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Andreï Osterman ou Andreï Ivanovitch Ostermann

mercredi 18 septembre 2024, par lucien jallamion

Andreï Osterman ou Andreï Ivanovitch Ostermann (1686-1747)

Diplomate et homme politique russe d’origine allemande-Ministre du Commerce, gouverneur du tsar Pierre II de Russie-Vice-chancelier de l’Empire de 1734 à 1740-Amiral général en 1740

Il fut démis de ses fonctions en 1741. Il servit sous les règnes de Pierre le Grand, de Catherine 1ère, Pierre II et Anne 1ère . Sa politique étrangère fut basée sur une alliance avec l’Autriche. Il excella dans la diplomatie.


Fils d’un pasteur protestant de Westphalie [1], il naquit sous le nom de Heinrich Johann Friedrich Ostermann dans une famille de classe moyenne. Il fit ses études à l’Université d’Iéna [2] où il assassina un de ses camarades. Après avoir commis son forfait, il se réfugia aux Pays-Bas [3].


Osterman fut le secrétaire du vice-amiral Cornelius Cruys . Peu de temps après, le jeune homme entra au service de l’empereur Pierre Ier, dit Pierre le Grand.


Grâce à ses connaissances en langues européennes, il devint le bras droit du vice-chancelier Piotr Chafirov , il apporta également son aide au baron lors des difficiles négociations qui se terminèrent par la signature du traité du Prout en 1711 [4]. Avec le général Bruce, il représenta la Russie au congrès d’Åland en 1718 [5]. Il sut deviner avec grande sagesse l’état d’épuisement de la Suède, mais il s’aperçut également que le plénipotentiaire et premier ministre suédois Georg Heinrich von Görtz agissait ultra vires. Ostermann en informa Pierre le Grand afin de mettre une pression supplémentaire sur la Suède et de la forcer à la paix.

En 1721, Ostermann signa le traité de Nystad [6]. Pour ses services rendus à la Russie impériale, Pierre le Grand l’éleva au rang de baron. Il fut nommé vice-président des Affaires étrangères en 1723. Il parvint à ce poste à signer un avantageux traité de commerce avec la Perse [7]. L’empereur consultait souvent le baron pour les affaires intérieures de l’Empire. Ostermann rénova l’administration impériale, notamment "la table des grades universitaires" et il remodela le Collège des Affaires étrangères sur des lignes modernes.


Pendant le règne de Catherine 1ère, l’autorité du baron Ostermann augmenta encore. La conduite des Affaires étrangères lui fut entièrement confiée et il occupa également le poste de ministre du Commerce et de Maître général des Postes [8].


Lors de l’accession au trône de Russie de Pierre II, Ostermann se vit confier la charge de gouverneur du jeune tsar. Le baron se comporta comme un administrateur consciencieux et désintéressé. Son talent lui permit de conserver les réformes entreprises par Pierre le Grand. Au décès du jeune empereur le 30 janvier 1730, le baron refusa de se joindre au prince Galitzine et aux Dolgorouki, partisans d’une monarchie constitutionnelle limitée.


Lors de la crise constitutionnelle de 1730, Ostermann resta à l’écart et ne reparut à la Cour que lorsque Anne 1ère fut installée sur le trône de Russie comme souveraine autocrate. Le baron fut récompensé de sa bonne conduite et devint comte. Sa connaissance des Affaires étrangères le rendit indispensable auprès de l’impératrice et de ses conseillers. Dans les affaires intérieures de l’Empire, il en fut de même ; ses conseils furent presque toujours suivis. Sur ses conseils, un système de cabinet fut introduit en Russie.

Toutes les réformes utiles introduites entre 1730 et 1740 lui furent attribuées : Il améliora l’état du commerce, réduisit la taxation, encouragea l’industrie et la promotion de l’éducation et améliora le système judiciaire. Il augmenta donc considérablement le crédit de la Russie. En 1740, il fut nommé vice-chancelier.


Comme ministre des Affaires étrangères, Ostermann fut un homme avisé et prudent. Les succès des conclusions de la guerre de Succession de Pologne (1773-1735) [9] et de la guerre russo-turque de 1735-1739 [10] sont entièrement dus à sa diplomatie. Le comte conclut une alliance avec l’Autriche en 1726 qui sera la base de sa diplomatie.


Sous la régence d’Anna Léopoldovna de octobre 1740 à décembre 1741 Ostermann fut à l’apogée de sa puissance. L’ambassadeur de France en Russie, le marquis de La Chétardie Jacques-Joachim Trotti de La Chétardie dit de lui à la Cour de Versailles qu’"il n’est pas exagéré de dire qu’il est le tsar de toutes les Russies". La politique du vice-chancelier étant basée sur une alliance russo-autrichienne, le comte Ostermann garantit par conséquent la Pragmatique Sanction [11] tout en ayant la ferme intention de la défendre.

Certains Suédois ne se remirent pas de l’humiliant traité de Nystad et attendaient leur revanche, manipulés et rétribués par la France, ce qui rendait l’alliance austro-russe inopérante à cause d’hostilités entre la Suède et son ancienne rivale la Russie. Ces manipulations diplomatiques avaient pour but d’occuper la Russie afin de l’empêcher de porter secours à son alliée l’Autriche. En 1741, pour des motifs futiles, la Suède déclara la guerre à la Russie. Les dispositions prises auparavant par Ostermann permirent à la Russie de parer au danger suédois. En outre, le maréchal Peter de Lacy mit en déroute le général von Wrangel sous les murs de Villmanstrand [12] en août 1741.


Pour le marquis de La Chétardie seule une révolution avait le pouvoir de renverser le comte Ostermann et, pour cette raison, le marquis proposa le trône de Russie à la grande-duchesse Élisabeth Petrovna. La future impératrice détestait le vice-chancelier. Ostermann fut la plus illustre victime du coup d’État du 6 décembre 1741.


Accusé d’avoir favorisé l’accession au trône d’Anne 1ère, d’avoir tu la volonté de Catherine 1ère qui désirait voir sa fille la grande-duchesse Élisabeth Petrovna lui succéder sur le trône impérial, Ostermann demanda la clémence de l’impératrice Élisabeth . Il fut condamné à être écartelé sur la roue puis décapité, mais sur l’échafaud, il lui fut gracié et sa peine commuée en bannissement à vie avec toute sa famille à Berezov [13] en Sibérie occidentale [14].


Six ans après son départ pour l’exil, Andreï Ivanovitch Ostermann décéda le 31 mai 1747.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia Andreï Osterman/ Portail de l’Empire russe/ Catégories  : Ministre russe des Affaires étrangères/ Diplomate russe. Noblesse russe du XVIIe siècle/ Famille Ostermann/ Chevalier de l’ordre de Saint-André/ Chevalier de l’ordre de Saint-Alexandre Nevski

Notes

[1] La Westphalie est une région historique d’Allemagne, comprise entre le Weser et le Rhin. Elle tire son nom des Westphales, la plus occidentale des trois grandes tribus de la Saxe primitive

[2] L’université d’Iéna, baptisée du nom de Friedrich Schiller, (en allemand, Friedrich-Schiller-Universität Jena) est une université allemande située à Iéna en Thuringe. Plus de 130 cursus sont possibles. L’université d’Iéna compte 10 facultés (Théologie, de droit, d’économie, de sciences humaines, des sciences sociales, de Mathématiques/Informatique, de Physique/Astronomie, Chimie/Géographie, Biologie/Pharmacie, Médecine) elles-mêmes divisées en différents instituts. 1558 est considérée comme l’année officielle de création de l’université. Elle a reçu, à l’initiative du Gauleiter nazi de Thuringe Fritz Sauckel, le nom de Friedrich Schiller en 1934.

[3] La République des sept Provinces-Unies des Pays-Bas ou République des Provinces-Unies des Pays-Bas ou en abrégé Provinces-Unies, en néerlandais, Republiek der Zeven Verenigde Nederlanden ou plus souvent Republiek der Verenigde Nederlanden et en latin Belgica Foederata ou Belgium Foederatum, est le nom usuellement donné aux sept provinces du nord des Dix-sept Provinces ou Pays-Bas espagnols en 1581 jusqu’à la création par les Français de la République batave (1795) puis du Royaume de Hollande (1806)

[4] Le traité de Fălciu, aussi connu dans les sources comme traité du Pruth fut signé le 23 juillet 1711 entre la Russie et l’Empire ottoman, mettant fin à la quatrième guerre russo-turque. Il prévoit la restitution par la Russie aux Ottomans d’Azov et des territoires de Crimée. Il porte le nom du chef-lieu du comté moldave où il fut signé, près de la rivière Prut. Il a été renouvelé le 24 juin 1713 à Andrinople par le traité d’Andrinople. En souvenir de ce traité, un cuirassé russe est baptisé Vronenossetz Prut. L’équipage, composé en partie de Moldaves, se mutine en 1905, en même temps que celui du Potemkine et pour les mêmes raisons, avant de demander et obtenir l’asile à Constanza en Roumanie.

[5] Åland est une province historique de Finlande et la seule entité territoriale de ce pays à jouir d’un statut d’autonomie gouvernementale. Elle est constituée de l’archipel du même nom comprenant environ 6 500 îles situées entre la Finlande et la Suède, à l’extrémité sud du golfe de Botnie. D’une superficie totale de 1 582,71 km2, l’archipel compte 80 îles habitées. L’archipel est relié à la Finlande par une chaîne d’îlots alors que le golfe de Botnie le sépare plus nettement de la Suède.

[6] Le Traité de Nystad, ou la paix de Nystad, a été signé le 30 août (10 septembre) 1721) à Uusikaupunki, ville actuellement en Finlande, appartenant à l’époque à la Suède (Nystad étant le nom suédois de la ville). Ce traité mit fin à la Grande Guerre du Nord et signa la cession du duché d’Estonie, de la Livonie et de l’Ingrie ainsi que d’une grande partie de la Carélie à la Russie. La passation de pouvoir se fit donc entre Frédéric 1er de Suède et le tsar Pierre 1er de Russie. Il marque l’avènement de la Russie comme puissance européenne et le déclin de la Suède.

[7] La formule Empire perse désigne une série d’États qui se sont développés à partir du territoire de l’actuel Iran, dont le centre politique et culturel se trouve dans ce qu’il est convenu d’appeler la Perse, exonyme tiré du mot iranien Pārs ou Fārs désignant la région du centre-sud de l’Iran. Le plus vaste de ces États est entre 520 et 333 avant notre ère l’Empire achéménide, qui s’étend de la Thrace au nord-ouest à l’Inde au sud-est et de l’Égypte au sud-ouest à l’Asie centrale au nord-est, dont les souverains Cyrus II, Darius 1er et Xerxès 1er sont les plus connus. Au 3ème siècle, sous la dynastie sassanide, apparaît le mot Ērān ou Ērānšahr, qui signifie « pays des Aryens », traduit aussi par « pays des Iraniens ». Ērān est la source étymologique du nom de pays Iran et de la désignation des langues iraniennes. À l’étranger, le nom de « Perse » est utilisé pendant encore une décennie après que le chah Reza Pahlavi a changé par décret en 1935 le nom du pays en « État impérial d’Iran » ; la forme monarchique de l’État perdure jusqu’en 1979.

[8] Le maître général des postes est un office de l’Ancien Régime qui est le poste suprême de maître des postes. Il est attesté depuis 1520.

[9] La guerre de Succession de Pologne est un conflit européen qui eut lieu de 1733 à 1738, qui est déclenché à la suite du décès du roi de Pologne et électeur de Saxe Auguste II en 1733. Deux candidats s’opposent pour lui succéder, le trône de Pologne étant électif : son fils, Frédéric II Auguste, devenu électeur de Saxe par hérédité, et Stanislas Leszczynski, qui a déjà été roi de Pologne de 1704 à 1709 et est devenu le beau-père de Louis XV en 1725. Le premier est soutenu par la Russie et l’Autriche et le second par la France. Le conflit électoral polonais deviendra une guerre civile et internationale. Le principal épisode de la guerre en Pologne est le siège de Dantzig par l’armée russe en 1734. Vaincu, Stanislas Leszczynski se réfugie en Prusse, puis renonce formellement au trône de Pologne en 1736. Hors de Pologne, le conflit implique principalement la maison d’Autriche (Charles VI) face à la France de Louis XV et à l’Espagne de Philippe V, en Rhénanie et en Italie. L’alliance familiale des Bourbon de France et d’Espagne en sort assez rapidement victorieuse. Les préliminaires de paix de 1735, confirmés par un traité en 1738, garantissent à Stanislas un avenir comme duc de Lorraine. Le duc François de Lorraine, époux de Marie-Thérèse d’Autriche, accepte de céder son duché en échange du grand-duché de Toscane. Il est aussi prévu qu’à la mort de Stanislas, la Lorraine passera au roi de France et cessera de relever du Saint-Empire, ce qui aura lieu en 1766. L’infant Charles d’Espagne reçoit le royaume de Naples cédé par l’Autriche.

[10] La guerre austro-russo-turque de 1735-1739 est un conflit entre la Russie de la tsarine Anne, alliée à l’Autriche de Charles VI, et l’Empire ottoman de Mahmoud 1er. Ce conflit résulte des problèmes apparus lors de la guerre de Succession de Pologne de 1733–1735 et des opérations menées par les Tatars de Crimée, vassaux de l’Empire ottoman. Mais c’est aussi une nouvelle manifestation des efforts russes pour obtenir un accès à la Mer Noire.

[11] La Pragmatique Sanction est un édit du 19 avril 1713 de l’empereur Charles VI, modifiant le règlement établi en 1703 par Léopold 1er pour la succession à la tête des territoires héréditaires de la maison de Habsbourg, situés tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du Saint-Empire : l’archiduché d’Autriche, le royaume de Hongrie, le royaume de Bohême, les Pays-Bas et certains territoires italiens. Par cet édit, il voulait assurer la succession, en l’absence d’héritier mâle, à ses propres filles, au détriment de ses nièces, filles de son frère aîné Joseph 1er. Cette mesure ne concernait pas la dignité d’empereur, chef du Saint-Empire romain germanique, qui restait élective, bien qu’attribuée depuis des siècles à l’archiduc d’Autriche, chef de la maison de Habsbourg.

[12] Lappeenranta (en suédois : Villmanstrand) est une ville située sur les rives du lac Saimaa dans le sud-est de la Finlande, à environ 20 km de la frontière avec la Russie. La ville faisait partie de l’ancienne province de Finlande méridionale et est la capitale de la région de Carélie du Sud.

[13] Beriozovo ou Berezovo est une commune urbaine du district autonome des Khantys-Mansis, en Russie, et le centre administratif du raïon Beriozovski. Située à 1 100 km au nord de la ville de Tobolsk, elle est construite sur trois collines de la rive gauche de la rivière Severnaïa Sosva, 42 km en amont de son point de confluence avec l’Ob. La température moyenne annuelle est de 4 °C, avec une température minimale de −44 °C. Elle a souffert de plusieurs conflits, notamment en 1719 et en 1808. La ville doit surtout sa célébrité au fait qu’elle servit de lieu d’exil et de détention à de nombreux personnages célèbres de la noblesse russe. Le prince Alexandre Menchikov, favori de Pierre le Grand et de Catherine 1ère, y est mort en exil en 1729. En 1730, son ennemi et rival le prince Dolgorouki, y fut interné avec sa famille. En 1742 le général Ostermann y fut envoyé avec sa femme et y mourut en 1747.

[14] La Sibérie est une région d’Asie, située en Russie et s’étendant sur une surface de 13,1 millions de kilomètres carrés, très riche en ressources naturelles mais extrêmement peu peuplée. Située dans le Centre et l’Est de la fédération de Russie, elle s’étend de l’Oural à l’ouest jusqu’à l’océan Pacifique à l’est (Extrême-Orient russe) et de l’océan Arctique au nord jusqu’aux frontières du Kazakhstan au sud-ouest, à la Mongolie au sud et à la Chine au sud-est. Constituant la partie nord de l’Asie, la Sibérie représente 77 % de la surface de la Russie, mais seulement 27 % de sa population