Fils aîné de Eudamidas II . Il monte sur le trône en 244 av. jc et tente de réformer Sparte [1] pour lui rendre la puissance qui était autrefois la sienne. Agis essaye de remettre en vigueur les lois de Lycurgue [2] notamment en proposant d’abolir les dettes et de faire un nouveau partage des terres. Incapable de réaliser ses réformes à temps, il est contraint de quitter Sparte pour mener une guerre contre les Étoliens [3].
Sparte est soumise à un processus d’oliganthropie [4] qui se traduit par un nombre de plus en plus restreint de citoyens. On constate aussi la dégénérescence de ses institutions traditionnelles comme l’agogè [5]. De plus, l’afflux de richesse et de luxe ont entraîné concomitamment l’importation de vices, ce qui a pour conséquence que le mode de vie spartiate s’est éloigné de la simplicité et de l’austérité des mœurs antiques lacédoniennes. De ce fait, Sparte connaît une crise sociale d’envergure notamment à cause des inégalités matérielles. En effet, on constate une concentration des richesses et des biens entre les mains de quelques oligarques.
Au milieu du 4ème siècle av. jc, le nombre de citoyens authentiquement spartiates possédant encore la pleine citoyenneté demeure minoritaire. C’est l’une des conséquences de l’innovation introduite par Epitadeus qui met un terme à la loi qui garantissait à tous les chefs de familles spartiates de posséder une part égale de terre [6]. Par conséquent, la propriété terrienne passe dans les mains d’un petit nombre d’individus, de sorte qu’une centaine de familles spartiates possèdent encore des lots de terre, tandis que les pauvres sont accablés par les dettes.
En son absence, une contre-révolution porte ses ennemis au pouvoir qui rappellent Léonidas II, son principal adversaire. À son retour, Agis se réfugie dans le temple d’Athéna Khalkioïcos, mais les éphores [7] finissent par l’isoler et il est assassiné à l’automne 241 av. jc avec sa mère et sa grand-mère qui l’avaient soutenu. La postérité a reconnu Agis IV comme étant un idéaliste à qui il a manqué une certaine forme de réalisme pour imposer ses réformes.
On sait qu’Agis IV depuis son jeune âge a montré son attachement aux traditions spartiates. Cet attachement au passé le conduit à entamer des réformes pour mettre fin aux abus et rétablir les institutions de Lycurgue, le législateur originel et mythique de Sparte. Agis se soucie moins du pouvoir que de la révolution sociale qui doit sauver Sparte. Pour ce faire, il propose l’abolition de toutes les dettes et un nouveau partage des terres. L’autre dimension de son programme de réforme est de vouloir donner des terres aux Périèques [8])
Pour mener à bien ces réformes, Agis réussit à obtenir le soutien de deux personnes très influentes. L’une d’elles est son oncle Agésilas , un homme possédant de grandes propriétés, mais qui était profondément impliqué dans les mécanismes des créances, dont il espère être libéré avec les innovations d’Agis. L’autre allié de cette révolution pacifique, c’est Lysandre un descendant du vainqueur de la bataille d’Aigos Potamos [9] qui fut le dernier engagement majeur de la guerre du Péloponnèse [10].
Agis permet à Lysandre d’être élu parmi les éphores. Ce dernier expose ses intentions devant la gérousie [11]. Il défend le programme d’Agis dont l’abolition des dettes fait partie. Il propose que le territoire spartiate soit divisé en deux parties, la première se composant de 4 500 lots égaux, à diviser parmi les Spartiates eux-mêmes dont les rangs allaient grossir grâce à l’admission dans le corps civique des plus respectables des Périèques ; l’autre partie étant composée de 15 000 lots égaux à diviser parmi les Périèques restants. Les réformes paraissent répondre plus à des préoccupations militaires qu’à un éventuel idéal égalitaire, puisqu’on redistribue les terres principalement aux citoyens
L’éphore Lysandre présente le projet à la gérousie qui ne réussit pas à se mettre d’accord sur cette question des réformes. Ce qu’il faut entendre, c’est que les votes sont partagés, ce qui a comme conséquence qu’aucune majorité ne peut être dégagée. Par conséquent, Lysandre convoque une assemblée du peuple à laquelle Agis soumet ses mesures. Agis consent à faire le premier sacrifice, en renonçant à ses propres terres et à son argent. Dans la continuité, Agis affirme que sa famille qui possède beaucoup de richesses, ainsi que des relations et des soutiens politiques, suivra son exemple. Sa générosité entraîne les applaudissements de la foule. L’assemblée est favorablement impressionnée par la générosité du roi. Ce programme est chaleureusement accueilli par les classes les plus pauvres et par les jeunes générations. Cependant cette volonté de réforme pacifique est vigoureusement contestée par les tenant de l’oligarchie foncière.
Cependant le parti des oligarques, dirigé par Léonidas II, qui était l’autre monarque de la dynastie des Agiades [12], obtient de la gérousie le rejet des réformes, mais seulement par une voix d’avance. On sait que Léonidas II avait adopté des mœurs et des habitudes luxueuses valables lors de son passage à la cour des Séleucides [13]. Léonidas faisant obstacle à ses réformes, Agis IV décide de se débarrasser de cet opposant. Arguant d’une vieille loi interdisant de se marier avec une étrangère, Léonidas est par conséquent accusé d’avoir violé les lois en épousant une femme perse. On lui reproche aussi le fait d’avoir vécu dans un pays étranger. Léonidas est déchu et sa succession est assurée par son gendre Cléombrote III qui coopère avec Agis.
Cependant, peu de temps après, le mandat d’éphore de Lysandre arrive à son terme et les éphores de l’année suivante sont des opposants à Agis. Ils cherchent à restaurer le pouvoir de Léonidas. Ils lancent une accusation à l’encontre de Lysandre en affirmant que ce dernier a tenté de violer les lois de par son action. Alarmé par la tournure des événements, Lysandre convainc Agis de prendre une initiative sans précédent qui consiste à déposer les éphores par la force et à en nommer d’autres à la place. Pour ce faire, Lysandre invente la thèse de la prédominance des deux rois sur les éphores. Il s’agit d’un véritable coup d’État dont le caractère révolutionnaire est marqué par le fait qu’on arme de nombreux jeunes gens, mais contrairement à toute attente, on ne tue personne.
Léonidas s’enfuit à Tégée [14] tout en étant protégé d’Agis par Agésilas. Ce dernier réussit à persuader Agis et Lysandre que le moyen le plus efficace d’obtenir le consentement des riches à la redistribution de leurs terres serait de commencer par annuler les dettes. En conséquence, les dettes sont annulées et toutes les obligations, les registres et les titres sont entassés sur la place du marché et brûlés. Rétrospectivement l’abolition des dettes est le seul point du programme de réformes d’Agis qui a été appliquée.
Cependant l’anaplèrôsis [15], n’est pas réalisé. Selon Plutarque, le retard est imputable à l’éphore Agésilas, un grand propriétaire endetté qui avait intérêt à une abolition des dettes, mais non à un nouveau partage des terres. Les choses semblent être plus compliquées en réalité, parce que certains Spartiates ayant récupérés leurs terres hypothéquées ne souhaitent plus une redistribution des terres qui aurait tourné à leur désavantage.
Agésilas, étant parvenu à ses fins, c’est-à-dire à l’abolition des créances, trouve divers prétextes pour retarder le partage des terres. Pendant ce temps-là, les Achéens [16] assistent Sparte contre les Étoliens [17]. Agis est donc envoyé à la tête d’une armée. La tactique prudente de Aratos de Sycione ne laisse aucune occasion à Agis pour se distinguer au combat. Cependant Agis gagne une certaine réputation pour l’excellente discipline de ses troupes.
Le problème, c’est qu’en son absence, Agésilas provoque la colère des classes les plus pauvres par le report systématique de la division des terres. L’impopularité d’Agélisas et l’absence d’Agis qui mène une guerre loin de Sparte permettent aux adversaires de la réforme de rappeler Léonidas, qui, du coup, nomme de nouveaux éphores. Par conséquent, les pauvres ne font aucune résistance lorsque les ennemis d’Agis remettent ouvertement en place Léonidas II sur le trône. Agis fuit avec pour refuge le temple d’Athéna Khalkioïcos à Sparte.
En 241 av. jc, Agis est trahi par des amis lorsqu’il quitte le sanctuaire pour prendre un bain. Agis est jeté en prison. Léonidas vient immédiatement avec une bande de mercenaires et entoure la prison tandis que les éphores entrent et organisent un simulacre de procès. Lors de ce procès, Agis répond aux accusations en arguant du fait qu’il a cherché à suivre et imiter Lycurgue pour revenir à la constitution originelle de Sparte. Lorsqu’on lui demande s’il se repent pour ce qu’il a commis, Agis répond qu’il ne devait jamais se repentir d’un si grand dessein, même en face de la mort. Il est condamné et exécuté rapidement par strangulation, notamment parce que les éphores craignaient une opération de sauvetage, étant donné le fait qu’une foule importante de gens s’était rassemblée autour des portes de la prison.
L’échec d’Agis s’explique par des causes conjoncturelles. Son refus de la violence a permis à ses opposants de se réorganiser. Une application trop lente de la réforme n’a pas permis de créer de nouveaux citoyens qui auraient pu le soutenir. Enfin, les soutiens politiques sur lesquels reposent les réformes étaient insuffisants. En effet, la grande majorité des femmes qui détenaient des terres n’était guère sensible à l’idéal guerrier d’Agis. Enfin, il y avait quelque chose dans la réforme elle-même qui ne plaisait pas, notamment parce que l’accroissement du nombre de citoyens pose un problème pour les anciens citoyens qui ainsi devenaient minoritaires. Le conservatisme spartiate n’était pas prêt pour des réformes de cette envergure.
Le successeur d’Agis sur le trône fut son fils Eudamidas III.
Agis succède à son père à l’âge d’environ 20 ans. On sait que son règne a duré 4 années. L’intérêt de son règne provient de son action contre la crise intérieure que Sparte rencontre à l’époque de sa succession.