À l’origine Neptune est un dieu entièrement latin. Dans la mythologie romaine, il est le dieu des eaux vives et des sources. Il est aussi le protecteur des pêcheurs, des bateliers et des chevaux d’après Virgile. Il apparaît dans le lectisterne [1] de 399 av. jc, associé à Mercure , et en 217 av. jc aux côtés de Minerve .
C’est seulement à partir de l’époque des guerres puniques [2] de 264 à 146 av. jc que les Romains démontrent leur supériorité navale et assimilent Neptune au dieu grec Poséidon.
Ainsi, en adéquation avec les mutations de leur civilisation, les Latins ont su transformer une ancienne divinité des eaux douces en dieu des Mers. Neptune est donc totalement confondu avec celui-ci : il reprend les légendes grecques du dieu, ses attributs, les mêmes descendances, c’est pourquoi peu de choses subsistent de son caractère propre.
Cette transformation s’illustre notamment par l’association de Neptune à la déesse Salacie divinité de l’eau salée et donc de la Mer, qui complète les attributs de Neptune.
Chez les Étrusques [3], son nom est Nethuns, dieu de l’eau et des Océans, clairement inspiré de Poséidon. Cependant on ignore quelle influence exerce l’un sur l’autre.
Les légendes et mythes au sujet de Neptune proviennent essentiellement de la réappropriation par les Romains des mythes grecs. Ainsi, on ne sait pas précisément si Neptune possédait à l’origine une mythologie d’origine latine. Neptune apparaît en tout cas de façon claire dans au moins une légende proprement romaine. Les informations directes sur Neptune sont extrêmement réduites.
La reprise du mythe grec de Poséidon fait de Neptune le fils de Saturne et de Ops assimilée à Cybèle et le frère de Jupiter et de Pluton . Saturne, ne souhaitant pas avoir de descendance, mangeait ses enfants dès leur naissance. Un jour, Cybèle mit au monde des jumeaux et, voulant sauver au moins l’un de ses enfants du tragique sort qui leur était destiné, elle en cacha un dans une bergerie d’Arcadie [4] et le remplaça par une pierre qu’elle enveloppa dans des langes : c’était Jupiter qui, par la suite, l’obligea à régurgiter ses frères et sœurs. Dans le partage de l’univers que firent Neptune, Jupiter et Pluton, Neptune eut pour lot la mer, les îles et tous les rivages.
Son épouse est Salacie, fille de Doris et de Nérée. Cette nymphe [5] refusa d’abord d’épouser Neptune et se cacha pour se soustraire à ses poursuites. Mais un dauphin, chargé des intérêts de Neptune, la trouva au pied du mont Atlas, la persuada d’accéder à la demande du dieu, et, pour sa récompense, l’animal fut placé parmi les astres. Elle eut de Neptune un fils appelé Triton et plusieurs nymphes marines : elle fut aussi, dit-on, la mère des Cyclopes [6].
Il participa à la fondation de la muraille de Troie [7] mais le roi Laomédon refusa de le payer ; alors Neptune prit parti pour les Grecs. De plus, Neptune apaisa la colère de Junon face aux Troyens. En effet, celle-ci s’acharna contre Énée en demandant à Éole, dieu des vents, de déchaîner les vents sur les eaux.
Neptune, furieux que les vents se déchaînent sans son ordre, ordonna aux Océans et à Éole de ramener le calme.
Dans les récits romains, cet événement historique, teinté de légende, nous montre l’un des rares cas dans lesquels les Romains interprètent leur Histoire par une intervention divine. En effet, la date historique du débordement soudain du lac Albain puis de la domestication de ses eaux est associée par les Romains à la date officielle de la célébration de Neptune, les Neptunalia le 23 juillet [8]. Cette légende correspond bien avec les attributs d’un dieu originellement maître des eaux douces.
Neptune avait un temple sur le Champ de Mars [9] ; Tite-Live le mentionne déjà à la date de 207. Ce temple aurait remplacé un autel plus ancien.
Un autre temple a été construit en 122 av. jc sur le Champ de Mars à Rome.
Neptune était aussi célébré près du Tibre [10], dans le port d’Ostie [11], où l’un des thermes lui était dédié, “les Thermes de Neptune”.
Neptune était honoré à Rome à l’occasion des Neptunalia, pendant 2 jours à partir du 23 juillet de chaque année. Cette cérémonie, réalisée en pleine chaleur, est assez obscure et difficile à interpréter : d’après Varron, les Romains construisaient à cette occasion des huttes de bois vert pour se procurer de l’ombre, et avaient des activités festives. Cette fête était liée aux Lucaria [12]. On sacrifiait un taureau à Neptune. En outre, les jeux du cirque, à Rome, lui étaient consacrés sous le nom d’Hippius.