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Ceolfrith ou Ceolfrid

mercredi 30 novembre 2022, par ljallamion

Ceolfrith ou Ceolfrid (vers 642-716)

Moine bénédictin anglo-saxon

Né dans une famille noble de Northumbrie [1], Ceolfrith choisit d’entrer dans les ordres et devient moine à Gilling [2] en 660, puis à Ripon [3], où il est ordonné prêtre à l’âge de 27 ans.

En 674, Benoît Biscop l’invite au monastère Saint-Pierre de Wearmouth [4], dont il devient prieur. Il est le premier abbé du nouveau monastère Saint-Paul de Jarrow [5] édifié à proximité.

Il succède également à Benoît à la tête de Wearmouth. Sous son autorité, les deux monastères deviennent un important centre culturel, qui accueille Bède le Vénérable et dont le scriptorium [6] réalise trois copies de la Vulgate de Saint Jérôme [7]. Il meurt sur la route de Rome, alors qu’il apporte le Codex Amiatinus [8] en cadeau au pape Grégoire II, à l’âge de 74 ans.

Après sa mort, ses reliques sont transférées à Wearmouth, bien que l’abbaye de Glastonbury [9] affirme les avoir récupérées au 10ème siècle.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Richard Marsden, « Ceolfrith », dans Michael Lapidge, John Blair, Simon Keynes et Donald Scragg (éd.), The Wiley Blackwell Encyclopedia of Anglo-Saxon England, Wiley Blackwell, 2014, 2e éd. (ISBN 978-0-470-65632-7).

Notes

[1] La Northumbrie est un royaume médiéval situé dans le nord de l’actuelle Angleterre et constituait l’un des principaux royaumes de l’Heptarchie. Sa notoriété est surtout liée à son rôle dans la propagation du christianisme nicéen dans l’île et à la constitution d’un centre culturel d’importance européenne avec l’archevêché d’York. Le nom de Northumbria désigne à l’origine les terres envahies par les Angles au 6ème siècle situées au nord de la rivière Humber. La Northumbrie en tant que royaume se constitue au début du 7ème siècle par l’union de deux autres entités Angles : celle de Bernicie (Bernicia) au nord et celle de Deirie (Deira) au sud.

[2] L’abbaye de Gilling était un monastère médiéval anglo-saxon situé dans l’actuel Yorkshire. Elle fut fondée à Gilling dans l’actuel Yorkshire à l’initiative de la reine Eanflæd, femme du roi Oswiu de Northumbrie, qui persuada son mari de la fonder à l’endroit même où le roi tua son rival et parent, Oswine de Deira en 651 ou 652. Eanflæd força son mari à fonder le monastère, peu de temps après la mort d’Oswine, afin d’expier ce crime, Eanflæd étant également une parente (petite cousine) d’Oswine. Selon les lois de l’époque, la seule façon pour Eanflæd de se venger était de tuer son mari ou d’accepter un weregild. L’abbaye était donc située sur les terres qu’elle reçut en weregild et elle demanda que le premier abbé soit un parent d’Oswine. Le monastère encouragea le culte d’Oswine, un des nombreux rois anglo-saxons assassinés qui furent considérés comme des saints. Le premier abbé du monastère fut un parent d’Oswine, nommé Trumhere. Il eut pour successeur Cynefrith, qui plus tard quitta l’abbaye pour se rendre en Irlande. Un autre abbé, Trumbert, devint évêque de Hexham après avoir été abbé, ou au contraire devint abbé après avoir été destitué de son poste d’évêque. Gilling peut être identifié au monastère d’Ingetlingum qui avait des liens étroits avec le monastère de Ripon, dirigé par Wilfrid. Peu de temps avant 669, Gilling fut dépeuplé par la peste, et un de ses moines, Ceolfrith, frère de Cynefrith, rejoignit Ripon. Ceolfrith gagna plus tard Wearmouth-Jarrow, où il devint abbé

[3] Ripon est une ville d’Angleterre, dans le Yorkshire du Nord, qui possède le statut de Cité (historiquement associé à la présence d’une cathédrale).

[4] L’abbaye de Wearmouth-Jarrow, ou de Monkwearmouth-Jarrow, est une abbaye bénédictine, composée de deux monastères jumeaux, fondés en Northumbrie par Benoît Biscop, l’un en 674, l’autre en 682. Bien que ces monastères soient distants d’une dizaine de kilomètres, leur histoire est si étroitement liée qu’on associe le plus souvent leurs noms. Tous deux sont des monastères d’hommes : il ne s’agit donc pas d’un monastère double. Bède le Vénérable en parle comme de « monastères jumeaux pour hommes ».

[5] Jarrow est une commune britannique située sur la rivière Tyne en Angleterre

[6] Le mot scriptorium est un mot latin dérivé du verbe scribere qui signifie « écrire ». Ce nom désigne l’atelier dans lequel les moines copistes réalisaient des livres copiés manuellement, avant l’introduction de l’imprimerie en Occident.

[7] La Vulgate est une version latine de la Bible, composée d’une part, en majorité des traductions faites à la fin du 4ème siècle par Jérôme de Stridon, et d’autre part de traductions latines indépendantes de ce dernier appelées Vetus Latina (« vieille [bible] latine »). Jérôme commence son édition par les quatre Évangiles, en révisant et adaptant une version Vetus Latina de ces derniers qui était couramment en usage en Occident. Il poursuit avec une traduction complète à partir de l’hébreu de la totalité du Tanakh et traduit certains livres deutérocanoniques à partir de versions grecques de la Septante ou de l’araméen. Jérôme traduit également le livre des Psaumes trois fois : une fois en révisant une Vetus Latina, une fois depuis le grec et une autre depuis l’hébreu. Aux traductions de Jérôme s’ajoutent par la suite, indépendamment de Jérôme, certaines Vetus Latina de livres bibliques qu’il n’a pas traduits, pour former ce qui est appelé la Vulgate.

[8] Le Codex Amiatinus est un manuscrit de la traduction Vulgate de la Bible en latin, copié en Northumbrie entre 692 et 716. Il est aujourd’hui conservé à la Bibliotheca Laurentiana de Florence. L’Amiatinus est un des plus anciens témoins conservés des traductions latines de saint Jérôme réunies en un seul volume. Son texte contient très peu de leçons uniques, ce qui fait dire aux éditeurs critiques de la Vulgate que « tout l’intérêt de l’Amiatinus réside donc dans les leçons qu’il partage avec les manuscrits de son groupe ou des groupes voisins ». Il a servi, avec d’autres manuscrits, à la reconstitution critique du texte des traductions de la Bible effectuées par saint Jérôme, dont les manuscrits originaux - déjà corrompu de son vivant par l’incurie des copistes - n’a pas survécu.

[9] L’abbaye de Glastonbury, située en Angleterre, dans le Somerset, prétend être la plus ancienne église hors sol (par opposition aux cryptes et autres catacombes) au monde, datant l’établissement de la communauté de moines en 63, au moment de la visite légendaire de Joseph d’Arimathie, qui y aurait apporté le Saint-Graal et aurait planté l’aubépine de Glastonbury, arbrisseau fleurissant à Noël et en mai.