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Eustache II dit Eustache aux Gernons

mardi 23 février 2021, par lucien jallamion (Date de rédaction antérieure : 8 mars 2012).

Eustache II dit Eustache aux Gernons (mort vers 1087)

Comte de Boulogne de 1049 à 1087-Comte de Lens à partir de 1054 à sa mort

Eustache de Boulogne, représenté sur la tapisserie de Bayeux, et reconnaissable par ses moustaches. Son nom (EUSTATIVS), écrit au-dessus, et n'apparaît que partiellement à cause d'une déchirure de la tapisserieFils aîné d’ Eustache 1er , comte de Boulogne [1] et de Lens [2], et de Mathilde de Louvain, fille du comte Lambert 1er de Louvain.

Il épouse, vers 1036, Godgifu , la fille du roi d’Angleterre Ethelred le Malavisé, sœur du roi régnant d’Angleterre Édouard le Confesseur, et veuve du comte Dreux de Vexin . Le mariage a pour but de sceller une alliance avec le roi d’Angleterre, et d’autre part avec les fils de sa femme, Ralph de Hereford , comte d’Hereford [3], et Gautier III, comte de Vexin [4] et d’Amiens [5]. Il acquiert à cette occasion des fiefs anglais

Il avait ainsi des alliés puissants pour éviter l’annexion de son comté par le duc de Normandie ou le comte de Flandre. Boulogne prend alors de l’importance et la ville prospère grâce au commerce entre la France et l’Angleterre.

Comme son père avant lui, il poursuit son alliance avec la noblesse de la Basse Lotharingie [6]. Ceci l’amène à participer à leurs côtés à la rébellion du duc Godefroy II de Basse Lotharingie contre Henri III du Saint Empire, entre 1047 et 1049, qui a pour but de réunir la Haute et la Basse Lotharingie. Cette révolte fut un échec. Veuf de Godgifu en 1047, il se remarie rapidement avec Ide de Verdun ou Ide de Boulogne , afin de renforcer son alliance avec son père Godefroy II, duc de Basse Lotharingie. Mais Henri III use de son influence pour le faire excommunier par le pape Léon IX pour avoir épousé une parente.

En 1051, alors qu’il est en visite à Douvres [7] en Angleterre, une violente dispute l’oppose aux citoyens de la ville. Le comte Godwin de Wessex refuse de punir les coupables comme le demande le roi. En conséquence, Godwin et ses fils sont exilés du royaume en septembre 1051. En 1052, Godwin débarque en Angleterre avec une importante force flamande, et force le roi à lui rendre ses terres.

En 1053, il est l’un des nombreux soutiens du comte Guillaume d’Arques dans sa révolte contre le duc de Normandie Guillaume le Bâtard. L’échec du mouvement mène à un gel temporaire des relations avec la Flandre [8], nouvellement alliée à la Normandie.

En 1066, pour la première fois dans l’histoire familiale, il s’allie avec les Normands et accompagne Guillaume le Conquérant lors de l’invasion de l’Angleterre. Il combat à la bataille de Hastings [9] où il est son porte-étendard. Il est récompensé par de nombreux fiefs dans le royaume conquis.

En 1067, pour des raisons obscures, il essaie, avec l’aide des citoyens, de s’emparer du château de Douvres [10]. Devant l’échec de sa tentative, il doit s’enfuir, et perd toutes ses possessions anglaises. Toutefois, il se réconcilie avec le duc, et en 1171, s’allie avec lui pour combattre Robert le Frison qui s’est emparé du comté de Flandre au dépens de son jeune neveu Arnoul III.

Après la mort d’Arnoul en février 1071, Robert s’empare définitivement de la Flandre. Malgré cet échec, le Conquérant et Eustache restent alliés, et ce dernier retrouve tous ses fiefs anglais.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Roman d’Amat, « Eustache, comtes de Boulogne » dans Dictionnaire de biographie française, vol. 13, Paris, 1975

Notes

[1] Le comté de Boulogne est issu d’un pagus franc. Dès le 9ème siècle, ce comté se trouve sous la suzeraineté du marquisat de Flandre. Philippe Auguste le confisquera en 1212 pour le donner en apanage à son fils. Le comté suivra ensuite les destinées de l’Artois et sera finalement annexé au domaine royal au xve siècle

[2] La tradition rapporte qu’au début du 13ème siècle, Gautier et Eustache, co-châtelains de Mons, fondèrent un hôpital tenu par les frères Trinitaires. Le rayonnement de cette institution incita Jean, châtelain de Mons et seigneur de la terre de Lens, à la doter de revenus fixes : c’est ainsi qu’en 1245 il établit le couvent des Trinitaires de Lens, dont le missionnaire Chrétien Le Clercq sera le père supérieur quelques siècles plus tard.

[3] Le Herefordshire est un ancien comté anglais devenu autorité unitaire depuis 1998. Le comté d’Herefordshire avait fusionné avec celui du Worcestershire pour former l’éphémère comté de Hereford and Worcester (1974-1998). Le comté est entouré par le Shropshire au nord, le Worcestershire à l’est, le Gloucestershire au sud et le Pays de Galles à l’ouest. Le nom du comté vient de sa ville principale et capitale, Hereford

[4] Avant 741 : à la division du royaume des Francs en comtés par Charles Martel, l’un des premiers comtes du Vexin fut Witram, un de ses antrustions, il administra aussi les régions du Pincerais et la Madrie. Le comté du Vexin érigé vers 750 dépendait du diocèse de Rouen. Le Vexin français était sous l’influence de Paris, plus proche et de l’abbaye de Saint-Denis qui y possédait de nombreuses terres. Afin de mettre fin aux raids dévastateurs des Vikings depuis 840, le roi de France Charles III le Simple a traité avec les Vikings et concédé le 11 juillet 911 au chef normand Rollon, par le traité de Saint-Clair-sur-Epte, tout le territoire situé entre l’Epte au nord, et l’Avre au sud, et la mer, territoire qui devint le duché de Normandie. Le Vexin est alors partagé en deux : le Vexin normand à l’ouest qui deviendra partie intégrante du duché de Normandie, et le Vexin français à l’est, possession du roi de France. Cette partition engendrera plusieurs siècles de conflits entre les deux voisins, surtout lorsque le duc de Normandie devint roi d’Angleterre en 1066, et que les ambitions des deux souverains ne cessèrent de grandir. Néanmoins le comté du Vexin n’était pas alors sous le contrôle réel du roi de France, mais sous celui d’un grand féodal, Raoul de Gouy, également possesseur des comtés d’Amiens et du Valois. En 1063, Gauthier III de Gouy meurt empoisonné, prisonnier de Guillaume le Bâtard. Son cousin Raoul IV de Vexin lui succède, et son unique fils Simon de Vexin entre au monastère en 1077. Le roi de France Philippe 1er en profite pour annexer le Vexin français au domaine royal.

[5] Les comtes d’Amiens dominaient l’Amiénois. Le comté d’Amiens exista de la fin du 9ème siècle à 1185, date à laquelle, il fut rétrocédé au roi Philippe Auguste par Adélaïde de Vermandois

[6] Le duché de Basse Lotharingie est la partie nord de la Lotharingie. Avec le temps, il sera appelé duché de Lothier. Ce duché est créé en 959, en même temps que la Haute Lotharingie, de la division du duché de Lotharingie. C’est Brunon de Cologne qui procède au partage et donne la Basse Lotharingie au vice duc Godefroy. La Basse Lotharingie telle qu’elle a été instaurée à cette époque n’empiétait pas au sud sur les territoires du diocèse de Trèves. L’ancienne Frise y était encore comprise. La Basse Lotharingie s’étendait donc de l’Escaut à l’Ems et de la mer du Nord jusqu’à l’extrémité méridionale de la province de Cologne.

[7] Douvres est une ville côtière et portuaire du comté du Kent, dans le Sud-est de l’Angleterre. Elle est située au bord de la Manche, à 35 km des côtes françaises et du cap Gris-Nez. C’est donc la ville du Royaume-Uni la plus proche de la France.

[8] Le comté de Flandre a été un pagus carolingien, puis l’une des principautés du royaume de France, particulièrement impliquée dans les conflits franco-anglais, aux frontières et à l’influence durement disputées depuis sa création au 9ème siècle jusqu’en 1384, date de la mort du comte Louis de Male. Le comté, possédé par la Maison de Flandre de 863 jusqu’à la mort de la dernière comtesse, Marguerite de Constantinople, en 1280, puis par la Maison de Dampierre-Flandre, puis devenu l’une des possessions de la Maison capétienne de Bourgogne en 1385, devint alors l’un des principaux centres des États bourguignons. Après la Guerre de succession de Bourgogne il fut ensuite progressivement intégré aux Pays-Bas bourguignons et fut finalement détaché du royaume de France par le Traité de Madrid en 1526 en faveur des Habsbourg d’Espagne. Louis XIV en reconquit une partie sur les Espagnols. Le comté cessa d’exister en 1795 après la conquête des Pays-Bas autrichiens par les Français. Le territoire de ce comté correspond approximativement aux provinces belges actuelles de Flandre-Occidentale et de Flandre-Orientale, à l’ouest de la province de Hainaut (arrondissements de Tournai et Mouscron), plus la partie de la province d’Anvers située à l’ouest de l’Escaut, la Flandre zélandaise et la région historique de Flandre française (région de Lille, Dunkerque, Hazebrouck, Douai,…).

[9] La bataille d’Hastings s’est déroulée le 14 octobre 1066 à une dizaine de kilomètres au nord de la ville d’Hastings, dans le Sussex de l’Est. Elle oppose le dernier roi anglo-saxon d’Angleterre, Harold Godwinson, au duc Guillaume de Normandie, et se solde par une victoire décisive de ce dernier.

[10] Le château de Douvres est situé sur une colline dominant la Manche, au nord-est du port de Douvres, comté de Kent en Angleterre. Ce château possède un grand avantage : c’est le point d’Angleterre le plus proche du continent européen. La place était sans doute fortifiée depuis l’âge du fer, bien avant la conquête romaine. Les Romains érigèrent un phare qui se dresse toujours dans l’enceinte du château, et les Saxons une église. Guillaume le Conquérant a étendu des fortifications existantes à cet endroit en 1066, mais c’est Henri II qui en a fait le château actuel en y ajoutant, en 1180, le donjon entouré d’un mur d’enceinte. À travers les siècles, les défenses ont toujours été élargies et améliorées car le château a tenu un important rôle militaire. Un labyrinthe de tunnels et des chambres secrètes furent aménagés sous le château pour mieux en assurer sa défense.