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L’histoire pour le plaisir

Abû Ya’qûb Yûsuf

dimanche 11 décembre 2022, par lucien jallamion (Date de rédaction antérieure : 14 mars 2012).

Abû Ya’qûb Yûsuf (mort vers 1184)

Deuxième calife Almohade

"Péninsule ibérique en 1195"Il régna à Marrakech [1]. Renforcé et succéda à son père Abd al-Mu’min à la tête des almohades [2]. Il fut d’abord reconnu comme souverain à Séville [3] en 1163 puis à Marrakech.

Il se plaît plus à Séville, la capitale des plaisirs, qu’à Cordoue [4], la métropole intellectuelle. Pourtant, il ne dédaigne pas la culture.

Il reprend la guerre contre les chrétiens d’Andalousie [5], menée par Muhammad ibn Mardanis . Ce denier est tué par trahison au cours du siège de Murcie [6] en 1172, ses fils se mettant au service du vainqueur. Il étendit son domaine sur l’ouest de l’Andalousie. Mais à peine avait-il fini de stabiliser l’Andalousie qu’à Gafsa [7], une révolte se déclare contre les abus du pouvoir Almohade en 1180.

Il fait construire la mosquée de Séville dont le minaret reconverti plus tard en clocher de cathédrale se nomme la Giralda [8]. Il fit frapper un nouveau dinar à son effigie. Il fit aussi commencer les travaux de l’immense mosquée al-Hasan de Rabat [9]. Il fut mortellement blessé au combat contre la ville de Santarém [10] au Portugal en 1184.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Charles-André Julien, Histoire de l’Afrique du Nord, des origines à 1830, édition originale 1931, réédition Payot, Paris, 1994

Notes

[1] Marrakech est une ville située dans le centre du Maroc au pied des montagnes de l’Atlas. Marrakech est surnommée « la ville rouge » 1ou la « ville ocre » en référence à la couleur rouge d’une grande partie de ses immeubles et ses maisons. Marrakech fut la capitale du Maroc pendant près de 350 ans, sous les dynasties Almoravide, Almohade, Saâdienne, ainsi que sous le règne de Mohammed ben Abdallah de l’actuelle dynastie alaouite (régnant de 1757 à 1790).

[2] Les Almohades sont un mouvement religieux berbère qui se structure en empire et qui gouverne le Maghreb et Al-Andalus entre le milieu du 12ème et le 13ème siècle. Face à la domination almoravide sur le Maroc et Al-Andalus, les Masmoudas du Haut-Atlas marocain, apparentés aux Chleuhs du Maroc moderne, forment le mouvement almohade au début du 12ème siècle sous la conduite d’Ibn Toumert. Ce mouvement s’appuie sur la doctrine religieuse d’Ibn Toumert. Ce dernier est originaire de la région du Souss et voyage pour parfaire sa formation et sa doctrine à Cordoue, en Orient et à Béjaïa. Ibn Toumert fonde ensuite l’État almohade dans le Haut Atlas. Pourchassé par les autorités almoravides, ce dernier prône alors une réforme morale puritaine et se soulève contre les Almoravides au pouvoir à partir de son fief de Tinmel. En s’inspirant de Mahomet, il organise un État qu’il adapte remarquablement aux structures de la société berbère. À la suite du décès d’Ibn Toumert vers 1130, Abd al-Mumin désigné comme successeur (en arabe calife) par Ibn Toumert avant sa mort prend la relève et instaure un pouvoir héréditaire. Le nouveau calife consolidera sa position dans l’armée et l’organisation almohade en s’appuyant sur sa tribu, les Koumya zénètes de la région de Nedroma, et sur les Arabes hilaliens qu’il intégra dans l’armée régulière. Sous son règne, les Almohades renversent les Almoravides en 1147, puis conquièrent le Maghreb central hammadide, l’Ifriqiya (alors morcelée depuis la chute des Zirides) et les Taïfas. Ainsi, le Maghreb et l’Al-Andalus sont entièrement sous domination almohade à partir de 1172.

[3] Séville est une ville du Sud de l’Espagne, capitale de la province de Séville et de la communauté autonome d’Andalousie. La ville occupe le cœur de l’activité politique d’Al-Andalus avant que la capitale ne se fixe définitivement à Cordoue. Les premiers temps de l’Islam à Séville sont bénéfiques. La ville retrouve assez rapidement sa prospérité passée par la mise en valeur des campagnes alentour et le retour en grâce des Juifs, persécutés par les Wisigoths. L’arrivée à Cordoue d’Abd al-Rahman 1er, qui fonde l’émirat omeyyade en 756, marque le début d’une longue période de révoltes vis-à-vis du pouvoir central. Les entreprises successives de rébellion seront à chaque fois étouffées par les troupes émirales, de manière plus ou moins violente.

[4] Cordoue est une ville située dans le sud de l’Espagne, en Andalousie. Cordoue est la capitale de la province homonyme. La ville est située sur le Guadalquivir. Les musulmans conquirent la ville en 711. Elle devient alors le principal centre administratif et politique de l’Espagne musulmane (al-Andalus). À partir de 756, elle est la capitale de l’émirat de Cordoue, fondé par le prince omeyyade Abd al-Rahman 1er.

[5] L’Andalousie est une région située dans le sud de l’Espagne. Elle constitue l’une des dix-neuf communautés autonomes du pays. Dans l’Antiquité, l’Andalousie est peuplée par les Ibères, les Phéniciens (venus de l’actuel Liban), les Carthaginois (anciens habitants de l’actuelle Tunisie) et les Tartessiens. L’Andalousie reçoit des colonies grecques et des comptoirs phéniciens. Elle est ensuite sous l’obédience des Carthaginois, des Ibères, puis des Romains. Dans ce territoire se sont également établis les Vandales et Wisigoths, puis les Arabes et les Berbères.

[6] La région de Murcie est une communauté autonome mono provinciale du sud-est de l’Espagne. Sa capitale est la ville de Murcie mais le siège de l’Assemblée Régionale est à Cartagène. Le royaume de Murcie devint indépendant après l’effondrement du califat de Cordoue. C’était une taïfa qui avait pour centre la ville de Murcie. La taïfa maure de Murcie incluait Albacete et une partie de la région d’Almería. Après la bataille de Sagrajas, en 1086, la dynastie almoravide reprit le contrôle des taïfas et réunifia l’Espagne musulmane. Ferdinand III de Castille obtint la soumission du roi maure de Murcie en 1243 ; comme dans le reste du pays, les musulmans furent expulsés des villes. Le successeur de Ferdinand III, Alphonse X, afin de rendre plus facile l’administration de la région, la divisa en trois parties, gouvernées par des consejos de realengro, des señores seculares, qui se voyaient ainsi remerciés de leur contribution à la Reconquista, et des ordres militaires comme celui de Calatrava. Alphonse X annexa définitivement le royaume de Murcie et la seigneurie de Cartagène en 1266 ; le royaume resta juridiquement un vassal du royaume d’Espagne jusqu’aux réformes prévues par la constitution libérale de 1812

[7] Gafsa est une ville du sud de la Tunisie et le chef-lieu du gouvernorat du même nom. Elle est située dans une trouée au milieu d’un alignement montagneux, appelé « monts de Gafsa », entre le Djebel Bou Ramli et le Djebel Orbata qui culmine à 1 165 mètres. De par son emplacement, elle joue un rôle de carrefour sur les axes routiers reliant Tunis à Nefta et le nord de l’Algérie à la Libye.

[8] girouette

[9] La tour Hassan est une tour emblématique de Rabat, capitale du Maroc, constituant le minaret d’une mosquée du 12ème siècle inachevée

[10] Santarém est une ville portugaise occupant une colline sur la rive droite du Tage, dans la région du Ribatejo et sous-région de la Lisière du Tage. Elle est distante de 82 km de Lisbonne. Appelée à l’origine Scalabis par les Romains, puis Shantarin lors de la période musulmane, elle devint une importante cité-forteresse durant les guerres entre les Maures et les Chrétiens et fut finalement conquise par les Portugais en 1147.