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L’histoire pour le plaisir

Pierre Dugua de Mons

dimanche 17 novembre 2024, par lucien jallamion

Pierre Dugua de Mons (vers 1560-1628)

Gouverneur de Pons de 1610 à 1618-Premier colonisateur de la Nouvelle-France

Il a pour lieutenant Samuel de Champlain. Pierre Dugua de Mons est issu d’une vieille famille de nobles de Saintonge [1]. Il est le fils de Guy Dugua et de sa femme Claire Gourmand.

Pierre Dugua est marqué durant son enfance par les guerres de religion [2], auxquelles il prendra part plus tard au côté du roi protestant Henri de Navarre, le futur Henri IV. Bien qu’acquis aux idées du calvinisme [3], Dugua de Mons se maria avec une catholique, Judith Chesnel, appartenant à une famille noble, de la seigneurie de Meux [4], près de Jonzac [5]. Ils n’auront pas d’enfant.

En 1599, Pierre Du Gua de Mons vend à son voisin, François Videgrain, sieur de Belmont, presque toutes les terres qu’il possédait dans le marquisat de Royan [6] et les environs. Il investira le tout dans des entreprises apparemment commerciales mais qui, en réalité, seront des entreprises de colonisation.

La même année, il se rend pour fonder le comptoir [7] de Tadoussac [8] avec son ami Pierre Chauvin de Tonnetuit.

En 1603, Henri IV nomme Pierre Dugua son lieutenant général en Amérique septentrionale, et lui accorde le monopole de la traite des fourrures [9], pour compenser les frais d’établissement d’une colonie à cet endroit.

En 1604, Dugua organise une expédition qu’il conduit en personne au sud-est du Canada, où il est accompagné de Samuel Champlain, qui y participe en tant qu’explorateur, géographe et cartographe, et de Jean de Poutrincourt

Aucune femme, ni enfant, ne fera partie de cette expédition devant durer plusieurs années. Il faut choisir l’endroit puis en éprouver les conditions d’accueil : qualité du sol, du climat, des relations avec les autochtones…

En 1604, Dugua installe cette première colonie en Acadie [10], sur l’île Sainte-Croix [11], dans le fond de la Baie française. Mais l’hiver terrible enduré par ces premiers colons le conduit, au mois d’août 1605, à transférer la colonie sur un site plus approprié, que Champlain et Gravé-Dupont avaient repéré : ce sera Port-Royal [12], un lieu protégé des vents du nord-ouest et situé sur un lagon à l’est de la Baie française [13].

Cependant, les plaintes continuelles des autres marchands, privés du commerce des fourrures, amèneront Henri IV à suspendre ce monopole commercial accordé à Dugua.

En 1607, l’aventure se termine et tous doivent retourner en France, malgré la dernière tentative de Dugua de Mons 2 ans auparavant pour y faire un rapport et tenter d’empêcher cette issue. Il ne reviendra plus jamais en Amérique, mais continuera à investir, à fonds perdus, dans le but d’y établir une colonie française.

L’année suivante, ayant obtenu, mais pour un an, une reconduction de ce monopole [14], Pierre Dugua sera l’instigateur et le financier de la vaste entreprise, plus au nord, qu’il confie à Samuel Champlain, dès lors son lieutenant en Nouvelle-France [15] : fonder sur la Grande Rivière de Canada [16], à l’endroit que ce lieutenant trouvera le plus approprié, un premier poste de colonisation. Ce site, choisi par Champlain, sera Québec [17], où il débarque le 3 juillet 1608 avec 27 compagnons.

En reconnaissance de ses services, le roi Henri IV lui accorde une pension annuelle de 1 200 couronnes et le poste de gouverneur de Pons [18], qu’il occupe de 1610 à 1617.

En 1612, la reprise de l’antagonisme entre catholiques et protestants, après l’assassinat d’Henri IV, durant la régence de Marie de Médicis, obligera Pierre Dugua de Mons à renoncer à son titre de lieutenant général pour la Nouvelle-France.

Il meurt en 1628 au château d’Ardennes à Fléac-sur-Seugne [19].

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Eric Thierry, La France de Henri IV en Amérique du Nord. De la création de l’Acadie à la fondation de Québec ; Édit. Honoré Champion, Paris, 2008

Notes

[1] La Saintonge est une ancienne province française dont les limites ont plusieurs fois varié avec le temps. Apparaissant comme une marche frontalière entre les domaines capétien et plantagenêt durant le bas Moyen Âge, elle est secouée par des luttes incessantes entre 1152 et 1451, ses seigneurs hésitant souvent entre l’attachement anglo-aquitain et le lien avec Paris. Tout montre que l’attachement anglo-aquitain y a été prédominant jusque vers la moitié du 14ème siècle. Néanmoins, les erreurs de conduite de Henry de Grosmont, comte de Derby puis du Prince Noir contribuent progressivement à affaiblir le pouvoir anglo-aquitain, et la province passe définitivement sous le contrôle du roi de France en 1451.

[2] En France, on appelle guerres de Religion les huit guerres civiles d’origine religieuse qui se sont succédé dans le royaume de France de 1562 à 1598, opposant partisans du catholicisme et partisans du protestantisme dans des opérations militaires pouvant aller jusqu’à la bataille rangée. Les catholiques sont en général soutenus par le pouvoir royal et son armée, mais les deux camps disposent de leurs propres forces militaires, la noblesse française étant divisée entre les deux confessions, y compris la haute noblesse.

[3] Le calvinisme (nommé ainsi d’après Jean Calvin et aussi appelé la tradition réformée, la foi réformée ou la théologie réformée) est une doctrine théologique protestante et une approche de la vie chrétienne qui reposent sur le principe de la souveraineté de Dieu en toutes choses. Bien qu’elle fût développée par plusieurs théologiens tels que Martin Bucer, Wolfgang Musculus, Heinrich Bullinger, Pierre Martyr Vermigli, Ulrich Zwingli et Théodore de Bèze, elle porte le nom du réformateur français Jean Calvin en raison de l’influence dominante qu’il eut sur elle et du rôle déterminant qu’il exerça dans les débats confessionnels et ecclésiastiques du 16ème siècle.

[4] Meux est une commune du sud-ouest de la France, située dans le département de la Charente-Maritime

[5] Jonzac est une commune du Sud-Ouest de la France, située dans la partie méridionale du département de la Charente-Maritime. Baignée par la Seugne qui y écoule ses eaux dans un méandre, la cité s’est développée originellement sur deux collines de la rive droite, les monts Balaguier et Montguimar, où se dressent ses deux principaux monuments : l’église Saint-Gervais-Saint-Protais et le château, dont l’une des tours qui sert de beffroi est visible de loin.

[6] Royan est une commune du Sud-Ouest de la France, située dans le département de la Charente-Maritime. À partir du 11ème siècle, Royan est fortifiée par les seigneurs de Didonne. Elle devient une place forte anglaise pendant la guerre de Cent Ans, et le Prince Noir accorde ses premiers privilèges à la cité, désormais gouvernée par un collège de 12 échevins et de 12 conseillers. La ville redevient française en 1451, quelques années avant la fin effective des hostilités en 1453. Durant les guerres de Religion, catholiques et protestants se disputent la cité : combattent sous ses murs, le prince Henri de Navarre (le futur roi Henri IV) et le sire de Brantôme. En 1592, Royan est érigée en marquisat. La promulgation de l’édit de Nantes en 1598 fait de la ville une place de sûreté protestante. En 1622, la population se soulève contre le roi Louis XIII, qui mène personnellement le siège de la ville. Celle-ci se soumet et obtient le pardon du souverain. La ville fortifiée est rasée en 1631 sur ordre de Richelieu, la citadelle démantelée, les fossés comblés

[7] Un comptoir commercial ou colonial est un territoire et une structure établis le plus souvent par des marchands étrangers ou une puissance coloniale dans les points stratégiques d’un pays (grands ports et villes côtières, nœuds routiers et fluviaux, îles) afin de favoriser le commerce international avec les marchands locaux. Il s’agit aussi du nom de l’organisation qui régit ce territoire, fondée sur une entente entre producteurs ou vendeurs, servant d’intermédiaire entre ceux-ci et leur clientèle.

[8] Tadoussac est un village canadien qui fait partie de la municipalité régionale de comté de La Haute-Côte-Nord dans la région administrative de la Côte-Nord au Québec. Il est situé au bord du fleuve Saint-Laurent. Tadoussac devint le premier établissement français en Amérique du Nord au nord de la Floride lorsqu’on y installe un poste de traite de la fourrure. En effet, en 1599, le roi Henri IV accorda le monopole du commerce de la fourrure à Tadoussac à François Dupont-Gravé et Pierre de Chauvin qui fondèrent l’établissement en 1600. À cette époque, la région de Tadoussac était habitée durant les mois d’été par une tribu innue dont le chef était Begourat.

[9] La traite de fourrures est l’échange de biens de nécessité contre des fourrures, en particulier, du 17ème siècle au 19èème siècle, entre les colons européens d’Amérique du Nord, français et britanniques et les Autochtones des Premières Nations en Nouvelle-France. Elle est alors l’une des principales activités économiques entre Autochtones et nouveaux arrivants. Les fourrures qui transitent par les colons sont destinées en presque totalité aux marchés européens, en particulier aux marchés des deux mères-patries, la France et la Grande-Bretagne. On retrouve également un tel commerce entre les Pays-Bas et ses colonies américaines, ainsi qu’en Russie. Une dénomination est or mou. Les explorateurs français (Radisson et Groseilliers, La Salle, Le Sueur) qui cherchent à l’origine des voies de pénétration à travers le continent nord-américain, établissent des contacts avec les Amérindiens et s’aperçoivent qu’ils désirent échanger des fourrures contre des objets que les Européens jugent courants (miroirs, bouilloires, hachettes, couteaux…). La fourrure (particulièrement celle de castor) est alors particulièrement prisée sur les marchés européens.

[10] L’Acadie est généralement considérée comme une région nord-américaine, comptant majoritairement des Acadiens francophones. L’Acadie comprendrait ainsi grosso modo le nord et l’est de la province canadienne du Nouveau-Brunswick ainsi que des localités plus isolées à l’Île-du-Prince-Édouard et en Nouvelle-Écosse. La communauté de Terre-Neuve-et-Labrador est de plus en plus incluse dans cette définition. L’Acadie historique, colonie de la Nouvelle-France, est fondée en 1604 – sur des territoires amérindiens habités depuis 11 millénaires – et peuplée à partir de l’Ouest de la France. Conquise en 1713 par le Royaume de Grande-Bretagne, elle subit le Grand Dérangement, dont la Déportation des Acadiens de 1755 à 1763, et son territoire est morcelé. De retour d’exil, les Acadiens subissent des lois discriminatoires. La renaissance acadienne, dans laquelle est impliquée le clergé, leur permet toutefois de redécouvrir leur histoire et leur culture.

[11] L’île Sainte-Croix est un site historique international situé maintenant aux États-Unis, situé près de l’embouchure du fleuve Sainte-Croix, qui forme une partie de la frontière internationale séparant l’État américain du Maine de la province canadienne du Nouveau-Brunswick. L’aristocrate français Pierre Dugua sieur de Mons a établi une colonie sur l’île Sainte-Croix en juin 1604 sous l’autorité du roi de France. Ce poste était la première tentative française de colonisation permanente dans le territoire qu’ils ont appelé l’Acadie. Samuel de Champlain faisait partie de l’expédition de Mons sur la petite île. Le printemps suivant, après un hiver dur et la mort de 35 hommes, soit le tiers de l’équipage, dû au scorbut, l’établissement fut transféré sur un nouvel emplacement sur terre ferme appelé Port-Royal. En 1608, Samuel de Champlain ainsi que de nombreux colons ont transféré leur établissement plus loin sur le Saint-Laurent qui deviendra plus tard la ville de Québec.

[12] L’habitation de Port-Royal est un lieu historique national du Canada situé à Port-Royal en Nouvelle-Écosse.

[13] aujourd’hui dans la vallée dite d’Annapolis Royal, en Nouvelle-Écosse, près de Digby

[14] seul moyen pour financer une colonie puisque le roi n’accordait aucune subvention

[15] La Nouvelle-France était une colonie et plus précisément une vice-royauté du royaume de France, située en Amérique du Nord et ayant existé de 1534 à 1763. Elle faisait partie du premier empire colonial français et sa capitale était Québec. Elle fut d’abord une colonie comptoir administrée par des compagnies coloniales, puis une colonie de peuplement sous le gouvernement royal du Conseil souverain. Ses descendants sont les Acadiens, les Brayons, les Cadiens, les descendants des habitants de l’ancienne colonie française du Canada, maintenant répandus sur tout le Canada, qui se disaient anciennement Canadiens ou Canadiens français (surtout quand il s’agissait de se distinguer des Canadiens anglais), y compris les Québécois francophones, Créoles louisianais et Métis. Le territoire de la Nouvelle-France était constitué des colonies suivantes : l’Acadie, le Canada, et la Louisiane. À son apogée vers 1745, il comprenait ainsi le bassin versant du fleuve Saint-Laurent, des Grands Lacs et du Mississippi, le Nord de La Prairie, et une grande partie de la péninsule du Labrador.

[16] aujourd’hui, le fleuve Saint-Laurent

[17] la Ville de Québec, est la capitale nationale du Québec, une des provinces du Canada. Située au cœur de la région administrative de la Capitale-Nationale, elle est le siège de nombreuses institutions, dont le Parlement du Québec. Fondée en 1608 par Samuel de Champlain, Québec est une des plus anciennes villes d’Amérique du Nord. Le rétrécissement du fleuve Saint-Laurent entre les villes de Québec et de Lévis, sur la rive opposée, a donné le nom à la ville, Kébec étant un mot algonquin signifiant « là où le fleuve se rétrécit ».

[18] Pons est une commune du Sud-Ouest de la France, située dans le département de la Charente-Maritime. À mi-chemin entre Saintes et Jonzac, elle est le premier pôle économique du Pays de Haute-Saintonge. Juchée sur un promontoire rocheux où se dresse fièrement son emblématique donjon, baignée dans sa partie basse par les différents bras de la Seugne, cette cité médiévale et ancienne place forte protestante possède un important ensemble patrimonial qui en fait une ville touristique de premier plan.

[19] Fléac-sur-Seugne est une commune du Sud-Ouest de la France située dans le département de la Charente-Maritime.