Rabbi Nathan ou Rabbi Nathan HaBavli (2ème siècle)
Tanna israélien de la troisième génération
D’origine juive babylonienne [1]. On lui attribue traditionnellement la rédaction du traité Avot de Rabbi Nathan [2].
Fils d’un exilarque [3], il choisit de quitter la Babylonie [4] et s’établit en terre d’Israël, où il dirige l’école talmudique d’Ousha [5].
Il est également mandaté par le patriarche Rabbi Shimon ben Gamliel pour parvenir à une réconciliation avec Rabbi Hananya de Babylone qui, croyant le Sanhédrin [6] de Judée disparu à la suite des persécutions hadrianiques, en avait fondé un nouveau à Nehar Pekod, en Babylonie. Nathan s’acquitte de cette mission avec succès, avec l’aide de Rabbi Isaac.
Peu après, cependant, Rabbi Nathan et Rabbi Meïr s’opposent à Rabbi Shimon ben Gamliel, en raison des mesures prises par ce dernier pour abolir l’égalité existant jusque-là entre les membres de l’académie, et limiter les témoignages d’estime à donner par la communauté aux membres de l’école d’une distinction inférieure à celle du Nassi. Œuvrant secrètement à sa déposition, Rabbi Nathan et Rabbi Meïr sont découverts, et expulsés de l’école.
Ils parviennent cependant à faire ressentir le vide causé par leur absence, et sont réadmis, à la condition expresse que leur nom ne soit pas associé à leurs décisions en matière de Halakha [7].
Rabbi Nathan était une haute autorité talmudique, et de nombreuses sentences de lui, tant halakhiques [8] qu’aggadiques [9] ont été consignées. L’un de ses plus importants contradicteurs en matière de Halakha était Rabbi Juda Hanassi, compilateur de la Mishna [10]. Cependant, Rabbi Nathan aurait participé à la rédaction de la Mishna et Juda le tenait en haute estime.
Outre le traité Avot de Rabbi Nathan, il aurait été l’auteur de la Baraïta Mem Ṭet Middot [11], un petit traité non inclus dans la Mishna, aujourd’hui disparu, traitant de la Aggada [12] et des mathématiques.
Notes
[1] L’histoire des Juifs en Irak ou dans le territoire lui correspondant actuellement et dénommé autrefois Mésopotamie ou Babylonie, remonte à l’exil de Babylone, narré dans la Bible, pour se terminer dans les années 1950. À la suite de la prise de Jérusalem par Nabuchodonosor II en 587 (ou 586) avant jc, ses habitants sont, selon la Bible, exilés à Babylone et sont à l’origine de la plus vieille communauté de la diaspora juive. Les Juifs de Babylone occupent une place fondamentale dans l’histoire du judaïsme, depuis Ezra et Néhémie qui dirigent le retour d’une partie des Juifs à Jérusalem, aux Gueonim, directeurs des académies talmudiques de Babylonie sous l’autorité desquels se retrouvent la majorité des Juifs de la diaspora de 589 à 1038, en passant par Hillel le Babylonien, figure majeure du judaïsme rabbinique, et les rabbins de Babylonie à l’origine du Talmud dit de Babylone.
[2] Avot déRabbi Nathan est un traité extra-talmudique. Recensé en deux versions de 41 et 48 chapitres respectivement, la première étant habituellement imprimée aux côtés des traités mineurs, en appendice à l’ordre Nezikin du Talmud de Babylone, il ne semble cependant pas appartenir à ce genre et ressemble davantage à celui du Midrash. Toutefois, il élabore non sur un livre ou passage de la Bible mais sur un traité de la Mishna, en l’occurrence une version du traité Avot antérieure à celle qui sera canonisée par Juda Hanassi et qui était, selon la tradition, enseignée dans l’académie de Rabbi Nathan. Cependant, bien qu’attribué à ce docteur de l’ère de la Mishna, Avot deRabbi Nathan a vraisemblablement été composé à l’ère des gueonim. Son style est moins formel que celui du traité Avot et il contient nombre de traditions qui lui sont uniques.
[3] autorité temporelle des Juifs en exil
[4] La Babylonie était une satrapie centrale de l’Empire perse, abritant d’importantes villes comme la capitale de l’empire, Babylone, depuis le 6ème siècle av. .jc. C’est dans sa capitale qu’a eu lieu le premier partage de l’empire d’Alexandre après sa mort en 323. Elle est une région située dans le sud-est de l’Asie Mineure. Selon Strabon, la Babylonie a pour bornes la Susiane à l’est, la péninsule arabique à l’ouest et la Mésopotamie au nord. La Babylonie est traversée par l’Euphrate du nord au sud, jusqu’au Golfe Persique, ce qui correspond au sud de l’Irak actuel. La capitale de cette satrapie est Babylone.
[5] Ousha était une ville de Galilée occidentale, située entre les villes actuelles de Kiryat-Ata et de Shefa Amr en Israël. Le Sanhédrin y a été transféré depuis Yavné à deux reprises, au 2ème siècle vers 135. Le fait qu’il s’y soit fixé jusqu’à sa dissolution, à l’époque de Hillel II, indique la suprématie spirituelle que la Galilée remporta sur la Judée, après que celle-ci fut massivement dépeuplée à la suite des guerres menées par Hadrien. De nombreux disciples de Rabbi Akiva, dont Juda ben Ilaï, en sont originaires ou y ont résidé.
[6] Le Sanhédrin est l’assemblée législative traditionnelle du peuple juif ainsi que son tribunal suprême qui siège normalement à Jérusalem. Son nom n’est pas d’origine hébraïque mais dérive du grec sunédrion, signifiant « assemblée siégeante ». Composé de 71 sages experts en Loi Juive, il doit comporter 23 membres pour décider en matière judiciaire ; il est alors nommé petit sanhédrin et siège dans les principales villes.
[7] Loi juive
[8] législatifs en matière de Loi juive
[9] non-législatifs
[10] La Mishna est la première et la plus importante des sources rabbiniques obtenues par compilation écrite des lois orales juives, projet défendu par les pharisiens, et considéré comme le premier ouvrage de littérature rabbinique. La Mishna est écrite en hébreu. Le terme Mishna fait à la fois référence à l’ouvrage recensant l’opinion et les conclusions des rabbins de l’époque on parle alors de La Mishna et aux conclusions des rabbins elles-mêmes on parle alors d’une ou des mishnayot (pluriel de mishna). Elle comporte six ordres, eux-mêmes divisés en traités. Chaque traité comporte plusieurs chapitres. Il est d’usage de faire référence à une Mishna par : le nom du traité, suivi du numéro du chapitre, lui-même suivi du numéro de la mishna. Les auteurs sont les « Tannaïm » ou répétiteurs, car ils « répétaient » les traditions apprises de leurs maîtres
[11] Baraïta des Quarante-neuf Règles
[12] L’Aggada ou Aggadata désigne les enseignements non-législatifs de la tradition juive ainsi que le corpus de ces enseignements pris dans son entièreté. Ce corpus de la littérature rabbinique recouvre un ensemble hétéroclite de récits, mythes, homélies, anecdotes historiques, exhortations morales ou encore conseils pratiques dans différents domaines. Il est principalement recueilli dans le Talmud et dans diverses compilations de Midrash Aggada, dont l’une des plus connues est le Midrash Rabba, ainsi que dans des genres non-rabbiniques comme la littérature apocalyptique et judéo-hellénistique. La compilation de la Mishna, si importante dans le développement de la Loi juive, semble avoir eu moins d’impact sur celui de l’Aggada : celle des docteurs du Talmud se différencie assez peu de celle de leurs prédécesseurs, tant dans la forme que dans le contenu.