Il est avec son père, le seigneur de guerre Cao Cao, et son frère aîné, l’empereur Cao Pi, la figure de proue du style poétique antique dit Ji’an.
Il est passé maître dans les poèmes pentasyllabiques [1] et fut considéré comme le plus grand poète de son époque. Son œuvre la plus connue aujourd’hui est sans doute le fu d’amour intitulé “La Déesse de la rivière Luo”, qui fut repris de Song Yu .
Malgré des grandes ambitions politiques, Cao Zhi n’a pu rivaliser avec Cao Pi dans la lutte pour la succession, et fut écarté du pouvoir. Le personnage de Cao Zhi fut immortalisé dans le roman Les Trois Royaumes [2] et sa rivalité avec son frère a souvent constitué la trame d’opéras et de pièces de théâtre.
Il était amoureux de Zhen Ji, la première femme de son frère, à laquelle il dédie le poème “La Nymphe de la Rivière Luo”.
Cao Zhi était le 4ème fils de Cao Cao. Grâce à ses prodigieux talents littéraires, Cao Zhi était le préféré de son père. Il était en effet très précoce et avant l’âge adulte connaissait par cœur de nombreux traités et poèmes, représentant au total plusieurs centaines de milliers de lignes. Cao Cao emmène un jour ses fils au pavillon du Moineau de bronze nouvellement construit et leur demande d’écrire une ode. Cao Zhi rédige sur le champ un poème qui stupéfie son père et l’assistance.
Cao Cao fonde en lui de grands espoirs et le nomme seigneur de Pingyuan en 212, puis seigneur de Linzhi en 215. En 218, il augmente la taille de son fief à 10 000 foyers et lui laisse la garde de la ville de Ye [3] tandis qu’il part guerroyer contre Sun Quan. Cette décision laisse à tous l’impression que Cao Cao va faire de lui son héritier.
Malheureusement Cao Zhi mène une vie assez tumultueuse, s’adonne volontiers à la boisson et ses frasques excitent plus d’une fois la colère de son père. Un jour par exemple, complètement saoul il fait dévaler son chariot à travers la ville avant de sortir par la porte Sima, laquelle est exclusivement réservée aux militaires. Cao Cao, qui était plutôt du genre à montrer l’exemple à ses troupes par sa conduite, entre dans une colère noire et fait exécuter le conducteur et surveiller étroitement son fils. Puis peu après, Yang Xiu , un des amis intimes de Cao Zhi est également exécuté, achevant sa disgrâce.
En revanche, son frère aîné, Cao Pi, qui avait beau ne pas avoir ses capacités intellectuelles, se montre plus rusé, sait graisser les bonnes pattes et mener une vie sans excès. Il sait se trouver rapidement de solides appuis politiques et s’arranger pour qu’on parle de lui en bien à son père. Finalement ce fut Cao Pi qui fut nommé héritier.
Pourtant, Cao Cao n’avait pas encore perdu tout espoir de racheter Cao Zhi. Il le nomme en 219 général qui défait les adversaires et l’envoie à la rescousse de Cao Ren, alors encerclé par les troupes de Guan Yu. Malheureusement Cao Zhi est tellement saoul qu’il ne peut suivre aucun ordre, et Cao Cao est contraint de le rappeler à lui.
Cette même année, Cao Cao meurt et Cao Pi prend la succession de son père et destitue l’empereur Xiandi pour fonder la dynastie Wei [4]. La première action de Cao Pi fut d’asseoir son pouvoir, en envoyant ses frères dans leurs fiefs respectifs afin qu’ils ne s’investissent plus dans la politique de la cour et ne puissent contester son héritage. Il interdit toute communication entre eux et fait exécuter deux proches amis de Cao Zhi : Ding Yi et Ding Yi ainsi que leurs familles. Il fait également surveiller de près ses frères.
L’un des surveillants rapporta que Cao Zhi était un alcoolique arrogant qui menace les messagers de l’Empereur lorsque celui-ci s’est fait rudoyer. Or s’en prendre à un messager de l’empereur est un crime passible de la peine capitale. Cao Pi pensait punir sévèrement son frère mais renonce à cette idée sur l’intervention de sa mère. Il rétrograde néanmoins Zhi au titre de seigneur de Anxiang, puis peu après à celui de seigneur de Yincheng.
En 223 il retrouve à nouveau son statut de prince et reçoit un fief de 2 500 foyers. En 224, il reçoit le fief de Yongqiu et a l’autorisation d’aller présenter ses hommages à son frère à la capitale. Cependant Cao Zhang, son frère aîné, meurt pendant son séjour et il est renvoyé dans son fief après les funérailles avec son frère Cao Biao, le prince de Baima. Tout contact entre les deux était prohibé et c’est à cette occasion que Cao Zhi écrit son poème À Biao, prince de Baima qui est considéré comme l’un de ses plus grands chefs-d’œuvre en Chine dans lequel il raconte sa tristesse et sa frustration d’être séparé de ses frères.
Vers 226, Cao Pi rend visite à Cao Zhi à Yongqiu alors qu’il revient d’une campagne et ajoute 500 foyers à son fief. Cette même année, Cao Pi meurt et Cao Rui lui succède. Cao Zhi doit déménager à Junyi, puis l’année revenir à Yongqiu. Frustré de n’avoir pu jusqu’ici mettre ses talents à l’essai, il écrit un mémoire à l’empereur mais Cao Rui lui refuse le poste convoité.
En 229, il doit déménager à Dong’e. En 232, Cao Rui fait mander tous les seigneurs pour une audience et à l’issue de celle-ci confère à Cao Zhi le titre de prince de Chen et lui donne un fief qui englobe les quatre régions de Chen, soit 3 500 foyers au total. Cao Zhi avait essayé à plusieurs reprises d’avoir une audience privée avec l’empereur, son neveu, sans pouvoir y parvenir. Il revient sur ses terres, très déprimé et il meurt de maladie en 232. Conformément à ses instructions, ses funérailles furent modestes.