Igor de Kiev dit Igor 1er de Kiev (vers 878-945)
Prince de la Rus’ de Kiev-Grand-duc de Kiev de la dynastie des Riourikides de 914 à 945
Successeur d’ Oleg le Sage dont il serait le gendre par son mariage avec Olga de Kiev, il serait le fils de Riourik , mais même la Chronique des temps passés [1] émettait un doute à ce sujet.
En 882, Igor est placé comme prince de Kiev [2] par son beau-père Oleg le Sage. Celui-ci lui confie la régence de son royaume quand il doit aller guerroyer, et il ne fait nul doute qu’Igor sera son héritier. Lorsque ce dernier décède en 912, il prend effectivement les titres de prince de Novgorod [3] et de Kiev.
Igor reprend la politique d’Oleg, et il tente alors d’agrandir les limites de la Russie kiévienne. Il organise des expéditions guerrières contre les tribus de la mer Caspienne [4] où, chargé de butin après des pillages, il est vaincu par les Khazars [5].
Sous son règne, le problème petchenègue [6] apparaît sur la steppe russe en 915. Ces guerriers turcs à cheval prennent la steppe et adoptent aussi une politique de brigandage et de pillage contre leurs voisins. Néanmoins, s’assurant une paix avec eux en 945, Igor de Kiev reprend ses expéditions militaires.
Il décide de s’en prendre à Byzance [7], à l’instar d’Oleg, attiré par les richesses de cette cité. Mais la flotte russe est attendue par les navires grecs, ces derniers détenant une arme nouvelle et mystérieuse, le feu grégeois [8] ; les guerriers de la Rus sont repoussés.
Igor se retourne à nouveau contre les peuples de la Caspienne, puis revient vers Constantinople [9] ; l’Empereur, néanmoins désireux de conclure la paix, envoie une ambassade à sa rencontre sur le Danube [10]. La paix est signée. Bien que moins avantageux que celui de 911, ce traité conserve pour les kiéviens certains avantages commerciaux. En contrepartie, Kiev promet d’appuyer Byzance pour la défense de ses colonies en Crimée [11].
Dès 945, à peine terminée sa dernière campagne, Igor repart prélever tribut sur les Drevlianes [12] qui sont établis à Iskorosten [13]. Il en prélèvera un second, puis à outrance, un troisième.
Les Drevlianes irrités de cet abus, sortent en armes de leur cité et le tuent, lui et sa troupe.
Notes
[1] ou chronique de Nestor
[2] Le grand-prince de Kiev (parfois appelé grand-duc de Kiev) était le titre donné aux dirigeants de la ville de Kiev, dans la Rus’ de Kiev (Russie médiévale) entre le 9ème et le 13ème siècle.
[3] Novgorod, est une ville historique du nord-ouest de la Russie et la capitale administrative de l’oblast de Novgorod. Novgorod est arrosée par la rivière Volkhov et se trouve à 6 km au nord du lac Ilmen, à 491 km au nord-ouest de Moscou et à 167 km au sud-est de Saint-Pétersbourg.
[4] La mer Caspienne est une vaste étendue d’eau située en Asie occidentale, principalement alimentée par la Volga, issue de la fermeture d’une mer océanique ancienne, l’océan ou mer Paratéthys. Bien qu’il s’agisse, d’un point de vue strictement juridique, d’un lac, on la qualifie couramment de plus grande mer fermée du monde. Elle est bordée au nord et à l’est par les steppes de l’Asie centrale, à l’ouest et au sud par des chaînes issues de l’orogénèse himalayo-alpine : respectivement Caucase et Elbourz. Les pays riverains sont (dans le sens des aiguilles d’une montre) : le Kazakhstan au nord-est, le Turkménistan au sud-est, l’Iran au sud, l’Azerbaïdjan au sud-ouest, et la Russie au nord-ouest (avec le Daghestan, la Kalmoukie et l’oblast d’Astrakhan).
[5] Les Khazars étaient un peuple semi-nomade turc d’Asie centrale ; leur existence est attestée entre le 6ème et le 13ème siècle. Au 7ème siècle les Khazars s’établirent en Ciscaucasie aux abords de la mer Caspienne où ils fondèrent leur Khaganat ; une partie d’entre eux se convertirent alors au judaïsme qui devint religion d’État. À leur apogée, les Khazars, ainsi que leurs vassaux, contrôlaient un vaste territoire qui pourrait correspondre à ce que sont aujourd’hui le sud de la Russie, le Kazakhstan occidental, l’Ukraine orientale, la Crimée, l’est des Carpates, ainsi que plusieurs autres régions de Transcaucasie telles l’Azerbaïdjan et la Géorgie. Les Khazars remportèrent plusieurs séries de succès militaires sur les Sassanides. Ils luttèrent aussi victorieusement contre le Califat, établi en deçà de la Ciscaucasie, empêchant ainsi toute invasion arabo-islamique du sud de la Russie. Ils s’allièrent à l’Empire byzantin contre les Sassanides et la Rus’ de Kiev. Lorsque le Khaganat devint une des principales puissances régionales, les Byzantins rompirent leur alliance et se rallièrent aux Rus’ et Petchenègues contre les Khazars. Vers la fin du 10ème siècle, l’Empire Khazar s’éteignit progressivement et devint l’un des sujets de la Rus’ de Kiev. S’ensuivirent des déplacements de populations rythmées par les invasions successives des Rus’, des Coumans et probablement de la Horde d’Or mongole. Les Khazars disparurent alors de l’histoire n’étant plus mentionnés dans aucun récit historique.
[6] Les Petchénègues ou Petchenègues sont un peuple nomade d’origine turque qui apparaissent à la frontière sud-est de l’empire khazar au 8ème siècle. Ils s’installent au 10ème siècle au nord de la mer Caspienne. Selon la légende, ils constituent la tribu Peçenek des Oghouzes, issue de Dağ Han (« prince montagne »).
[7] Byzance est une ancienne cité grecque, capitale de la Thrace, située à l’entrée du Bosphore sous une partie de l’actuelle Istanbul. La cité a été reconstruite par Constantin 1er et, renommée Constantinople en 330, elle est devenue la capitale de l’Empire romain, puis de l’Empire romain d’Orient et enfin de l’Empire ottoman à partir de 1453 date de la prise de la ville par les Turcs. Elle fut rebaptisée Istanbul en 1930.
[8] Le feu grégeois est une arme incendiaire fonctionnant même en mer utilisée par l’Empire byzantin. Les Byzantins l’employèrent généralement lors des batailles navales avec des effets dévastateurs pour la marine adverse. Cela leur procura un avantage technologique qui leur permit de remporter plusieurs victoires décisives notamment lors des deux sièges de Constantinople par les Arabes ce qui permit d’assurer la survie de l’empire.
[9] Constantinople est l’appellation ancienne et historique de l’actuelle ville d’Istanbul en Turquie (du 11 mai 330 au 28 mars 1930). Son nom originel, Byzance, n’était plus en usage à l’époque de l’Empire, mais a été repris depuis le 16ème siècle par les historiens modernes.
[10] Le Danube est le deuxième fleuve d’Europe par sa longueur (après la Volga qui coule entièrement en Russie). Il prend sa source dans la Forêt-Noire en Allemagne lorsque deux cours d’eau, la Brigach et la Breg, se rencontrent à Donaueschingen où le fleuve prend le nom de Danube. La longueur du Danube dépend du point de départ considéré : 2 852 km pour la confluence de Donaueschingen mais 3 019 km à partir de la source de la Breg. Il coule vers l’est et baigne plusieurs capitales de l’Europe centrale, orientale et méridionale
[11] La Crimée est une péninsule située dans le Sud de l’Ukraine et à l’ouest du kraï de Krasnodar en Russie, qui s’avance dans la mer Noire. La péninsule de Crimée est réputée pour son climat pontique proche du climat méditerranéen, ses vignobles, ses vergers, ses sites archéologiques et ses lieux de villégiature. Correspondant à l’antique Tauride, la Crimée a fait partie, de l’Antiquité au 13ème siècle, du monde grec devenu romain puis byzantin, tout en étant ouverte au nord aux peuples des steppes (Cimmériens, Scythes, Goths, Mongols, turcophones…) pour rejoindre au 15ème siècle l’Empire ottoman et à la fin du 18ème siècle l’Empire russe.
[12] La tribu des Drevliens, ou Drevlianes, est un peuple slave oriental, voisin de Kiev, qui a existé entre le 6ème et le 10ème siècle.
[13] Korosten est une ville de l’oblast de Jytomyr, en Ukraine, et le centre administratif du raïon de Korosten. La fondation de la ville remonte au début du 8ème siècle. Elle est entourée d’une enceinte en bois et s’appelle alors Iskorosten, qui signifie littéralement « ville de murs en écorce ». Elle est mentionnée pour la première fois en 914 comme la capitale de la tribu slave des Drevliens. Après le refus des Drevliens de payer un tribut supplémentaire au prince Igor de Kiev, ils capturent ce dernier et le tuent de manière cruelle. Sa veuve Olga se venge des Drevliens et fait incendier Iskorosten en 945. La ville et les terres environnantes font ensuite partie de la Rus’ de Kiev. En 1240, Iskorosten est détruite par les Mongols. Elle est prise en 1370 par le Grand-duché de Lituanie.