Bernardino Corio naquit à Milan [1], d’une famille patricienne, en 1459. Le duc Galéas Marie Sforza et plusieurs autres grands seigneurs assistèrent à son baptême, et furent ses parrains, suivant l’usage. Le père de Bernardin jouissait de l’estime et de l’amitié du prince, qui la fit partager à son fils.
Il avait une disposition étonnante à l’art oratoire, et le droit, tant canonique que civil, qu’il étudia avec le plus grand soin, le rendit très utile au duc Ludovic Sforza, surnommé le More, qui s’empara du gouvernement peu après la mort de Galéas. Corio était si vanté pour son érudition, que Ludovic le chargea d’écrire en italien l’histoire de sa ville, tandis que, par ses ordres, Tristano Calco , fils de son ministre et premier secrétaire, en faisait une en latin.
Il favorisa même, d’une manière toute spéciale, Corio dans l’entreprise de ce travail ; car il lui constitua pour cet objet un revenu particulier, et lui fit ouvrir toutes les bibliothèques et toutes les archives de ses états.
On lui reproche d’avoir adopté beaucoup de fables des anciennes chroniques en ce qui concerne les premiers temps de cette ville ; mais on convient de son exactitude pour les faits qui s’y passèrent depuis la conquête de Milan par Marcellus.
Corio est le premier Italien qui ait écrit l’histoire en langue vulgaire. Le roi de France, Louis XII, s’étant emparé du Duché de Milan [2], et ayant fait conduire en son royaume le prince Ludovic, comme prisonnier, en 1500, Corio fit imprimer son histoire à ses frais.
Cet ouvrage, auquel il joignit ses Vitæ Cæsarum, fut imprimé à Milan, sous la domination du gouverneur que Louis XII y avait établi, et néanmoins Corio dédia cette édition au cardinal Ascanio Sforza , frère de Ludovic, en l’appelant son unique seigneur.
Corio mourut sexagénaire, en 1519. Dans l’intervalle, et notamment en 1513, époque où Maximilien Sforza, l’un des fils de Ludovic, se trouvait replacé par les Suisses [3] sur le trône de son père, il fut l’un des décurions de la ville.