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Moutemouia

samedi 21 octobre 2023, par lucien jallamion

Moutemouia

Reine de la XVIIIe dynastie

Elle est une des épouses du roi Thoutmôsis IV et lui donne plusieurs enfants dont un fils, qui allait devenir son successeur,Amenhotep III.

On ne connaît donc rien de certain concernant les origines de cette reine. Beaucoup de spécialistes avancent que Moutemouia assuma la régence d’Amenhotep III lorsqu’il monta sur le trône à l’âge de 10/12 ans. Il faut toutefois souligner que là aussi jusqu’à aujourd’hui aucune preuve tangible d’une telle régence n’existe. Tout au plus peut-on voir dans son action l’assistance d’une mère à son jeune fils, alors qu’il vient de monter sur le trône d’Horus.

On possède un certain nombre de représentations de la reine. Toutes remontent au règne de son fils Amenhotep qui une fois couronné s’attacha tout particulièrement à mettre en exergue le rôle de sa mère.

Il l’a fait notamment représenter dans le temple de Louxor [1], dans des scènes décrivant sa naissance divine. On y voit notamment une scène de théogamie [2] où la reine est visitée par le dieu Amon qui s’unit à elle, puis dans la scène suivante la reine enceinte est conduite par des déesses vers le lieu de son accouchement où assistée par d’autres divinités elle donne naissance à Amenhotep ainsi qu’à son ka qui sont affermis par le dieu Khnoum avant d’être présentés à Amon, consacrant ainsi la destinée extraordinaire du fils de la reine.

Une statue, découverte dans le temple de Mout à Karnak [3] et conservée maintenant au British Museum, pourrait être un témoin de cette consécration. Il s’agit d’un véritable rébus en trois dimensions.

Tout comme sa belle-fille, la reine Tiyi, Moutemouia apparaît sur les colosses de Memnon [4] érigés par Amenhotep III. La reine y apparaît en ronde-bosse, à la droite de son royal fils sur chacun des colosses le représentant. Ces groupes statuaires encadraient autrefois l’entrée monumentale du temple des millions d’années d’Amenhotep.

En revanche et curieusement on n’a pas encore retrouvé de représentation de Moutemouia dans le nord du pays. Il est pourtant certain qu’elle y demeura en compagnie de son époux et de son fils. Il faut probablement y voir davantage le résultat de l’état de ruine des sites de la Basse Égypte [5], plutôt qu’un acte volontaire

S’il est certain qu’elle porta de nombreux titres, dont celui de grande épouse royale, ce ne fut qu’à la mort de Thoutmôsis IV qu’elle accéda à une place éminente en tant que mère du souverain régnant. Auparavant, sous le règne de Thoutmôsis, le titre de grande épouse royale avait été porté par deux autres de ses épouses, Néfertari et Iaret .

On ignore la date de sa mort, mais elle dut survivre longuement durant le règne de son fils, comme en atteste sa présence sur les colosses de Memnon. Elle fut certainement enterrée à Thèbes [6].

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Christian Leblanc, Reines du Nil au Nouvel Empire, La Bibliothèque des Introuvables, 2009

Notes

[1] Le temple d’Amon à Louxor ou Opet du sud est un temple égyptien voué au culte d’Amon. Situé au cœur de l’ancienne Thèbes, il fut construit pour l’essentiel sous les XVIIIème et XIXème dynasties. Il était consacré au dieu dynastique Amon sous ses deux aspects d’Amon-Rê céleste et d’Amon-Min (divinité ithyphallique). Les parties les plus anciennes actuellement visibles remontent à Amenhotep III et à Ramsès II. Par la suite, de nouveaux éléments furent ajoutés par Chabaka, Nectanébo 1er et les Lagides. À l’époque romaine, le temple fut partiellement transformé en camp militaire.

[2] Dans la mythologie égyptienne, la théogamie est le principe qui permet au dieu de prendre la place physique du pharaon afin de pouvoir s’unir avec la reine et concevoir ainsi le futur héritier du trône. Cette rencontre entre le monde des dieux et celui des hommes exprime la double nature de pharaon : dieu vivant sur terre. Ce principe fut utilisé à l’origine pour justifier ou légitimer une accession au trône. La théogamie devint ensuite une formule polico-religieuse que certains souverains des XVIIIème et XIXème dynasties adoptèrent pour leur propre légitimité, par l’intermédiaire de la filiation divine, pour affermir leur pouvoir.

[3] Le complexe religieux de Karnak abusivement appelé temple de Karnak ou tout simplement Karnak comprend un vaste ensemble de ruines de temples, chapelles, pylônes, et d’autres bâtiments situés au nord de Thèbes, aujourd’hui la ville de Louxor, en Égypte, sur la rive droite du Nil. Le complexe de Karnak, reconstruit et développé pendant plus de 2 000 ans par les pharaons successifs, de Sésostris 1er au Moyen Empire à l’époque ptolémaïque, s’étend sur plus de deux km², et est composé de trois enceintes. Il est le plus grand complexe religieux de toute l’Antiquité. Temple le plus important de la XVIIIème dynastie, il était consacré à la triade thébaine avec à sa tête le dieu Amon-Rê. Le complexe était relié au temple de Louxor par une allée de sphinx de près de trois kilomètres de long.

[4] Les colosses de Memnon sont deux sculptures de pierre monumentales situées sur la rive occidentale de Thèbes, sur la route qui mène à la nécropole thébaine. Elles sont les derniers vestiges du gigantesque temple des millions d’années d’Amenhotep III, construit durant la XVIIIème dynastie, qui n’existe plus de nos jours. Ils sont situés au lieu-dit Kôm el-Hettan.

[5] L’Égypte se définit essentiellement par rapport au Nil. La Basse Égypte est donc « basse » par référence au sens de l’écoulement du fleuve (du sud, plus haut, vers le nord, en aval) et donc à son altitude. Son relief est également peu accusé. C’est la partie la plus au nord de l’Égypte, depuis la Méditerranée, avec le delta du Nil, jusqu’à la région du Fayoum avec Le Caire.

[6] Thèbes (aujourd’hui Louxor) est le nom grec de la ville d’Égypte antique Ouaset (« Le sceptre » ou « La Puissante »), appartenant au quatrième nome de Haute Égypte. D’abord obscure capitale de province, elle prend une importance nationale à partir de la XIème dynastie. Elle est en effet la ville d’origine des dynastes de la famille des Antef, qui fondent la XIème dynastie avec Montouhotep 1er et Montouhotep II, liquidateurs de la Première Période Intermédiaire et rassembleurs des Deux Terres, c’est-à-dire de la Haute Égypte et de la Basse Égypte.