âge parfois décrit comme grec, il devient le siège d’une culture originale qui déborde bien au-delà de ses frontières, lesquelles sont constamment assaillies par des peuples nouveaux. Tenant d’un universalisme romain, il parvient à s’étendre sous Justinien (empereur de 527 à 565), retrouvant une partie des antiques frontières impériales, avant de connaître une profonde rétractation. C’est à partir du 7ème siècle que de profonds bouleversements frappent l’Empire byzantin. Contraint de s’adapter à un monde nouveau dans lequel son autorité universelle est contestée, il rénove ses structures et parvient, au terme d’une crise iconoclaste, à connaître une nouvelle vague d’expansion qui atteint son apogée sous Basile II (qui règne de 976 à 1025). Les guerres civiles autant que l’apparition de nouvelles menaces forcent l’Empire à se transformer à nouveau sous l’impulsion des Comnènes avant d’être disloqué par la quatrième croisade lorsque les croisés s’emparent de Constantinople en 1204. S’il renaît en 1261, c’est sous une forme affaiblie qui ne peut résister aux envahisseurs ottomans et à la concurrence économique des républiques italiennes (Gênes et Venise). La chute de Constantinople en 1453 marque sa fin.
[13] Pula est une ville et une municipalité située en Istrie, dans le comitat d’Istrie, en Croatie. Il s’agit d’une commune bilingue croate/italien. Pula est la seule localité de la municipalité. Pula regroupe nombre d’architectures différentes dans un espace restreint. Les temples romains y défient les palais baroques, les églises chrétiennes font face aux villas autrichiennes, et des pans de murs médiévaux voisinent avec des édifices remontant à l’Antiquité.
[14] La mer Adriatique sépare la péninsule italienne de la péninsule balkanique. L’Adriatique est le bras de la Méditerranée situé le plus au nord en s’étendant du canal d’Otrante (qu’elle inclut et où elle rejoint la mer Ionienne) jusqu’aux villes de Venise et de Trieste et à l’embouchure du Pô. Les pays côtiers sont l’Italie, la Slovénie, la Croatie, la Bosnie-Herzégovine, le Monténégro et l’Albanie, ainsi que la Grèce par l’île de Corfou.